La crainte de voir les conflits régionaux traverser ses frontières a conduit l'Algérie à redoubler d'efforts diplomatiques ces dernières années en vue de contribuer à apaiser la situation dans les zones enflammées. Des processus tendant à rétablir la paix ont été enclenchés, non seulement au Mali, où l'impulsion algérienne a abouti à l'arrêt des combats entre les groupes de l'Azawad et le gouvernement central, mais aussi en Libye. Ce pays, en proie non seulement au terrorisme mais également déchiré par des luttes fratricides, a pu, là encore, aboutir à l'arrêt des hostilités entre plusieurs factions rivales et la création d'un Conseil présidentiel libyen. En signe de gratitude, le président de ce conseil M. Faïz Serraj s'est rendu ce lundi à Alger où il a laissé entendre son souhait de voir les Algériens continuer à aider les Libyens à sortir de la crise. Abla Chérif - Alger (Le Soir) - Accueilli tel un véritable chef d'Etat par Abdelmalek Sellal et des hauts responsables du ministère algérien des Affaires étrangères, Faïz Serraj, a tenu immédiatement à saluer «l'appui de l'Algérie aux différentes étapes du dialogue libyen ayant abouti à la formation d'un gouvernement d'union nationale». Alger, doit-on le rappeler, avait abrité plusieurs séries de négociations ayant abouti aux accords de Skhirat, au Maroc, en décembre 2015. Cet accord, signé en présence de l'envoyé spécial de l'ONU pour la Libye, était destiné à jeter les bases d'un gouvernement national dont l'objectif premier est de stabiliser un pays où l'Organisation de l'Etat islamique (Daech) s'enracine chaque jour davantage. L'évènement était de taille car l'accord en question intervenait trois années après la chute du régime d'El-Kadhafi et la guerre civile qui avait éclaté entre deux camps politico-militaires opposés. Mais la complexité de la réalité libyenne allait rapidement démontrer que la résolution de la crise libyenne n'était pas aussi simple. Deux parties rivales — un Parlement officiel élu en 2014 et reconnu par la communauté internationale et une Assemblée rivale contrôlée par des islamistes et siégeant à Tripoli — se sont donc retrouvées à Skhirat dans une ambiance très tendue et marquée par une hostilité savamment ignorée par les Nations-Unies qui ont continué à explorer une solution politique. Elle a débouché sur une ébauche de gouvernement d'Union nationale dont la présidence a été confiée à Faïz Serraj. Fortement préoccupée par la situation en Libye, la communauté internationale n'ignore pas la fragilité de cet accord. A Alger, M. Sellal n'a pas manqué donc de relever que son déplacement entrait également «dans la poursuite des efforts de l'Algérie pour le parachèvement de la solution politique consensuelle entre Libyens, seule à même de préserver la souveraineté de ce pays (...) son intégrité territoriale et l'unité de son peuple». Inévitablement, les discussions des «questions d'intérêt commun», le terrorisme en l'occurrence. La Libye, doit-on le rappeler, est actuellement perçue comme étant le véritable épicentre de la menace terroriste en Afrique du Nord. Les Occidentaux désignent ce pays comme étant un véritable sanctuaire pour les groupes armés tels que Daech, les salafistes d'Ansar Echaria, El- Mourabitoun de Mokhtar Belmokhtar et même Al-Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi). L'influence des groupes a imposé à l'Algérie une très grande mobilisation aux frontières. L'ANP a mis ses troupes (déployées en très grand nombre) en état d'alerte maximum pour éviter toute tentative d'infiltration, et dans les deux sens d'ailleurs puisque tout mouvement humain dans la zone est décrété suspect. Il y a quelques jours, l'Algérie s'est hérissée contre le mouvement «massif et inhabituel» des ressortissants marocains en provenance de Casablanca à destination de la Libye à travers notre pays. «Le contexte sécuritaire actuel particulièrement sensible impose la plus grande vigilance», et «exige le renforcement de la coopération entre les pays de la sous-région, à l'instar de celle existant entre l'Algérie et la Tunisie en matière notamment de rapatriement de leurs ressortissants respectifs», avait déclaré notre ministre chargé des Affaires du Maghreb à l'ambassadeur du Maroc, convoqué pour la circonstance. Sur les 270 clandestins marocains interceptés par les autorités algériennes, une bonne partie en situation illégale a été rapatriée. Ces personnes étaient apparemment destinées à grossir les rangs des groupes terroristes en Libye.