76 propositions pour faire une place � la diversit� en France : c�est ce que contient le rapport que Yazid Sabeg, commissaire � la diversit� et � l��galit� des chances, a remis jeudi dernier au pr�sident Sarkozy qui a nomm� � ce poste ce Franco-Alg�rien, le 17 d�cembre 2008. De l�ensemble de ses pr�conisations, deux font ressurgir un d�bat qui ne date pas d�aujourd�hui : l��laboration de statistiques ethniques et la promotion de la diversit� par l�encouragement au recours � ce qui ressemble � des �quotas �, terme tr�s pol�mique et devenu m�me tabou en France�. De notre bureau de Paris, Khadidja Baba-Ahmed. Le pr�sident devra se prononcer sur les propositions de Sabeg la deuxi�me quinzaine de juin, mais d�ores et d�j� son auteur a d�clar� � la presse que le pr�sident est en �accord complet avec son contenu� consistant en propositions d�ordre structurel dont les r�sultats se feront sentir � moyen terme et non d�ordre conjoncturel. L�essentiel des propositions concerne l��ducation et l�emploi car, explique Sabeg, �j�ai con�u ces propositions avec la conviction que notre pays devait redonner � chacun sans distinction, d�s le plus jeune �ge et tout au long de sa vie, des perspectives de r�ussite, de r�orientation et d�insertion �. Pour ce faire, il pr�conise de porter � 5%, d�ici fin 2011, le nombre de salari�s en formation en alternance dans les entreprises de plus de 50 salari�s, contre 2,5 actuellement pour des entreprises de 250 salari�s ; de d�mocratiser l�acc�s � la formation et faciliter les fili�res courtes ; d�accro�tre et diversifier le recrutement des grandes �coles dans lesquelles les classes sociales favoris�es sont surrepr�sent�es (85% des effectifs des 4 grandes �coles normales sup, �coles polytechniques, ENA et HEC) en imposant pour l�ENA, par exemple, le recrutement de 20% de candidats issus de la diversit� d�ici 3 ans ; d�augmenter, d�s la rentr�e 2009, � 25% le nombre de boursiers dans les lyc�es, autrement dit donner plus de moyens aux cat�gories les plus d�munies, la bourse �tant octroy�e en fonction des ressources parentales et enfin d�augmenter le nombre de places disponibles en internat pour les �tudiants boursiers. Pour ce qui concerne la diversit� dans les entreprise, il faut, dit Sabeg, �aller au-del� de la prise de conscience et prendre des mesures correctives�. Dans le domaine des m�dias, volet consacr� dans son rapport, le commissaire pr�conise la mise en place d�une commission m�dias qui mesure le pluralisme et l��thique. Les m�dias ayant une responsabilit� particuli�re, ils doivent, ce qui n�est pas le cas, refl�ter plus de pluralit� et plus de diversit�. Pour ce faire, Sabeg ne propose pas de nouvelles lois ou r�gles mais appelle, dans le cadre des n�gociations de la convention collective audiovisuel, l��tablissement de codes d��thique pr�nant la �diversit�, le pluralisme de recrutement et en faire une valeur port�e strat�giquement � l��cran et �galement dans le contenu des productions. L�Etat ayant la main sur l�audiovisuel public, ce dernier, par cette �thique et ces pratiques, pourrait avoir un effet d�entra�nement sur les cha�nes priv�es. Le nombre d�actions nombreuses, � caract�re volontariste et soutenu et durable dans le domaine de l��ducation, de l�emploi et de la ville (de nombreuses propositions figurent pour ce dernier point aussi) et les propositions concr�tes de chiffres font grincer certaines dents qui s��l�vent contre �une discrimination positive qui ne dit pas son nom ; antir�publicaine, les r�publicains, pr�nant eux, l��galit� entre tous les citoyens�. A cela, Sabeg r�pond que Sarkozy et lui-m�me sont tr�s attach�s � ce qu�il n�y ait plus en France de discrimination et pour ce faire, il y a n�cessit� d�actions positives correctives. Il s�agit, pr�cise encore le commissaire, de donner plus � ceux qui en ont le moins, et ce, en visant les discriminations au plan du territoire (les quartiers) comme au plan social, autrement dit ceux touch�s par la grande pauvret�. Mais comment �clairer sur ces discriminations ? Par leur mesure, r�pond Sebag, qui propose des outils statistiques pour �am�liorer notre connaissance des ph�nom�nes discriminatoires �. Pour certains politiques, assez nombreux � droite comme � gauche, ces mesures de la diversit�, qu�ils appellent statistiques ethniques et qu�ils rejettent en bloc, vont favoriser la stigmatisation des minorit�s, le fichage, la fragmentation de la soci�t�, Sabeg ne comprend pas que cette question de mesure de la diversit�, �question importante au plan de la symbolique mais pas essentielle�, fasse lever autant de boucliers, disait-il y a quelques jours face � la presse �trang�re. �La mesure des discriminations nous permet de juger des progr�s faits et restant � faire et d�aborder sans se le cacher le ph�nom�ne qui est r�el. Ce ne sont pas les statistiques qui minent la soci�t� fran�aise mais ce sont ces discriminations qui la minent. C�est faux de dire que le fait de mesurer va amplifier le ph�nom�ne ou le cr�er.� La mesure de la diversit� propos�e, dont les outils, comme les questionnaires par exemple seront volontaires et anonymes, pose de tels probl�mes aujourd�hui, que le commissaire � la diversit� a laiss� le soin � une commission scientifique qu�il vient d�installer pour �d�terminer la pertinence, le contenu, les m�thodes de recueil, la normalisation et la g�n�ralisation de la mesure de la diversit�. Cette commission devra rendre ses conclusions fin juin prochain.