Un livre inédit, sous forme de roman, de par son contenu condensé et riche de révélations fracassantes, par la bouche des terroristes. Elles renseignent sur les motivations des assassinats collectifs perpétrés à l'encontre des centaines de civils de tout âge. Le dialogue entre le terroriste et l'imam nous ramène à une ère où l'incompréhension abasourdissait les consciences, provoquée par une régression «atavistique» de la horde criminelle, dirait l'auteur. Le dialogue, inspiré d'une réalité vécue, donne le sentiment que la justification dépasse de loin l'atrocité de l'acte lui-même. La capacité surréaliste des fatwas à pénétrer dans les abysses de l'âme criminelle et à la réanimer. Le discours de l'imam, structuré et inspiré d'une connaissance profonde du savoir authentique, se positionne aux antipodes des discours pseudo-religieux en vogue. Savamment et avec une grandeur d'âme singulière, il pousse le discours terroriste, sans l'interrompre, jusqu'à épuisement afin de l'inciter à s'autosaisir dans sa nudité intellectuelle. La référence au rationalisme d'un Averroès (Ibn Rochd) y est pour beaucoup. Un dialogue passionnant, dont certains passages donnent froid dans le dos, mais procurent un soulagement quant au rétablissement du sens dans une réalité qui, jadis, échappait à l'entendement. Les promoteurs de la réconciliation nationale sont identifiés, par une belle métaphore, à Antigone de Sophocle, qui, défiant toutes les lois de la Cité, édictées par Créon, se réfère à une loi «non écrite, mais inscrite dans les cœurs depuis la nuit des temps». Le rôle de la prison, de la justice et du psychologue est également mis en exergue, par le terroriste lui-même, dans l'incitation à la repentance effective et non administrative. Le livre est préfacé par le criminologue Xavier Raufer de l'université Paris II : «Rien ne permet mieux de distinguer la religion islamique de sa perversion salafiste-armée que le livre de Farid Bencheikh. Ce point est crucial car ne pas effectuer cette distinction revient bien sûr à rejeter tous les musulmans dans les bras des fanatiques, politique du pire qu'il faut à tout prix éviter», écrit-il. «C'est une opportunité rare, écrit Xavier Raufer, que d'avoir à préfacer un texte aussi important que celui de Farid Bencheikh. Important car la lecture du ‘‘Dialogue entre un terroriste et un imam'', révèle, sur le ‘‘salafisme armé'' et le terrorisme islamiste, mille choses qu'on saisissait mal auparavant ; cent événements jusqu'alors obscurs s'éclairent ; hier encore opaque, l'âme du ‘‘soldat de Dieu'' devient transparente. Tout cela dépasse, et de loin, le cas algérien ; méditer ce texte c'est mieux comprendre l'islamisme à l'échelle mondiale.»