Aliment de prédilection des Algériens, il échappe dans le langage commun aux connotations péjoratives et est sentencieusement sanctifié graine de survie. Une profondeur qui n'est, hélas, pas traduite dans la vie de tous les jours. La majesté de la baguette du subconscient devient dans la réalité une médisance du pain bénit. Avec un ratio journalier de 500 à 700 grammes par individu, l'Algérien est incontestablement le premier consommateur de pain dans le monde au moment où les capacités productives du pays en céréales demeurent largement en deçà de la demande. Dès lors, la facture induite par le recours cyclique à l'importation de blé, aussi bien pour satisfaire les besoins courants qu'afin d'assurer des réserves de sécurité dans des conditions de stockage souvent inadaptées au-delà de la qualité du produit lui-même, subventionné au demeurant, est exorbitante. Déperdition dans les différents processus de transformation de par le déficit en matière technologique qu'accusent les minoteries étatiques et/ ou privées, spéculations, gaspillage et qualité douteuse du produit fini qu'est le pain, affectent, à leur tour, doublement la trésorerie de l'Etat et posent avec acuité la problématique du pain en Algérie. Autant de postulats qui ont jalonné la philosophie du groupe des Grands moulins Belghit (GMB) implantés à M'daourouch dans la wilaya de Souk-Ahras qui s'apprête à lancer sa première boulangerie industrielle dans le Constantinois, précisément à la zone industrielle E'taref dans la commune Ibn Badis. Une entité qui portera le nom «Pain sur table» (PST), «projet citoyen innovant», tient à le souligner son promoteur et non moins président-directeur général du groupe Zerouki Abdelkrim qui met en avant de son exposé les préalables de l'intérêt et la satisfaction du consommateur et aspire à travers l'élargissement du modèle PST à la réduction de la facture alimentaire du pays de près de 1 milliard USD. De par l'expérience de son groupe, étant le seul opérateur algérien exportateur de farine (2005-2010) attestant d'un procédé breveté dans la fabrication de cette dernière et se plaçant leader dans le domaine des boulangeries industrielles (6 projets au total), il estime que son approche est à même de résorber quelques aspects de la problématique du pain en Algérie. Problématique qui se manifeste notamment dans les tensions permanentes sur le pain, les prix pratiqués, le poids réel de la baguette, qualité nutritive et sanitaire du pain, coût élevé à la production et outils technologiques inadaptés à une production optimale de la matière première, la farine en l'occurrence. Aussi propose-t-il une assistance aux autres minotiers et un partenariat avec les moulins étatiques pour la généralisation du procédé breveté des Moulins Belghit qui, selon le tableau comparatif présenté, peuvent atteindre un taux d'extraction de 80% contre 75% et 73% pour les procédés classiques et une farine de meilleure qualité permettant un rendement de 550 baguettes de pain par quintal de farine contre respectivement 500 p/q et 450p/q. Soit un rendement annuel respectif de 521 pains par habitant, 595 p/h et 698 p/h pour la farine Belghit pour un coût moindre d'environ 720 millions USD et 1 milliard USD par an et pour une même capacité de trituration de blé tendre des trois procédés. Le projet «Pain sur table» repose lui sur la production en boulangerie industrielle d'une capacité de 8 000 baguettes de pain précuit par heure d'une variété de produits selon les standards mondiaux d'hygiène, de durée de fermentation, de conservation et des conditions de livraison idoines aux boulangeries et mandataires qui assureront la cuisson finale dont la durée ne dépasse pas les 5 minutes. Equipés en conséquence (chambres froides et fours rotatifs adaptés) ces derniers peuvent prétendre à la revente de différents types de pains produits par PST, chaud à tout moment de la journée sans se soucier de leur stock qui est géré en temps réel par le fournisseur via une autre innovation du même groupe, le système Target déjà mis à l'épreuve dans le suivi instantané et à distance des flux de matières et financiers s'agissant des produits des Grands moulins Belghit. Les boulangeries qui seront dotées de caisses automatisées reliées au serveur du site de production permettent en effet le suivi et le contrôle en temps réel des commandes, des stocks, des retours d'invendus, des recouvrements et du planning de production. Les matières premières produites par les Moulins Belghit qui sont la farine, la semoule, la semoule d'orge et l'asphofibre nécessaires à la gamme variée de pains envisagée sont, elles, acheminées directement aux silos de PST par vraquiers afin d'éviter toute sorte de contamination. La galette traditionnelle sous ses différentes formes connues est également produite par PST, dotée également d'une ligne de production pour ce faire, au même titre que la viennoiserie qui portera le même label.