La mission du Fonds monétaire international (FMI), qui a séjourné en Algérie du 1er au 14 mars 2016, a estimé que le recours à l'endettement extérieur de l'Algérie était «inévitable» et «souhaitable» pour le pays et ce, compte tenu de l'ampleur des déficits et de la réduction de l'épargne budgétaire. Cette mission estime qu'au vu de la diminution rapide de l'épargne budgétaire, «l'Algérie devra faire davantage appel à l'endettement pour financer les déficits à l'avenir». Younès Djama - Alger(Le Soir) - Selon le chef de cette mission, Jean François Dauphin, qui rendait compte hier lors d'une conférence de presse des conclusions de la mission, a indiqué que «compte tenu de l'ampleur des déficits et de la réduction de l'épargne budgétaire, le recours (par l'Algérie) à l'endettement extérieur est inévitable et j'allais dire, souhaitable aussi». «L'Etat a à sa disposition une palette d'outils pour financer son déficit et tous ces outils peuvent apporter leur pierre à cet édifice», a signifié le représentant du FMI, ajoutant que l'endettement extérieur est utile «parce que si l'on fait porter l'essentiel du financement du déficit sur les ressources intérieures il y a le risque d'éviction, c'est-à-dire le risque que l'on prenne plus que les ressources nécessaires et ne laisser que peu de place au secteur économique pour que lui aussi puisse se développer». Selon Jean François Dauphin, faire appel à l'endettement extérieur «c'est aussi une manière de diminuer le risque d'effet d'éviction et par ailleurs, c'est aussi des rentrées de devises». Selon le représentant du FMI, l'endettement intérieur privilégié par les pouvoirs publics est lui aussi «utile» puisqu'il permet «de financer le déficit mais aussi étoffer le marché des capitaux, développer le marché obligataire ce qui est une bonne chose dans l'optique de le développer». «C'est d'autant plus faisable (endettement) que le niveau de dette aussi bien externe qu'interne est extrêmement faible», a encore martelé Jean François Dauphin. Néanmoins, signale le représentant du FMI, l'endettement externe et interne ne sont pas les seules ressources de financement pour l'Etat algérien, citant « l'ouverture du capital des entreprises publiques voire leur privatisation qui peut venir, selon l'orateur, enrichir la palette des possibilités de financement ». « L'ouverture du capital dans la transparence de certaines entreprises publiques contribuerait, selon la mission du FMI, à répondre aussi aux besoins de financement tout en améliorant la gouvernance de ces entreprises ». D'autre part, le chef de mission du FMI a appelé le gouvernement algérien à assouplir progressivement la règle 51/49% qui régit l'investissement étranger et de poursuivre ses efforts de la réforme du système des subventions qu'il a qualifiée de mesure « antisociale » du fait qu'elle profite plus aux riches qu'aux plus démunis. Le FMI pour le renforcement de la gouvernance des banques publiques La délégation du FMI qui a rencontré les plus hauts responsables du gouvernement, a rappelé que l'impact du choc pétrolier sur la croissance nationale «a été limité», mais «les soldes budgétaire et extérieur se sont considérablement détériorés». Aussi, la croissance du PIB réel est estimée, note aussi la mission du FMI, à 3,7% en 2015 dont 5% pour le secteur des hydrocarbures, tandis que l'inflation a augmenté à 4,8%. Le déficit budgétaire a lui presque doublé à 16% du PIB en 2015 «en raison d'un niveau sensiblement inférieur de recettes d'hydrocarbures». En outre, le FMI note que la chute des exportations d'hydrocarbures de près de moitié en 2015 «a provoqué un net creusement du déficit courant». Les réserves, elles, se maintiennent certes à un niveau élevé «mais, elles ont diminué de 35 milliards de dollars en 2015 pour s'établir à 143 milliards de dollars contre un maximum de 194 milliards de dollars en 2013», souligne la mission du FMI. Par ailleurs, la délégation du FMI recommande à la banque d'Algérie de poursuivre sa transition «vers un dispositif de supervision basé sur les risques», et d'étoffer le rôle de la politique macroprudentielle ainsi que de renforcer la gouvernance des banques publiques. La mission affirme saluer le budget 2016 «comme un pas décisif sur la voie de l'assainissement budgétaire, d'une meilleure rationalisation des dépenses et de la réforme des subventions». Elle estime que l'Algérie «devra maintenir cet assainissement à moyen terme afin de rétablir la viabilité des finances publiques, et assurer l'équité entre générations».