Le 14 février rime souvent avec chocolats, billets doux et roses rouges pour certains Algériens. Parallèlement, une grande hostilité et vives répulsions sont exprimées par des groupes opposants arguant une influence culturelle occidentale. Méconnaissant les véritables origines de cette célébration de l'amour, on préfère l'accoler à «l'irréligion». Naouel Boukir – Alger (Le Soir) – Pour prononcer un quelconque jugement sur une personne, un principe ou même une idée, il y a lieu de connaître le sujet ; de l'étudier si cela est nécessaire. Sinon autant s'abstenir d'en avoir une opinion. Pour revenir sur les racines de la fête de la Saint-Valentin, qu'on présume de croyance chrétienne, la majorité des Algériens, mais pas que, n'ont d'elle que cette conception globale et globalisée. En vérité, ce qu'on qualifie aujourd'hui de fête des amoureux prend ses origines dans l'Angleterre médiévale où l'on croyait que le 14 février était le jour où les oiseaux «s'appariaient». Ce qui peut illustrer cette connotation relative à l'amour. Plus tard, nombre d'auteurs du XIVe siècle ont repris cette symbolique dans leurs écrits. De fil en aiguille, la célébration de cette journée s'est répandue à l'image de ces œuvres, en Europe, puis au reste du monde. Cependant, dès le XXe siècle, en voulant donner un caractère un peu plus «légendaire» à celle-ci, on lui a associé des références à la mythologie grecque et à l'histoire du christianisme. Or, le calendrier chrétien n'y fait aucunement allusion aujourd'hui. Il s'agit plutôt d'une fête civile et laïque. Il est vrai que cette part «d'antiquité» amplifiée a certainement profité au caractère commercial de la Saint-Valentin. Pourtant, ce sont seulement ces dernières années que cet aspect «matériel» s'est intensifié par l'effet de la société de consommation et du consumérisme. L'échange de présents était, quelques décennies en arrière seulement, relatif à «une communion» et un partage de ses sentiments d'amour et de reconnaissance avec les êtres chers, amoureux(se), amis, parents, enfants ... Aujourd'hui, on a complètement traqué cet échange de lettres et de petites sucreries, allusion à la passion et à la douceur, avec celui des cadeaux matériels à proprement parlé. Ceci de façon globale. Pour revenir sur le contexte local, il y a lieu de savoir que l'amour, dans son sens large, bénéficie d'une image peu aimante auprès de certains groupes intégristes, devenus pesants sur l'opinion publique. Et tout ce qui peut s'y référer, de près ou de loin, est traité, tel un sujet tabou, avec beaucoup de véhémence. Alors ressort l'argument fatal de la religion dès que certains, veulent célébrer la Saint-Valentin, ou du moins l'amour, par une fleur ou une rose. Ils sont montrés du doigt et qualifiés de «pécheurs et d'hérétiques». Car voulant, selon eux, s'allier à des «traditions occidentales ou chrétiennes». Le non-conformisme à leurs perceptions est, dès lors, perçu comme une sorte d'irréligion. Pire encore, certains médias, partageant leur idéologie, véhiculent une représentation totalement contrefaite du 14 février. Ceci en lui incriminant explicitement l'expansion des réseaux de prostitution et l'accroissement de la consommation d'alcool, de drogues et de stupéfiants. Comme quoi, la célébration de l'amour est associée à la délinquance. Un entendement qui commence, malheureusement, à prendre l'allure d'un endoctrinement, facilité par les réseaux sociaux et la diffusion des médias à grande échelle.