La Cop21 qui se tient à Paris ne pouvait pas mieux tomber. C'est officiel : à un mois de son terme et quelles que soient les températures du mois de décembre, l'année 2015 sera la plus chaude jamais enregistrée depuis que l'on a commencé à prendre les relevés météo ! Les signes ne sont pas trompeurs, la calotte du pôle Nord s'est considérablement réduite et les banquises perdent du poids quand elles ne disparaissent pas tout simplement, se fondant dans la mer qui voit son volume augmenter avec tous les dangers que l'on sait pour les populations riveraines... Les météorologues sont désorientés. Ils font appel aux climatologues pour nous expliquer un phénomène qui doit être sérieusement étudié, et pas seulement «traduit» au jour le jour à partir des cartes satellites. Il y a un dérèglement sérieux, c'est sûr ! Ce ne sont pas les habituelles surprises du week-end, ni les petites perturbations que l'on accueille avec le sourire : il y a un problème assez grave et il nous faut plus qu'un bulletin météo pour en saisir toute la complexité. Les années les plus chaudes depuis 1850 En effet, si le météorologue interroge le ciel pour nous dire s'il va faire beau ou mauvais le lendemain, il est incapable de nous donner des explications satisfaisantes sur le long cours. Bien sûr, nos météorologues ont tendance à nous rassurer. C'est l'anticyclone des Açores... Oui, pas de doute. Cet anticyclone est devenu aussi populaire que n'importe quelle marque de lessive. Ou alors, l'air glacial provenant du pôle Nord a été stoppé dans sa progression vers l'Europe. Habituellement, il se baladait sans problème ; mais, cette année, il a dû attraper un rhume et s'est retrouvé au lit... El Niño. Qui ne connaît pas El Niño, petit bambin joufflu comme un cumulus, léger comme un zéphyr, mais méchant comme une vague d'ouragan ? Non, ce n'est pas El Niño... Et puis, il faut faire vite avant la pub et le journal ! Conclusion optimiste : l'hiver va recouvrer ses droits très bientôt. Mais si, effectivement, pluies et neiges de «saison» nous réconcilient avec monsieur Hiver, des spécialistes anglais nous prédisent des années à venir encore plus chaudes ! Une vérité déjà : dix des douze dernières années sont les plus chaudes depuis 1850. Les glaciers des Alpes disparaîtront d'ici 2050 ! Dans nos contrées, l'été indien a poussé jusqu'aux portes de décembre et les gens continuaient à se baigner dans nos rivages. Fin novembre, et avant la vague de froid, j'ai vu des familles nager et bronzer à la plage des Andalouses, à l'ouest du pays. Les températures flirtaient avec la moyenne estivale durant cet automne déboussolé. Les perturbations climatiques ont marqué la dernière décennie avec des ouragans ravageurs, des tsunamis apocalyptiques, des inondations de plus en plus meurtrières et de longues périodes de sécheresse touchant de larges zones jadis épargnées par ce phénomène. Les arbres de Central Park ont fleuri bien avant le printemps, alors que les noisetiers bourgeonnent en Russie, où l'on n'en croit plus ses yeux : les ours sont devenus insomniaques et la douceur inhabituelle pour ce pays de grand froid dérègle toutes les habitudes ! La neige est vraiment rare et les thermomètres enregistrent les températures les plus élevées depuis 1879. En France, Lille a un climat de Côte-d'Azur et Marseille flirte avec le Sahara. Par ailleurs, un phénomène inquiétant est en train d'alerter les experts en climat, mais aussi les écolos et les industriels du tourisme et des sports de montagne. Les glaciers sont en train de fondre d'une manière inquiétante. Selon une étude publiée ce lundi par l'agence de l'ONU pour l'environnement, 30 glaciers de référence ont perdu environ 66 centimètres d'épaisseur en moyenne en 2005. Mais la perte depuis 1985 est de l'ordre de 10,5 mètres ! Prévision des climatologues : les glaciers des Alpes disparaîtront d'ici 2050 ! En Afrique du Nord, le désert avance plus vite que prévu et les spécialistes prédisent que le Sahara gagnera une centaine de kilomètres dans quelques décennies, installant sable et désolation sur une zone connue actuellement comme étant la steppe et les hauts plateaux. Autant dire que le Sahara sera aux portes de la Méditerranée dans certaines régions. Cela fait longtemps que la presse aborde ces questions. Mais, préoccupés par des problèmes plus terre-à-terre, les humains ne prêtaient guère attention à ces constats alarmants, et encore moins aux avertissements des spécialistes nous invitant à limiter l'émission de certains gaz dits «à effet de serre» et à changer nos habitudes de vie. Etats-Unis et Chine à l'index Les experts n'arrivent pas à se mettre d'accord sur la cause de ces changements déroutants du climat. La politique, en s'invitant dans leur débat, les empêche de désigner le même coupable. Résultat : la communauté scientifique se divise en deux. Le premier camp affirme que le réchauffement, comme le refroidissement, sont des cycles naturels et que, si la Terre se trouve aujourd'hui dans une situation de redoux, ce n'est la faute de personne. Et de nous citer des phases similaires qui ont jalonné l'histoire de notre planète. Le second camp est plus catégorique : il n'y a rien de naturel dans la dégradation actuelle. L'homme en est responsable. L'effet de serre qui fait pousser les températures et déstabilise les saisons est le résultat des émissions de gaz divers. Cela va des vapeurs dégagées par les activités industrielles au gaz carbonique de nos voitures, en passant par d'autres types d'émanations provenant des climatiseurs, des réfrigérateurs, et même des petites bombes aérosol que nous utilisons quotidiennement. Certains pays sont montrés du doigt. Parce qu'ils n'ont pas signé les accords de Kyoto - qui fixent les quotas d'émission de ces gaz par pays -, et aussi parce qu'ils ont l'industrie la plus développée. Les Etats-Unis d'Amérique apparaissent comme le principal pollueur de la planète. Mais il y a aussi d'autres pays qui participent activement à la dégradation de la couche d'ozone et à l'effet de serre. Nous citerons, par exemple, la Chine qui, pour faire fonctionner son gigantesque parc industriel, a besoin d'énormes quantités de matières polluantes, à l'instar des produits énergétiques. Son taux de croissance époustouflant est l'arbre qui cache la forêt. Engagements sérieux ou promesses en l'air ? Il faut plus que l'alarmisme des climatologues pour gagner cette nouvelle guerre contre le réchauffement du climat, menace mortelle pour la Terre. L'implication des politiques est une nécessité absolue en ces temps où l'ultralibéralisme installe une forte mentalité de profit qui tourne le dos aux questions écologiques. Pourtant, les opinions paraissent plus sensibilisées que jamais par la cause de la nature. De par ses effets sur leur vie quotidienne, ce réchauffement n'est plus une vue de l'esprit ou un sujet réservé à l'élite scientifique. Les pouvoirs politiques, très liés aux milieux industriels, ne sont pas connus pour être des adeptes de la protection de l'environnement. Pourtant, nous avons assisté, au cours des dernières années, à trois événements qui en disent long sur la prise de conscience autour de ce phénomène : - Le pavé dans la mare jeté par Nicolas Hulot dans la campagne pour la présidentielle française d'avril 2007 a eu le mérite d'inscrire les problèmes écologiques au cœur du débat. Sur le plan national d'abord, puis au niveau mondial, le reporter «vert», devenu célèbre grâce à son émission «Ushuaïa», a beaucoup fait pour la cause de la protection de la nature et principalement pour le succès du Sommet de Paris. - Les Etats-unis, montrés du doigt jusque-là, car insensibles au discours prônant la protection de la nature, ont semblé moins hostiles aux programmes de réduction des gaz de serre. Mais rien ne dit qu'un éventuel retour des Républicains ne remette pas en cause les maigres avancées de l'administration Obama sur ces sujets. - La Chine aussi semble évoluer sur ces thèmes bien que défendant un point de vue logique dans son argumentaire mais qui n'est pas très constructif : ce pays dit tout simplement qu'il pollue moins que tout le monde si l'on tient compte du nombre de ses habitants ! Nos pays doivent... polluer plus pour se développer ! Au moment où les armes tonnent plus que jamais, avalant les centaines de milliards de dollars, il est scandaleux que les gouvernements concernés ne trouvent pas l'argent nécessaire pour la protection de l'environnement. Le chemin est encore long. Mais puisse cet hiver déboussolé, – où les quatre saisons montrent parfois le bout de leur nez en une seule journée –, donner à réfléchir aux décideurs. La planète Bleue n'appartient pas seulement à notre génération. Elle est aussi le bien de nos enfants et de nos petits-enfants. Dans quel état allons-nous la leur léguer ? Réfléchissons-y tous ensemble et mobilisons-nous pour que les ours de Moscou puissent dormir en paix et que les saisons retrouvent leur cycle naturel. Cop21 de Paris est une halte majeure sur le chemin d'une véritable prise de conscience générale qui serait salutaire à plus d'un titre. Mais il restera le cas particulier des pays du tiers-monde qui sont des victimes passives de la pollution de la planète. Les pays industrialisés sont aussi des victimes, mais ce sont eux les pollueurs, avec cette précision de taille : les dégâts causés à la nature leur ont permis d'assurer leur développement. Quant à nos pays qui ont encore besoin de se développer et donc de polluer davantage pour atteindre le même niveau, on devrait leur accorder un répit, c'est-à-dire un calendrier moins contraignant et certains avantages matériels afin que leur engagement pour la cause de l'environnement ne soit pas synonyme de... désengagement sur le front du développement et du progrès social !