La situation sécuritaire en Libye continue de se dégrader, notamment avec les dernières attaques terroristes dans le nord du pays, alors que la communauté internationale appelle les différentes parties antagonistes à l'approbation du gouvernement d'union nationale, au moment où les Occidentaux envisagent d'ores et déjà une intervention militaire. Ces derniers jours, le terrain est marqué par des violences, dont l'attaque aux roquettes menée jeudi par des groupes terroristes affiliés à l'organisation autoproclamée «Etat islamique » (Daesh) contre des installations pétrolières du terminal de Ras Lanouf, dans le nord du pays. «Quatre réservoirs contenant environ deux millions de barils de brut sont en feu. L'incendie déclaré dans l'un des réservoirs est complètement hors de contrôle», a indiqué une source sécuritaire à Ras Lanouf, où les pompiers s'attellent à éteindre les flammes, qui se dégagent de trois équipements pétroliers. Depuis la chute du régime de l'ancien leader Maâmmar El-Gueddafi en 2011, la Libye est plongée dans une longue crise politico-sécuritaire. Les combats opposaient au début des parties libyennes antagonistes, mais la situation s'est aggravée avec l'implantation et la progression de groupes terroristes liés à Daesh. Daesh a gagné du terrain en Libye depuis un an, tirant profit du chaos politique: deux autorités s'y disputent le pouvoir avec l'une basée dans la capitale Tripoli, et l'autre, dont le dernier Parlement élu, siégeant à Tobrouk, dans l'est du pays. Sur le plan politique et après d'âpres pourparlers interlibyens, sous l'égide de l'ONU, un gouvernement d'union nationale a été annoncé mardi dernier, une étape prévue par l'accord signé le 17 décembre. Ce nouveau gouvernement est composé de 32 ministres et destiné à rassembler les factions rivales pour rétablir la paix et la stabilité dans le pays. Toutefois, ce gouvernement doit encore être approuvé par une majorité des deux tiers du Parlement de Tobrouk. C'est dans ce sens que la communauté internationale, qui a qualifié d'«étape décisive» cette annonce d'un gouvernement d'union nationale, a renforcé la pression sur le Parlement de Tobrouk pour approuver la composante du nouveau gouvernement. Le représentant spécial du Secrétaire général et chef de la Mission d'appui des Nations Unies en Libye (MANUL), Martin Kobler, avait souligné la nécessité de passer immédiatement à la phase suivante du processus, à savoir l'approbation par la Chambre des représentants du gouvernement proposé. «J'appelle les membres de la (Chambre) et sa présidence à placer l'intérêt national au-dessus de toute autre considération et à se réunir sans tarder afin de discuter et d'approuver le cabinet proposé». En cas d'échec du processus de paix libyen, et vu la situation sécuritaire dégradante dans le pays, où Daesh profite du chaos pour élargir son emprise sur de vastes parties du territoire pour notamment tenter de contrôler les réserves pétrolières (les plus importantes en Afrique), les Occidentaux n'écartent pas une intervention militaires pour «anéantir le groupe terroriste». Mecredi à Paris, le chef d'état-major interarmées américain, Joseph F. Dunford avait indiqué qu'une action militaire en Libye «était nécessaire pour enrayer la progression de Daech» dans ce pays nord-africain. «Sans aucun contrôle, je crains que l'EI ne s'étende encore en Libye (...). Je crois donc que les chefs militaires doivent présenter au secrétaire à la Défense (Ashton Carter) et au président (Barack Obama) un projet pour s'occuper de la progression de Daesh en Libye», avait déclaré le responsable américain. Le responsable américain, n'avait pas donné de précisions sur l'intervention. Pour sa part, le porte-parole du gouvernement de Tobrouk, Hatem al-Aribi, avait appelé vendredi à une «intervention limitée de la coalition internationale en consultation avec les parties légitimes, pour protéger les champs pétroliers des attaques de Daech». Il a notamment évoqué des «frappes aériennes contre les sites de Daesh»en Libye. Le président du Conseil présidentiel libyen aujourd'hui en Algérie. Le président du Conseil présidentiel de Libye, Faiz Serraj effectuera, à la tête d'une délégation, une visite de travail en Algérie lundi, a indiqué dimanche un communiqué des services du Premier ministre. Cette visite s'inscrit dans le cadre de «la poursuite des efforts de l'Algérie pour le parachèvement de la solution politique consensuelle entre Libyens, seule à même de préserver la souveraineté de ce pays frère et voisin, son intégrité territoriale et l'unité de son peuple», a précisé la même source. Cette visite, qui entre «dans le sillage du processus politique conduit par les Nations unies, soutenu aux plans régional et international, sera l'occasion de procéder à une évaluation de la situation en Libye et dans la région à la lumière des récents développements et d'examiner les perspectives de renforcement et de consolidation des relations bilatérales de coopération dans les divers domaines», a ajouté la même source. L'Algérie réaffirmera, à cette occasion, son «appui» à la Libye qui fait face à «de multiples défis, notamment ceux liés à la mise en place de nouvelles institutions, la lutte contre le terrorisme et le rétablissement de la paix et de la sécurité».