Sur 4 600 unités de pêche que compte l'Algérie, 2 000 ne répondent pas aux normes. Les marins-pêcheurs tirent la sonnette d'alarme sur une ressource menacée de disparition en raison d'un manque de moyens. Salima Akkouche – Alger (Le Soir) La production nationale de poisson ne dépasse pas les 200 000 tonnes par an contre un besoin de consommation estimé à plus de 300 000 tonnes annuellement. El Hadj Tahar Boulenouar, porte-parole de l'Union générale des commerçants et artisans algériens (UGCAA) qui s'exprimait hier, lors d'une conférence de presse sur la filière, a indiqué que la Tunisie produit entre 500 000 à 600 000 tonnes annuellement et le Maroc produit un million de tonnes par an. Alors que l'Algérie possède 4 600 unités de pêche, la Tunisie et le Maroc possèdent respectivement entre 14 000 et 11 000 unités. Le pêcheur, Boualem Mahdad, a expliqué que la ressource halieutique n'est pas développée en Algérie. Le problème ne date pas d'aujourd'hui puisque rappelle-t-il, l'Algérie importait déjà le poisson du Maroc depuis les années 1920. «L'Algérie n'avait pas de culture de la pêche contrairement aux Marocains et Tunisiens», a souligné M. Mahdad. Il a indiqué qu'après l'indépendance, les anciens moudjahidine se sont accaparés du secteur, sans expérience aucune. Selon le pêcheur, la filière nage dans de gros problèmes qui se répercutent sur la production. Selon l'intervenant, sur les 4 600 embarcations utilisées par les pêcheurs, 2000 ne répondent pas aux normes de sécurité. Conséquence : les marins ne sortent en mer que lorsque c'est possible. La mer Méditerranée, poursuit-il, est une mer violente et le marin-pêcheur a besoin de chalutiers solides pour pouvoir travailler. Or, souligne-t-il, en Algérie, on construit des embarcations de 10 mètres qui accueillent à bord une dizaine de personnes. «C'est la mort certaine», estime le pêcheur qui a aussi soulevé le problème de la pollution. «Il y a un grand risque dans les années à venir sur la disparition du poisson et de la sardine en raison des constructions qui profilèrent aux abords de la côte», a expliqué le conférencier, qui a souligné que les détergents jetés à la mer représentent un grand danger pour la ressource. Le pêcheur pointe du doigt également l'absence de formation pratique. «Sur les 70 000 pêcheurs exerçant sur le territoire national plus de 40 000 n'ont pas d'expérience» a indiqué l'intervenant, qui a souligné que la pêche illicite est aussi un facteur qui impacte, sur l'insuffisance de la production halieutique et les prix. Les pêcheurs interpellent les pouvoirs publics pour leur accorder des aides financières pour pouvoir se développer. S. A. L'Algérie a épuisé son quota de thon En renforçant sa flotte qui est passée de quatre à huit thoniers, l'Algérie a épuisé son quota de pêche au thon qui est de 243 tonnes avant même l'expiration des délais. Mehdi Mehenni – Alger (Le Soir) - La campagne de pêche au thon 2014, et pour laquelle l'Algérie a eu droit à 243 tonnes s'est achevée le 14 juin 2014, soit deux semaines avant l'expiration des délais, selon Yasmine Khazem, responsable de la communication au niveau du ministère de la Pêche et des Ressources halieutiques. Entamée le 26 mai, cette campagne qui a un délai d'un mois, s'est vue dotée de quatre thoniers supplémentaires par rapport à l'année précédente (huit navires), avec des armateurs 100% algériens. Reste le personnel naviguant à majorité algérienne mais qui a été renforcé par des marins tunisiens et italiens pour des considérations techniques et de maîtrise de cette pêche complexe et spécifique. Selon toujours la même source, un cycle de formation a été lancé vingt jours avant le lancement de la campagne, au profit du personnel naviguant, contrôleurs, inspecteurs et armateurs, pour répondre aux normes requises pour cette pêche et se mettre à niveau. «Notre objectif depuis l'arrivée du ministre de la Pêche Sid Ahmed Ferroukhi, c'est de faire de la pêche au thon, une pêche ordinaire au même titre que la pêche à la sardine ou autre...», souligne Yasmine Khazem. Pour rappel, l'Algérie a pour coutume de sous-traiter ses quotas de pêche au thon à des armateurs étrangers, entre autres les Turcs.