L'information des services de renseignements américains (CIA), sur un probable détournement de onze avions civils libyens se précise. La menace d'un attentat terroriste aérien sur le Maghreb, devient plus qu'évidente. Le royaume chérifien ne cache pas sa panique et des photos de missiles et campement militaire, à Aïn Diab, sur la corniche de Casablanca, sont largement diffusées à travers la presse marocaine. Des sources sécuritaires algériennes affirment que, du côté de l'Algérie, la bataille est plutôt menée sur le front du renseignement. Mehdi Mehenni - Alger (Le Soir) La crise sécuritaire en Libye prend décidément une autre dimension et la menace terroriste a dépassé le stade des frontières terrestres. L'alerte donnée par les services de renseignements américains sur un probable détournement de onze avions civils sur les territoires de feu Maâmar Kadhafi, implique dorénavant un danger aérien. La panique s'est d'abord manifestée du côté des Etats-Unis d'Amérique, qui sont d'ailleurs à l'origine de cette information déroutante, à travers sa redoutable agence, la CIA. Le Travel Warning des USA a ainsi vivement déconseillé aux ressortissants américains de se rendre en Algérie, pour des raisons sécuritaires. L'Italie n'a pas manqué ce samedi, d'emboîter le pas au pays de l'oncle Sam. Le ministère italien des Affaires étrangères a, en effet, publié un communiqué dans lequel il a rappelé à ses ressortissants que «la sécurité en Algérie souffre de l'instabilité dans la région du Sahel, qui a connu un moment de grande tension avec l'attaque terroriste contre un site (pétrolier ndlr) de la Sonatrach-British Petroleum-Statoil, qui a eu lieu en janvier 2013 à In Amenas». Le même département est allé jusqu'à évoquer les enlèvements de touristes italiens par des terroristes à Djanet, à l'extrême sud de l'Algérie, il y a quelques années. La démonstration des forces royales ! Si l'occident manifeste sa panique, le Maroc ne cache pas non plus son affolement. Après les déclarations inquiétantes du ministre de l'Intérieur Mohamed Hassad, qui a annoncé l'élévation du niveau de vigilance, «les Casablancais découvrent un arsenal militaire impressionnant installé au niveau de la corniche de la ville, pas loin du phare El Hank», révèle le site d'information marocain «Tel Quel». Des photos du déploiement des forces royales sont ainsi largement diffusées et d'autres organes de presse marocaine, à l'exemple de Assabah, Al Ahdath et Al Massae confirment cette tendance à la panique. Un de ces journaux, en l'occurrence Assabah, croit savoir que «les départs en congé des officiers et sous-officiers ont été interrompus, signe d'une mobilisation de l'armée». Il est clair que dans de telles circonstances, de telles photos du campement militaire de Aïn Diab n'auraient jamais pu être aussi largement diffusées sans l'aval des forces royales. L'Algérie anticipe Si le royaume chérifien a préféré communiquer à travers son ministre de l'intérieur, du côté de l'Algérie, le ministère de la défense nationale pour le moment n'a point soufflé mot. Hormis le ministère des affaires étrangères qui a qualifié l'alerte américaine d'un «non-évènement», l'Algérie table sur d'autres pistes, selon des sources sécuritaires. «Nous avons pris au sérieux la menace terroriste en Libye avant même la chute finale du régime de Maâmar Kadhafi. Le péril ne date donc pas d'aujourd'hui, et cette affaire d'un probable détournement d'avions civils libyens n'est autre qu'une suite logique de ce que l'Algérie avait prédit en 2011», affirment les mêmes sources. Contrairement à la réaction des forces royales marocaines, à travers un déploiement militaire à Casablanca, l'Algérie, expliquent toujours les sources sécuritaires, a préféré ne pas faire dans la démonstration. «Nous avons, dès le départ, tablé sur le renseignement. Il ne faut pas croire que si l'Algérie n'a pas de présence militaire au-delà de ses frontières, c'est-à-dire au Sahel, nous sommes totalement absents. Dans de telles circonstances, ce n'est pas les chars d'assaut, les bâtiments de guerre ou les avions de chasse qui font vraiment la différence... », soulignent nos sources, qui ne manquent pas d'ajouter que «l'armée algérienne n'a pas besoin de diffuser des photos de son déploiement aux frontières, car il s'agit d'une présence somme toute ordinaire». Surtout que «s'il y a renforcement d'un dispositif sécuritaire au frontière, le déploiement ne date pas de l'alerte américaine», concluent nos sources.