Le campus d'Aboudaou abrite, depuis samedi, les travaux du colloque international sur la «confection de dictionnaires monolingues amazighs». Initiée par le Haut-commissariat à l'amazighité, cette rencontre scientifique de trois jours s'inscrit dans le sillage de la constitutionnalisation de tamazight comme langue nationale et officielle telle que mentionnée dans le projet de la nouvelle Constitution, a affirmé le secrétaire général du HCA, El-Hachemi Assad. Près de 35 conférences sont programmées pour cette rencontre scientifique qui a enregistré la présence de nombreux spécialistes nationaux et étrangers et des étudiants visant à apporter «un éclairage théorique et méthodologique nécessaire à la confection de dictionnaires», a fait savoir El-Hachemi Assad. Tout au long de ces trois journées de la rencontre qui s'achèvera aujourd'hui lundi, les travaux du colloque aborderont différentes problématiques relatives à l'élaboration de dictionnaires monolingues amazighs modernes, comme l'utilisation d'une métalangue amazighe dans la définition des mots et comment traiter les néologismes et lesquels adopter dans les dictionnaires amazighs. «La langue amazighe doit entamer aujourd'hui l'aménagement de son corpus et la confection de dictionnaires monolingues modernes transcendant les productions lexicographiques bilingues destinées aux chercheurs généralement non amazighophones (...). L'objectif est donc de susciter cet intérêt pour ce genre de productions scientifiques vitales pour l'apprenant et l'usager de la langue», a souligné le secrétaire général du HCA qui estime que la rencontre de Béjaïa marquera une résurgence «concrète et profonde» de la ressource linguistique amazighe en Algérie. Le colloque constitue une opportunité «prodigieuse» pour les chercheurs venus de différents pays (Algérie, Maroc, Suisse, France, Italie) d'échanger leurs connaissances et expériences dans le domaine de la lexicographie amazighe, a soutenu le recteur de l'université Abderrahmane-Mira dans son intervention à l'ouverture de la rencontre. De son côté, Noura Tigziri, membre du Laboratoire de l'aménagement et d'enseignement de la langue amazighe (LAELA), note que de nombreux dictionnaires de la langue amazighe ont déjà été publiés tout en soulignant, dans le même sillage, que «désormais, il faudrait chercher la qualité du contenu plutôt que la quantité». Et d'ajouter que le dictionnaire qui reste un outil important dans le domaine de l'enseignement, devrait également être disponible sous forme électronique sur Internet car «le dictionnaire en ligne est non seulement facile à utiliser, mais également facile d'accès à un grand nombre d'utilisateurs», a-t-elle expliqué. Noura Tigziri affirme que le Laboratoire qu'elle dirige à l'Université de Tizi-Ouzou travaille sur un dictionnaire électronique du tamazight. Interrogé sur quelle notation sera transcrit le dictionnaire, le secrétaire général du HCA, El-Hachemi Assad a fait savoir que «la transcription ne sera pas abordée pour le moment». «La question risque de court-circuiter nos présents efforts et nous devons l'aborder dans la sérénité. Actuellement, les spécialistes travaillent en latin, mais notre démarche encourage aussi la polygraphie», a expliqué El-Hachemi Assad tout en annonçant que cette question sera traitée dans le cadre de l'académie qui sera créée en vue de prendre en charge la promotion de tamazight. Il convient de signaler qu' un centre de recherche en langue et culture amazighes est en construction à l'université de Béjaïa. Le centre en question sera livré avant le mois de décembre 2016, s'est engagé le wali devant le ministre de l'Enseignement supérieur et la Recherche scientifique en visite de travail le week-end à Béjaïa.