Le spectre de la hausse du prix du pain

Les minoteries mal approvisionnées par l’OAIC

Ces unités recourent à l’importateur privé et revoient à la hausse le prix du quintal de farine panifiable aux boulangeries.
Les minotiers estiment qu’ils ne sont pas suffisamment approvisionnés en blé tendre par l’Office algérien interprofessionnel des céréales (OAIC). Contrairement à ce qui a été fixé comme seuil d’approvisionnement par le gouvernement, à savoir 50% des capacités des unités de transformation de blé en farine panifiable, “n’a jamais été respecté�, dénoncent-ils. Ces opérateurs avouent que les quantités assurées par l’office ne dépasse pas les 32%. Ce qui les pousse à recourir à d’autres moyens pour alimenter à leur tour les boulangeries. Les minotiers se rabattent sur les importateurs privés afin de compenser le manque dont ils souffrent en matière première. C’est le cas de la minoterie “Côte Ouest� de Tipaza, pour ne citer que cet exemple, qui ne reçoit qu’à hauteur de 30% de ses besoins en blé tendre de la part de l’OAIC. Au lieu de recevoir entre 1 200 à 1 400 tonnes/mois de blé tendre, cette unité n’est alimentée que de 880 tonnes/mois. Ce qui est loin d’égaler les 50% prévus, voire exigés par les pouvoirs publics. Avec une telle quantité, cet opérateur privé ne peut travailler, selon lui, que deux jours et demi dans la semaine. Or, les capacités de trituration de ses équipements se situent entre 2 200 à 2 400 tonnes/mois. Ainsi, l’usine ajoute les quantités manquantes auprès de Novo grain, un importateur privé installé à Blida, afin de satisfaire la demande des boulangers. Face à une telle problématique, il a réduit son personnel de 60 à 48 employés. Toutefois, le recours à cette solution de rechange n’est pas sans conséquences sur les tarifs de la farine panifiable pratiqués par l’ensemble des transformateurs (minoteries). La plupart est dans l’obligation de revoir à la hausse les prix du quintal de farine vendue aux boulangeries. Au lieu de vendre le quintal de farine à 2 000 DA, prix arrêté par l’État conformément au décret exécutif N° 96-132 du 13 avril 1996, ils greffent entre 100 et 200 DA pour que leurs usines soient rentables. Le prix de la tonne de blé tendre chez le privé, selon certaines indiscrétions, avoisine les 17 000 DA. Un quintal de farine panifiable, estime un autre meunier, peut produire 500 baguettes de pain. En dépit du prix du quintal de farine panifiable arrêté unilatéralement par les minotiers, les boulangers, souligne un opérateur, dégagent un bénéfice d’environ 14 DA. Évoquant les difficultés auxquelles font face les unités de transformation, la même source précise que sur les quantités de blé tendre reçues, ils n’extraient que 72% de farine propre. Le reste représente 25% de son sans valeur et 2 à 3% d’impuretés.
Cette situation a été provoquée, pour rappel, suite à la flambée des prix des blés tendre et dur sur le marché mondial. À cet épineux problème, il y a lieu d’ajouter la production céréalière nationale de plus en plus faible. Pour l’année dernière, il a été produit quelque 4 millions de tonnes. Les besoins de l’Algérie en céréales avoisinent, par conséquent, les 6 millions de tonnes. Selon un des responsables de l’OAIC, l’Algérie importe plus de 50% de ses besoins. L’office commercialise, de ce fait, entre 3 à 4 millions de tonnes de céréales chaque année. Ce cadre rassure que l’OAIC dispose d’un stock suffisant pour répondre aux besoins des minoteries sans toutefois préciser la durée. Par ailleurs, un séminaire franco-algérien intitulé “du grain au pain� a été organisé hier par la mission économique de l’ambassade de France en Algérie en marge du salon de l’agroalimentaire Djazagro. La France produit entre 29 et 38 millions de tonnes de blé tendre par an. C’est le fait de quelque 150 000 producteurs. Cette quantité confère à la France le rang de deuxième exportateur mondial pour la saison 2002-2003 avec 3 millions de tonnes vendues vers le Maghreb. Entre 2002 et 2003, l’Algérie a importé pour près de 5 millions de tonnes de céréales dont 1,5 million de tonnes de France. Depuis que l’Algérie ainsi que l’Égypte ont diminué leurs importations en s’équipant massivement de moulins, est intervenue la chute des ventes de la meunerie française.
B. K.