Après dix ans de mise en œuvre, le système LMD passe au crible. Le ministre de l'Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique a accordé deux jours à différents experts relevant de son secteur et du secteur économique pour faire l'évaluation de ce système et sortir avec des recommandations. Il n'y aura pas, cependant, de recul sur l'application du système LMD qui connaîtra uniquement une mise à jour, explique Tahar Hadjar. Salima Akkouche - Alger (Le Soir) - L'université algérienne connaîtra du nouveau à partir de la rentrée prochaine. En quoi ? Et comment ? C'est ce que vont proposer aujourd'hui les experts issus de la famille universitaire mais aussi économique qui sont en conclave depuis hier pour évaluer le système LMD. «Nous allons nous arrêter sur les points positifs et les points négatifs de ce système pour corriger les dysfonctionnements et renforcer les acquis, mais le système LMD est un système universel, nous n'allons pas faire marche arrière, mais seulement l'améliorer pour répondre au développement du secteur et au besoin du marché du travail», a indiqué hier le ministre de l'Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique en marge de la conférence nationale des universités, élargie au secteur socioéconomique et dédiée à l'évaluation de la mise en œuvre du système LMD. Ainsi, dit Hadjar, le système a montré quelques dysfonctionnements dans son application, à l'exemple du nombre «excessif» de licences. Après une révision des programmes de formation, le nombre de licenciés est passé de 5 000 en 2005 à 176 diplômes en 2015. Une opération similaire est en cours d'application pour les diplômes de master dont le nombre avoisine les 5 000 intitulés dont les résultats seront connus prochainement, selon le ministre. Selon lui, il y aura aussi une révision dans les spécialités. «Nous n'allons pas revoir le système en lui-même, ce sont les méthodes, la didactique et les moyens employés qui vont être changés», a indiqué Hadjar. L'autre grief retenu contre les spécialités de ce système, c'est leur non-adéquation avec le marché du travail. A ce propos, le ministre du secteur a rappelé que les acteurs économiques ont été conviés à participer à cette conférence afin d'établir les profils recherchés pour les inclure dans les programmes. L'université, recommande aussi Hadjar, doit s'impliquer dorénavant dans le plan de développement et d'aménagement au niveau local, régional et national. Pour rappel, l'application de la réforme de l'enseignement supérieur avec son corollaire le LMD a été mise en branle dès l'année universitaire 2004-2005, au niveau de dix établissements pilotes, qui regroupaient un effectif global de 7 000 étudiants environ. La mise en place progressive de ce système s'est poursuivie jusqu'à 2011, date de sa généralisation à l'ensemble des établissements universitaires. Aujourd'hui, le nombre cumulé de diplômés de ce système, en licence et master a dépassé le million. Tahar Hadjar a invité les participants à débattre en toute liberté pour sortir avec des recommandations scientifiques et pédagogies en mesure d'améliorer l'université algérienne. «Nous voulons tracer une vision commune pour l'université », dit-il. L'enseignement supérieur en chiffres Selon le ministre de l'Enseignement supérieur, l'encadrement pédagogique était au cœur de la politique du système LMD. Des résultats probants ont été d'ailleurs enregistrés. Ainsi, le nombre d'enseignants permanents en fonction est passé de 25 229 en 2005 à 53 622 en 2015, soit un accroissement de 113%. Le taux moyen d'encadrement est passé de 1 enseignant pour 29 étudiants à 1 enseignant pour 22 étudiants pour la même période. Le nombre des enseignants de rang magistral, professeur et maître de conférences, à connu une progression en passant, toujours durant la période entre 2005 et 2015, de 4 124 professeurs à 11 378 soit un taux de croissance de 176% tandis que le nombre de femmes enseignantes est passé de 8 593 en 2005 à 22 956 en 2015, ce qui représente 43% de l'effectif global des enseignants. Déficit d'encadrement dans les langues étrangères L'encadrement dans certaines filières comme les langues étrangères reste en deçà de la moyenne nationale, a reconnu le ministre du secteur. Le taux d'encadrement est ainsi de 1 enseignant pour 32 étudiants contre un taux moyen dans les écoles d'excellence de 1 enseignant pour 13 étudiants. Des conférences sur la recherche scientifique et les œuvres sociales auront prochainement lieu Le département de Tahar Hadjar s'apprête à organiser au cours de cette année deux autres conférences nationales. L'une sera consacrée à la recherche scientifique et l'autre aux œuvres sociales.