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L'entretien de la semaine Mlle Messaouda Thria, chargée de communication au niveau de l'association SOS Hépatites, au soirmagazine :
«Se faire dépister, c'est pouvoir mieux se soigner»
Dans cet entretien, Messaouda Thria, chargée de communication de l'association SOS Hépatites, éclaire les malades sur le virus de l'hépatite C et ses zones d'ombre. Ce mouvement associatif œuvre à la «déstigmatisation» des personnes vivant avec la maladie, et ce, par tous les moyens possibles. Soirmagazine : Pouvez-vous vous présenter aux lecteurs de Soirmagazine et présenter votre association ? Messaouda thria : Membre bénévole depuis 2009, élue au bureau national et chargée de communication, mon rôle et ma mission sont en premier lieu l'amélioration des actions de communication telles que choisir et contacter les sponsors et les partenaires, réaliser ou faire réaliser les supports et les actualiser (écrits, dossiers presse, campagne de sensibilisation), organiser les conférences de presse et coordonner l'évolution des activités et des actions des bureaux de wilaya qui travaillent comme des garde-fous afin d'améliorer les conditions des malades et leur prise en charge. Notre association SOS Hépatites a été créée le 12 janvier 2003. Elle œuvre pour la sensibilisation du grand public ainsi que les professionnels de la santé aux hépatites, en particulier à l'hépatite B et C. Son fer de lance reste l'information efficiente par des programmes et des supports éducatifs, ses publications et ses réunions inter-malades. En outre, SOS Hépatites offre le soutien aux patients qui vivent au quotidien avec cette maladie insidieuse. L'un de ses principaux objectifs reste la «déstigmatisation» de la maladie pour toutes les personnes vivant avec le virus, et ce, par tous les moyens possibles. Nous avons organisé, à cet effet, plusieurs campagnes nationales de sensibilisation, plusieurs journées de dépistage gratuit des hépatites. L'association SOS Hépatites a pour but d'informer le grand public sur le danger que représentent les hépatites et de contribuer à une meilleure connaissance de ces maladies sournoises, afin de maîtriser leur propagation, dans un souci de santé publique. La prévention reste la meilleure stratégie contre la propagation de la maladie. Nous travaillons pour mieux expliquer aux malade et à un large public les moyens de contamination et les gestes de la vie quotidienne à adapter afin de se prémunir de cette maladie. L'association SOS Hépatite est, à travers ses différentes interfaces de communication, un espace d'échange permettant aux personnes atteintes de partager leur vécu, leur histoire, leur combat. L'association permet ainsi une meilleure communication entre les patients et le grand public en brisant l'isolement tout en provoquant le débat sur les maladies dormantes que sont l'Hépatite B et C. C'est quoi l'hépatite C ? Je ne peux proposer une autre définition que celle donnée par les spécialistes et plus précisément que l'on peut trouver sur le site internet de l'Organisation mondiale de la santé (OMS). L'hépatite C est une maladie du foie causée par un virus. Le virus de l'hépatite C. Il peut entraîner à la fois une infection hépatique aiguë et une infection chronique, dont la gravité est variable, pouvant aller d'une forme bénigne qui dure quelques semaines à une maladie grave qui s'installe à vie. C'est un virus transmis par le sang et les modes d'infection les plus fréquents résultent de pratiques d'injection à risque, d'une mauvaise stérilisation du matériel médical dans certains établissements de soins, et de l'absence de dépistage du sang et des produits sanguins avant transfusion. Le virus de l'hépatite C (VHC) est responsable à la fois de l'infection aiguë et de l'infection chronique. La forme aiguë de la maladie est généralement asymptomatique, et n'est que très rarement associée à une maladie engageant le pronostic vital. Environ 15 à 45% des personnes infectées se débarrassent spontanément du virus dans les 6 mois qui suivent l'infection, sans aucun traitement. Pour les autres, soit 55 à 85% des personnes infectées, l'infection évoluera vers la forme chronique de la maladie. Parmi celles-ci, le risque de cirrhose du foie est de 15 à 30% sur une durée de 20 ans. La prévention est nécessaire, notamment en se rendant chez le dentiste. Des études avancent que 70% des malades auraient contracté le virus chez ce dernier. Les patients, soit ils ne savent pas qu'ils sont atteints du mal, soit ils ne veulent pas le dire quand ils le savent. Qu'en pensez-vous ? Evidemment, la prévention est primordiale chez les dentistes mais les cabinets de soins dentaires ne représentent plus le même danger qu'il le fût il y a quelques années. Il est vrai, d'une part, de dire que beaucoup de personnes ne savent pas qu'elles sont porteuses du virus (nous sommes devant une maladie asymptomatique) et qui consultent les dentistes pour des soins ; d'autre part, certains malades ne confient pas aux dentistes qu'ils sont atteints d'une maladie transmissibles d'autant plus l'hépatite C ; ces gestes engendrent de nouveaux cas. Ce que nous pouvons confirmer c'est que les risques de contamination chez les dentistes ont diminué. Nous avons mené un combat fructueux ; une pression exercée par l'association sur le ministère de la Santé il y a quelques années qui a fini par exiger aux dentistes l'utilisation des autoclaves pour stériliser les instruments. En effet, depuis près de deux ans, le ministère de la Santé a exigé aux dentistes d'installer les autoclaves. Y a-t-il un contrôle à ce sujet ? Le ministère de la Santé a pris en considération l'importance du suivi de ses notes et circulaires qui ont été communiquées à tous les dentistes sur le territoire national, accompagnées par le guide d'achat d'un bon autoclave que l'ordre des chirurgiens dentistes à préparé ; des équipes de spécialistes ont inspecté les cabinets privés et procédé à la fermeture de certains qui ne répondaient pas aux normes. Outre les dentistes, y a-t-il un autre vecteur de transmission ? Comme je l'ai précisé plus haut, les dentistes ne sont plus les premiers qui présentent le danger le plus grave. Nous menons maintenant un combat contres les instituts de beauté et les charlatans qui traitent les malades à l'ancienne (hidjama ; ktîe et autres) ainsi que les esthéticiennes qui proposent leur services à domicile. Ce sont de nouveaux vecteurs de transmission à combattre. Depuis un peu plus de deux mois, un laboratoire algérien fabrique et commercialise un médicament permettant la guérison de cette maladie. Pouvez-vous nous en parler ? Qui peut en bénéficier ? Oui, effectivement, il s'agit du laboratoire Beker, un laboratoire algérien spécialisé dans la recherche et le développement du générique, spécificité grâce à laquelle il a pu mettre à disposition du malade algérien atteint de l'hépatite C un traitement, le Sofosbuvir.. Cela a permis une meilleure prise en charge sur tous les plans thérapeutiques avec un taux de guérison de plus de 90% et une qualité de vie nettement meilleure. A quelle période de la maladie est-il efficace, et quel est l'âge idéal ? Le traitement est efficace aux différents stades hormis le stade de cirrhose avancé ou décompensé. L'âge n'a pas d'impact sur l'efficacité, le seul paramètre est le stade de la maladie ainsi que le type de cette dernière. Ce médicament est-il disponible dans toutes les wilayas ? Le produit est strictement hospitalier. De ce fait, grâce au travail et aux mesures entreprises par la Pharmacie centrale des hôpitaux qui, aujourd'hui, dispose d'un stock qui permet de répondre à toutes les demandes des différents hôpitaux car c'est une demande nominative. Quelles sont les chances de survie des malades ? L'hépatite C est une maladie à évolution silencieuse, le malade peut vivre plus de 20 ans avec sans pour autant le savoir et souvent quand le diagnostic est posé, la maladie est à un stade avancé. D'où la nécessité de sensibiliser la population et mettre en place un système de dépistage efficace afin de rompre le cercle vicieux de la contagion, un souci majeur dans cette affection. Aujourd'hui, c'est une nouvelle ère thérapeutique pour l'hépatite C en Algérie, un nouveau souffle et un nouvel espoir pour nos malades, afin qu'ils mènent une vie normale. Un mot pour conclure... Se faire dépister, c'est pouvoir mieux se soigner.