La boxe algérienne a confirmé durant le rendez-vous de Yaoundé, où s'est tenu le tournoi préolympique, qu'elle reste l'une sinon la meilleure école en Afrique. Avec cinq nouveaux boxeurs qualifiés pour le tournoi final des Jeux olympiques de Rio de Janeiro, notre pays plane véritablement sur le plan africain. Toutefois, l'essentiel n'étant plus d'honorer Pierre-de-Coubertin «l'essentiel est de participer» mais quelles pourraient être les chances du noble art algérien lors de la manifestation pugilistique de cet été ? En plus clair, la boxe a-t-elle des chances pour décrocher des médailles lors des joutes de Rio de Janeiro ? Mohamed Bouchama - Alger - (Le Soir) - Pour mémoire, l'Algérie a souvent récolté ses médailles olympiques grâce à la boxe. Mustapha Moussa (bronze à Los Angeles), Mohamed Zaoui (bronze à Los Angeles), Mohamed Alallou (bronze à Sydney) et notamment feu Hocine Soltani (bronze à Barcelone et or à Atlanta) ont honoré le noble art algérien en étant les artisans du tiers de la récolte du sport algérien aux Jeux d'été (l'Algérie a empoché 15 médailles dont cinq en or dans les 11 participations). S'il est vrai que notre élite nationale de boxe n'a rien obtenu durant les trois dernières éditions des JO (2004 en Grèce, 2008 en Chine et 2012 en Grande-Bretagne), il n'en demeure pas moins que le contingent des boxeurs constituait l'un des plus importants groupes au sein de la délégation algérienne engagée à ces joutes. Lors du tournoi d'Athènes, ils étaient 7 boxeurs (Mebarek Soltani, Benamar Meskine, Malik Bouziane, Hadj Belkheir, Filali Nacereddine, Nabil Kassel et Abdelhani Kenzi), 8 seront engagés quatre ans plus tard aux Jeux de Pékin (Abdelhafid Benchabla, Abdelkader Chadi, Nabil Kassel, Hamza Kramou, Chouaib Oussaci Abdelhalim Ouradi, Newfel Ouattah et Abdelaziz Touilbini) et le même nombre de boxeurs algériens décrochaient le fameux sésame pour l'édition de Londres en 2012 (Mohamed Flissi, Abdelhafid Benchabla, Abdelkader Chadi, Samir Brahimi, Mohamed-Amine Ouaddahi, Illyès Abbadi, Abdelmalek Rahou et Chouaib Bouloudinat). Trois éditions durant lesquelles l'Algérie n'a pas réussi à franchir l'écueil des quarts de finale (Benchabla a été éliminé à ce tour en 2008 puis en 2012 et Newfel Ouattah a connu le même sort en Chine). C'est dire la difficulté de nos boxeurs, et de l'ensemble des représentants du sport algérien d'ailleurs, à s'illustrer à l'occasion de cette manifestation planétaire d'envergure. Qu'en sera-t-il à Rio de Janeiro où la boxe algérienne portera à nouveau les espoirs de la délégation algérienne ? N'en déplaise aux «amis du football» qui croient que l'EN de Schürmann est en mesure de nous fournir des moments de joie lors de la fête du sport olympique au Brésil, ce sont les disciplines majeures, l'athlétisme et la boxe, qui peuvent apporter les bonnes nouvelles au sport algérien. Pour la boxe particulièrement, les chances de médailles olympiques sont réelles. Malgré l'ambition réservée des responsables de la FAB à l'exemple du DTN, Mourad Meziane qui, dans une déclaration au site électronique TSA, affirmait lundi que la boxe algérienne obtiendra «au moins une médaille» aux JO de Rio de Janeiro. M. Meziane ne donne pas la couleur encore de la catégorie où l'Algérie sera distinguée. Ce n'est pas tout à fait l'avis de l'ex-sélectionneur national, Azzedine Aggoune, aujourd'hui entraîneur de l'EN de Jordanie, que nous avons contacté. Pour M. Aggoune «l'Algérie dispose d'au moins deux possibilités de podium lors des Jeux de Rio», affirme-t-il. Et d'exhiber fièrement le nom des boxeurs en mesure de franchir le seuil des quarts de finale. «Je pense que Mohamed Flissi (52 kg) et Réda Benbaâziz (60 kg) ont les moyens d'atteindre les demi-finales. Le podium est largement dans leurs cordes. Ils sont les boxeurs les plus réguliers dans leur parcours. Leurs qualités sont reconnues partout. Pourvu qu'ils soient épargnés par les blessures et les passages à vide, je les vois bien monter sur le podium», assure Azzedine Aggoune qui fait valoir, à la question ayant trait à l'obstacle que peut constituer le tirage au sort, «le bon classement de ces deux boxeurs au niveau de l'Aiba». Pour M. Aggoune, qui prépare la sélection jordanienne au tournoi préolympique de la zone qui aura lieu en Chine (Qian 'an, 25 mars-2 avril), le renfort du staff technique algérien par l'arrivée de l'entraîneur ukrainien Bihikob Vinikov au lendemain des Mondiaux de Doha en 2015 «est en train de faire du bien à nos boxeurs». L'Ukrainien rejoint les membres algériens du staff, en l'occurrence Merchoud Behous, Rabah Hamadache et Boualem Ouaddahi. «C'est un technicien confirmé qui a été réclamé par les boxeurs eux-mêmes au lendemain des championnats du monde du Qatar, en 2015. Avec lui, les athlètes semblent retrouver leurs repères. Ils travaillent mieux et leurs ambitions sont plus grandes», explique celui qui pense que «la relève tarde à voir le jour en Algérie». Azzedine Aggoune se donne pour exemple l'absence de nouvelles têtes au sein de la sélection A. «Les boxeurs qui sont qualifiés aux Jeux de Rio de Janeiro ont été découverts par le staff que je dirigeais. C'est incroyable de constater que depuis mon départ, en 2013, aucun nouveau boxeur n'a pu émerger», se désole Azzedine Aggoune qui dit avoir fui la pression qui l'étranglait quand il était en charge des affaires techniques de la sélection algérienne. «En Jordanie, je n'ai pas cette pression. Je travaille avec des gens qui veulent réussir mais pas à n'importe quel prix. C'est un travail de long terme que je mène. La fédération locale n'a pas beaucoup de moyens mais n'a pas aussi des ambitions démesurées. Lors du tournoi préolympique de Chine nous serons heureux de placer un de nos éléments parmi les qualifiés aux JO-2016», fait savoir Aggoune. Pour lui, «une préparation adéquate pourrait permettre à nos boxeurs de bien négocier le tournoi de Rio. La FAB a, pour la précision, programmé deux stages en prévision du rendez-vous brésilien, l'un en altitude au Kurdistan, le mois prochain, et un dernier rassemblement à Cuba. Seront-ils suffisants pour offrir à la boxe algérienne de nouvelles joies après l'or olympique du regretté Hocine Soltani, en 1996, et la dernière médaille de bronze décrochée par Alallou en 2000 à Sydney ?