Pour nombre de médecins spécialistes, la santé en Algérie n'est pas une question de financement tant le problème réside dans le système. Ils soulignent la nécessité de la mise en place d'un programme «fiable» et de la «hiérarchisation» des priorités. Rym Nasri - Alger (Le Soir) Le Pr Jean-Paul Grangaud, spécialiste en pédiatrie, estime que le système national de santé est «éclaté». Selon lui, il y a une disparité dans la répartition des ressources matérielles et humaines. Déplorant le manque de coordination entre les différents services et l'absence de travail intersectoriel, il affirme qu'il est «fondamental d'avoir un système d'information pour les prises de décisions». Le Pr Grangaud souligne également l'insuffisance d'«encadrement réglementaire» en matière de formation. Il reconnaît par ailleurs, que l'Algérie a enregistré d'énormes progrès dans le domaine de la santé. Une amélioration qui se reflète, dit-il, notamment dans la lutte contre les maladies infectieuses et l'augmentation de l'espérance de vie dans notre pays. Intervenant au 12e forum d'Alger consacré au thème : «Quel système de santé pour l'Algérie de demain ?» tenu hier à Alger, le Pr Farid Chaoui, spécialiste en gastro-entérologie, rejoint son confrère dans son constat. En l'absence d'un système de santé «pertinent», il a jugé inutile de réajuster le financement du secteur. «Il ne sert à rien d'augmenter le budget du ministère de la Santé sans aboutir et élaborer un système de ressources fiable. Cela ne servira qu'à intensifier le gaspillage», assure-t-il. Toutefois, le Pr Chaoui estime qu'atteindre à moyen terme, le niveau de performance des systèmes de santé des pays riches relève de l'impossible. Selon lui, il est souhaitable de faire un choix «idéologique» fondateur d'un modèle de système de santé. Seulement, la solution la plus raisonnable pour le spécialiste est d'«établir et de hiérarchiser des priorités». «Il faut aussi établir les objectifs à atteindre à court, moyen et long terme et mettre en place un système d'allocation de ressources transparent», préconise-t-il. Encore plus raisonnable, le Pr Chaoui propose de construire un système et des programmes de santé «pertinents».