Malgré son interdiction, l'utilisation de filets dérivants pour la capture de certains poissons continue de faire des ravages, a déploré, hier, Hocine Bellout, président du Comité national des marins-pêcheurs (UGCAA), lors d'une conférence de presse. Younès Djama - Alger (Le Soir) - D'après la législation européenne, les filets dérivants sont des filets de pêche «qui peuvent dériver et être utilisés à proximité ou au niveau de la surface de la mer pour cibler les espèces de poissons évoluant dans la partie supérieure de la colonne d'eau». Depuis 2002, tous les filets dérivants sont interdits dans les eaux de l'Union européenne (UE) lorsqu'ils sont destinés à la capture de grands migrateurs tels que le thon et l'espadon. Officiellement, cette pratique a été bannie en Méditerranée depuis 2003. Néanmoins, dans les pays d'Afrique du Nord, comme l'Algérie et le Maroc, ces filets maillants dérivants continuent à fonctionner au mépris de la législation avec principale cible l'espadon. «Les filets interdits à l'échelle internationale comme les filets dérivants, les filets invisibles ou à cordes continuent d'être utilisés par des marins-pêcheurs sans vergogne», dénonce Bellout qui déplore par la même occasion l'usage des explosifs et le non-respect des périodes de repos biologique. A cause de ces pratiques, ajoute-t-il, une dizaine d'espèces de poissons sont «en voie de disparition» en Méditerranée comme la sardine. «Comment se fait-il que les explosifs entrent aussi facilement à l'intérieur des ports de pêche si ce n'est qu'il y a des complicités ?», accuse le représentant des marins-pêcheurs qui parle de phénomène de «destruction massive» à cause de l'usage de la dynamite pour la pêche. Par ailleurs, le représentant des marins-pêcheurs regrette la «grande anarchie» qui règne dans le secteur de la pêche et l'absence de réaction, par ailleurs fortement dénoncée par les pêcheurs, des services concernés. Hocine Bellout met en avant aussi l'absence de sécurité au niveau des ports de pêche. «Nous avons besoin de médecins et d'ambulances ainsi que de l'éclairage, outre le fait que nous évoluons dans un climat d'insécurité», a-t-il encore déclaré. Le représentant des marins-pêcheurs réitère sa détermination à combattre les pilleurs de corail «malgré les menaces dont je fais l'objet», en soulignant que depuis l'année 2000, environ 50 tonnes de corail ont été illégalement introduites en Tunisie, puis l'Europe, pour atterrir aux Etats-Unis où le corail sous des formes transformées est utilisé dans l'industrie aéronautique. Face à tous ces problèmes recensés, Hocine Bellout réitère l'appel de son organisation professionnelle en vue de relancer le vieux projet de création d'une police de la pêche, en projet depuis 2008 soit du temps de l'ancien ministre Smaïl Mimoune. En 2011, Abdallah Khanafou, alors ministre de la Pêche et des Ressources halieutiques, avait tenté de relancer le projet en déclarant qu'une «police de la pêche» allait bientôt voir le jour et ce, pour contrôler la commercialisation des produits de la mer. Depuis, le projet n'a toujours pas vu le jour.