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C'est ma vie
Pour l'amour de mon enfant
Publié dans Le Soir d'Algérie le 05 - 12 - 2015

Les yeux pétillants de vie, la silhouette longiligne, Réda nous parle de son fils Walid qu'il a élevé seul depuis sa naissance. Sa mère refusait de le garder et rejetait l'idée de se marier avec Réda. Elle ne voulait à aucun prix perdre sa liberté.
Réda, 28 ans, a connu Nora quelques mois avant la conception de Walid. Il en était fou amoureux et la nouvelle d'être futur papa a attisé la flamme de son amour pour sa dulcinée. Il rêvait déjà d'une vie heureuse avec sa bien-aimée et son fils. Il se mettait déjà dans la peau d'un papa, aux petits soins pour son enfant et son épouse. Il n'hésita pas une seconde à lui faire sa plus belle demande en mariage. Il déchantera vite quand Nora refusera. «On est bien comme ça, on vit déjà ensemble dans une belle maison, j'ai une femme de ménage, tu m'offres tout ce que je veux ; pourquoi veux-tu m'enchaîner avec les liens du mariage ? De plus, je ne suis pas prête pour élever un enfant.» de nature sensible et conciliante, il a mis la décision de sa compagne sur le dos de sa grossesse. Ainsi, il redoubla d'attention envers la future maman afin de la convaincre de changer d'avis, mais rien n'y fit. Nora campa sur sa décision. «Je la servais comme un esclave. On prenait nos repas dans les plus beaux restaurants de la capitale. Je la ménageais en attendant la naissance de notre bébé. Au fil du temps, Nora m'évitait, ne voulait pas rentrer à la maison, prétextant des invitations tantôt chez des amis, tantôt chez des cousines. Au début, je ne voyais pas d'inconvénient, mais remarquant ses absences répétées, je commençais à m'inquiéter. J'ai alors décidé de l'accompagner. Là, elle piqua une crise de nerfs et refusa que je la conduise. A force d'insister, elle avoue qu'en fait elle n'est jamais allée chez sa famille. Elle se rendait chez un couple dont l'époux lui avait promis une somme d'argent si elle lui «donnait» Walid ! Il lui répétait : «Nous avons toujours rêvé d'un garçon, malheureusement ma femme ne peut plus avoir d'enfant après notre fille.»
Elle était sûre que son fils ne manquerait de rien et qu'elle pouvait lui rendre visite quand elle le désirait. «Quoi ? Tu veux vendre mon fils ? Il faudrait alors que tu me passes sur le corps. Je suis capable de l'élever tout seul. Conduis-moi sur-le-champ chez lui !» «Cette fois, elle n'a pas pu m'amadouer. Arrivés chez lui et voyant mon visage déformé par la colère, il a compris que jamais je ne vendrai mon enfant et que s'il voulait un garçon, il n'avait qu'à en adopter un. Il tenta de me faire entendre raison puis me menaça de me jeter en prison, invoquant le fait que j'ai eu un enfant hors mariage et que c'était interdit par la loi. Je lui ai alors expliqué que j'aime Nora, qu'elle est majeure, et que j'ai l'intention de l'épouser, c'est d'ailleurs elle qui refuse. Il s'est calmé, et c'est sa femme qui a pris le relais : «On pense à vous, vous êtes dans une situation inconfortable, vos parents ne voudront pas d'un enfant qui n'a pas de maman, ce n'est pas aussi facile que vous le croyez.» Je lui ai répondu que nous sommes adultes, que je gagne très bien ma vie, que mes parents m'aiment, et que forcément ils aimeront leur petit-fils.»
A ces mots, nous avons quitté les lieux. Nora râlait en me répétant que jamais elle ne m'épouserait. Pour nous réconcilier nous sommes allés dîner dans un restaurant très chic.
Il fallait que je patiente jusqu'à la naissance de Walid espérant que lorsqu'elle le tiendrait dans ses bras elle changerait d'avis. Nora ne démordait pas de la proposition de l'homme.
Cela me faisait peur car l'accouchement devenait imminent. J'ai dû m'absenter pour 24 heures, je me rendis en Tunisie, et comme par hasard mon fils était né ce jour-là. Je suis rentré illico presto et me suis dirigé directement à l'hôpital. J'ai trouvé Nora entourée du couple et de leur fille, prêts à «enlever» mon bébé. Ils ne s'attendaient pas du tout à ma visite, ça les a déstabilisés et faussé tous leurs plans.
Quand j'étais au chevet de Nora, mon fils près d'elle, plus rien ne comptait pour moi. Et avec une joie et un bonheur incommensurables que nulle langue ne peut décrire, j'ai pris mon petit dans mes bras. J'étais l'homme le plus comblé de la planète.
Des larmes coulèrent sur mes joues. Cela m'a donné plus de force à mener mon combat pour le garder. J'étais fier de lui donner mon nom. Désormais, il fait partie de moi.
Devant ma témérité, la famille s'est éclipsée. A cet instant précis, je me suis dit que personne au monde ne pourrait m'arracher mon enfant. J'avais un grand espoir que Nora, en le mettant au monde, en le serrant dans ses bras, en lui donnant son sein allait changer, malheureusement, je m'étais trompé.»
Réda était heureux d'annoncer la nouvelle à sa mère qui, au départ, n'était pas très enthousiaste. «Une fois sur place, mes parents étaient heureux d'accueillir leur petit-fils. Ils l'ont couvert de baisers, heureux qu'il fasse désormais partie de la famille. Nous sommes restés quelques jours chez eux, le temps que Nora se rétablisse ; elle n'était pas très enchantée d'y demeurer. Nous sommes retournés à la maison. Elle m'annoncera son voyage à l'étranger, me rappelant que je devrais me débrouiller seul avec notre fils.
Ce que j'ai fait. Malgré mon insistante demande en mariage, pour que notre enfant vive avec nous, afin qu'il soit épanoui, Nora a préféré sa liberté.» n


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