Lutte contre les discriminations, �galit� des chances, discrimination positive ou, au contraire, m�ritocratie… la pol�mique enfle ; le d�bat n'est pas encore dans la rue, mais il commence � s'imposer dans les rouages de l'Etat fran�ais et � contraindre les politiques � se prononcer et � se d�terminer sur la mani�re dont ils envisagent de parer � ce qu'il convient aujourd'hui de reconna�tre comme le grand �chec des politiques d'int�gration men�es (ou non men�es d'ailleurs) tant par la droite que par la gauche et pour �viter que la frustration de tous les laiss�s-pour-compte n'explose. C'est dans ce contexte que Jean- Pierre Raffarin, le premier Ministre fran�ais, a organis� jeudi une conf�rence nationale sur l'�galit� des chances dans l'entreprise et qui a r�uni syndicats, patronat et ministres concern�s. Quelles mesures ont �t� prises � l'issue de cette rencontre qui se voulait "contribuer � relancer fortement la n�gociation collective en mati�re de lutte contre les discriminations", en particulier celles qui visent les jeunes issus de l'immigration et des quartiers d�favoris�s ? Une bo�te � outils, comme unique r�ponse � une v�ritable crise n�e d'�cueils multiples mis sur la route de ceux dont l'origine, le nom ou le faci�s font de plus en plus barrage � toute entr�e ou promotion dans la vie professionnelle et ont contribu� par ailleurs � la sous-repr�sentation de cette cat�gorie de citoyens dans l'espace public fran�ais. Cette bo�te � outils reprend une proposition d'un rapport, remis au Premier ministre en novembre dernier par Claude B�b�ar, fondateur du groupe Axa, et qui consiste � faciliter l'acc�s � un premier entretien d'embauche en rendant le CV anonyme. L'histoire ne dit cependant pas comment, une fois l'entretien r�alis�, sera assur� et contr�l� le dispositif de recrutement ou de rejet des candidats. Un autre outil de cette bo�te, celui-l� s�rement plus efficace, consiste en la mise en place, par les entreprises, d'un syst�me de parrainage. Si la bo�te � outils a pr�vu de faire inscrire dans les bilans sociaux des entreprises du CAC les actions men�es pour la diversit� de leurs effectifs, elle laisse cependant le choix aux organisations syndicales et patronales de "se mettre d'accord sur les sujets potentiellement conflictuels". Le gouvernement Raffarin, tout comme le pr�sident Chirac ne veulent surtout pas de loi pour imposer quoi que ce soit sur ces discriminations, ni ne souhaitent d'ailleurs s'engager dans une politique de discrimination positive, pr�n�e par Sarkozy, m�me si un sondage tr�s r�cent, datant de d�but f�vrier, de l'institut BVA r�v�le que 58% des Fran�ais, soit pr�s de 6 Fran�ais sur 10, seraient favorables � ce principe, autrement dit � la mise en place de quotas. L'opinion des principaux concern�s ou des associations qui militent contre ces discriminations est elle tr�s partag�e sur cette notion et ceux qui la refusent mettent en avant ses effets pervers. Ceux qui sont contre la discrimination positive pensent en effet que c'est faire injure aux personnes appartenant � des groupes d�favoris�s que de pratiquer cette politique "car on a l'impression d'une politique de charit�, d'assistance, ce qui pousse ces populations � ne pas faire d'efforts pour s'int�grer par elles-m�mes et qui provoque, de la part des non-b�n�ficiaires de ces politiques, une stigmatisation des assist�s". La France semble en tout cas aller par de tout petits pas dans ce domaine et ce n'est s�rement pas demain que la France officielle, celle du pouvoir �conomique et politique, retrouvera les couleurs multiples qui caract�risent la diversit� de sa composition ethnique et culturelle. K. B.-A.