L'éminent professeur Belhocine devrait annoncer prochainement la fin de l'épidémie Ebola en Afrique australe pour le compte de l'Organisation mondiale de la santé. Abla Chérif - Alger (Le Soir) - Représentant de l'OMS en Guinée, il nous en parle ici et donne par là même son avis sur le système sanitaire en Algérie. Inévitablement, il revient d'abord sur la «flambée qui a enflammé la Guinée, le Liberia et la Sierra Leone et en Ouganda» notamment, et qui a pris dit-il une telle ampleur que l'OMS a été contrainte de déclarer un plan d'urgence international car la sécurité sanitaire mondiale était menacée. «Une réaction très forte s'en est suivie au plan international ce qui a permis de vaincre deux ans après cette épidémie en Sierra Leone et au Liberia même s'il subsiste des foyers contrôlés». Restait alors la Guinée. «C'est un pays où nous sommes aussi en voie d'en finir avec cette maladie. Si le 29 décembre aucun cas n'est dénombré, l'OMS décrétera la fin d'Ebola non seulement en Guinée mais dans toute l'Afrique de l'Ouest.» Comme tant d'autres pays, l'Algérie, nous apprend-il, a été épargnée par cette épidémie car elle a très sérieusement respecté les recommandations de l'OMS, notamment à travers le contrôle frontalier. De manière globale, dit-il, des dispositions importantes ont été prises par notre pays pour faire face à toute maladie épidémique. Interrogé au sujet des effets de la grippe H1N1 en Algérie, le professeur Belhocine a tenu à préciser et rassurer une nouvelle fois en expliquant que le H1N1 était «en réalité une grippe banale qui rend plus vulnérables certains patients atteints de troubles respiratoires». «Il y a quelques années, poursuit-il, nous avions peur car il y avait eu la grippe aviaire, cette maladie des oiseaux qui se transmet à l'homme. Il y avait eu une alerte. Vous savez que le virus de la grippe est un virus qui mute. L'inquiétude des experts était légitime, mais très vite, nous nous sommes apperçus que la maladie n'était pas aussi grave que l'on croyait, autrement, cela aurait été une véritable hécatombe. Et il est apparu qu'il ne s'agissait que d'une grippe saisonnière.» S'agissant du système sanitaire algérien, le représentant de l'OMS en Afrique estime sincèrement que «nous devrions être fiers de tout ce qui a été entrepris depuis l'indépendance notamment en matière de relance des structures de santé et d'éradication de maladies telles que le paludisme, la tuberculose...» Il évoque également la faculté qu'a eu l'Algérie de parvenir à la formation de 1 000 à 1 500 médecins par an «ce qui n'est pas donné à tout le monde». «Après plus de soixante ans d'indépendance, certains pays africains n'ont pas encore d'écoles de formation alors que l'Algérie en dispose et dans toutes les filières.» Il reconnaît cependant que le système sanitaire en Algérie «n'est pas parfait, il y a des difficultés, les hôpitaux sont délaissés, et il s'agit à présent de regarder lucidement ce système et de tenter de gérer ses travers». Le professeur Belhocine, 64 ans, est consultant international en santé publique et développement. Il occupe les fonctions de représentant de l'OMS en Guinée et joue un rôle clé dans l'appui technique et l'expertise apportés à la Guinée dans sa riposte à l'épidémie Ebola. Au cours de sa carrière, il a reçu de nombreuses distinctions dans le cadre de ses activités.