Les troupes syriennes ont gagné encore du terrain hier face au groupe Daesh dans le centre de la Syrie après la reconquête de la ville antique de Palmyre désertée par ses habitants. Fort de son plus important succès face à Daesh, forgé avec les forces de l'allié russe, le pouvoir veut sécuriser Palmyre, située dans la province de Homs, pour éviter une contre-offensive des terroristes qui l'ont contrôlée pendant près de dix mois. Hier, de violents combats se poursuivaient entre forces gouvernementales et terroristes aux environs d'Al-Qaryatayn, une localité située à 120 km à l'ouest de Palmyre tenue par Daesh, selon l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH), une ONG basée à Londres et proche de l'opposition. Cherchant à renforcer ses positions dans la province de Homs, l'armée s'est emparée avant l'aube de collines surplombant Al-Qaryatayn qui comptait une minorité chrétienne et avait été la cible en 2015 d'enlèvements menés par Daesh qui y avait aussi détruit un monastère. Outre al-Qaryatayn, les troupes loyalistes veulent reprendre Sokhné, ville à l'est de Palmyre et où se sont retranchés les terroristes après la reprise de la cité, selon une source militaire. Si le gouvernement s'emparait de Sokhné, il serait aux portes de la province pétrolière de Deir Ezzor (est), contrôlée en grande partie par Daesh. Et au cas où il s'emparerait d'al-Koum au nord de Palmyre, il arriverait à la lisière de Raqa, principal fief du groupe terroriste. Le commandement militaire syrien a affirmé que Palmyre serait «la base à partir de laquelle s'étendront les opérations contre le groupe terroriste, notamment à Deir Ezzor et Raqa (nord)», le but étant de «mettre fin à l'existence» de Daesh en Syrie. Le ministre syrien de la Défense, Fahed al-Freij, a qualifié la reprise de Palmyre, surnommée la «Perle du désert», comme une étape essentielle en vue de la «victoire finale» contre Daesh qui contrôle toujours de vastes territoires dans le pays en guerre. Les forces gouvernementales vont en outre chercher à déloger Daesh de la localité d'Al-Alianiyé, au sud de Palmyre, pour avancer vers la frontière avec l'Irak, contrôlée en grande partie par les terroristes islamistes. Pour Thomas Pierret, spécialiste de la Syrie, «Daesh est évidemment plus faible que par le passé», mais «se battra avec beaucoup plus de détermination pour garder Raqa, sa capitale de fait, et Deir Ezzor, la plus grande ville qu'il contrôle en Syrie et sa porte vers l'Irak». Dans Palmyre, les quartiers résidentiels ressemblaient à une ville fantôme, la quasi-totalité des habitants ayant fui les bombardements avant sa reprise par l'armée. Ils n'étaient toujours pas revenus hier, selon l'OSDH. Le site antique porte les stigmates des ravages de Daesh, qui a détruit deux de ses plus beaux temples, son Arc de triomphe et des tours funéraires. «Cinq ans seront nécessaires» pour réhabiliter les monuments endommagés ou détruits de cette cité antique classée au patrimoine mondial de l'Humanité, selon le chef des Antiquités syriennes, Maamoun Abdelkarim. Une experte de l'Unesco a toutefois mis en doute la capacité de rebâtir le site. Les forces armées syriennes s'emploient à désamorcer les mines et bombes laissées par les terroristes. Un premier groupe de démineurs russes, équipé de détecteurs de mines et de radars, avec des chiens démineurs, est parti hier matin pour Palmyre, selon un média russe.