Des professeurs et économistes ont tenu une conférence, jeudi, à la nouvelle Faculté de médecine afin de traiter de l'économie de la santé et de ses avantages sur la performance d'un système de sécurité sociale. Naouel Boukir – Alger (Le Soir) – Contrairement aux idées reçues, le principe de l'économie de la santé n'est «absolument pas» relatif à une minimisation du budget dédié au secteur de la santé, a nuancé Larbi Lamri, économiste de la santé. Tout le défi de cette science réside dans l'étude de la production des soins, leur consommation et surtout leur mode de financement pour arriver à «une utilisation optimale des ressources». Ceci est d'autant plus complexe puisque face aux besoins illimités en la matière, s'oppose une richesse souvent très limitée. Ce paradoxe s'intensifie pour ce qui est de l'Algérie ; car avec la chute de la valeur du dinar, ce sont non seulement les prix des médicaments importés qui vont grimper, mais cela concernera parallèlement ceux produits localement étant donné l'importation de la quasi-totalité des matières premières. C'est un schéma peu optimiste qu'a élaboré L. Lamri quoi qu'il n'est pas dénué de réalisme, ont jugé les spécialistes présents. Lorsque l'économie va, la santé va Cette réplique sommaire du professeur L. Lamri a globalement résumé le rapport étroit et interdépendant qu'entretiennent, depuis toujours, santé et économie. Pour faire simple, il s'agit d'un cercle vertueux : d'un état satisfaisant de la population et résulte une production et une productivité plus importante donc une consommation soutenue, motrice de l'économie. Néanmoins d'autres facteurs interviennent dans l'équilibrage de cette équation. Dans un contexte local, outre la dévaluation et la dépréciation du dinar, le taux de chômage considérable, la défaillance du système de sécurité sociale et du budget alloué à la santé n'arrangent pas particulièrement la situation. Quel système de sécurité sociale adopter ? Dans un contexte de crise, adopter une économie de la santé est plus qu'une nécessité, a prévenu l'expert. Cela nous évitera d'aller vers des économies de santé surtout que l'enveloppe financière dont elle bénéficie ne dépasse pas les 6% du budget total de l'Etat. D'autre part, ceci permettra d'avoir une vision et d'établir graduellement une feuille de route pour ce secteur pour ne pas «naviguer dans le brouillard», si ce n'est déjà le cas, a-t-il ajouté. Initialement, le système de sécurité sociale pour lequel a opté l'Algérie depuis les années 60 est ce qu'on qualifie d'un système nationalisé. Plus explicitement, le financement du département est étatique et la couverture de service est universelle ou concerne toute la population. Il en découle des délais et des files d'attente relativement longs mais l'état de santé de la population devrait normalement être bon, selon les explications théoriques du professeur L. Lamri. Revenons à l'analyse du terrain maintenant, qu'en est-il réellement de l'application de ce mode en Algérie ? Il est tout simplement déficitaire, a avoué ce dernier. Non pas que le système nationalisé est mauvais en soi puisqu'il fonctionne à merveille en Angleterre, dans les pays scandinaves ou encore au Canada. C'est son management dans un contexte local qui est handicapant. L'absence d'une gestion transparente et d'une planification efficace ainsi que la budgétisation des programmes faite sur «l'à-peu-près» expliquent son échec ici, a-t-il précisé. La mise à l'écart des analyses des spécialistes algériens et la non-consultation de l'expertise est également une variante importante de ce «fiasco». Insistant que la finalisation du projet de contractualisation lancé par un groupe d'experts dans les années 90, arrivé à un stade très satisfaisant de son avancement, aurait pu donner un secteur de santé à la pointe de la performance aujourd'hui. Pourtant, il a été arrêté dans son élan car il allait permettre une gestion transparente des allocations et ressources, ce qui n'avait visiblement pas été apprécié.