L'Union générale des travailleurs algériens, l'UGTA de Abdelmadjid Sidi Saïd, et le forum des chefs d'entreprises, le FCE de Ali Haddad, ont rendu publique, hier vendredi, une déclaration commune pour dénoncer «une campagne malveillante et fallacieuse» ayant précédé la visite de Manuel Valls à Alger. Cette déclaration, aux relents d'une réaction «officieuse» du cercle présidentiel, vient sans doute comme premier «tir inaugural» de ce qui tiendra lieu de la réplique d'Alger au geste peu élégant du Premier ministre français. Kamel Amarni - Alger (Le Soir) - Manuel Valls, dont la visite à Alger avait été précédée par une vive tension entre les deux pays, autour de l'affaire Le Monde, et qui a failli même faire annuler cette même visite, n'a pas manqué de relancer la crispation des relations entre les deux capitales ! A la fin de sa visite, clôturée comme c'est devenu une tradition, par l'audience la plus importante, celle accordée par Abdelaziz Bouteflika, Manuel Valls publiera sur son compte Twetter une photo du jour, celle le montrant avec Bouteflika à Zéralda. Une photo où l'on peut aisément voir un Bouteflika «des mauvais jours», extrêmement fatigué, la bouche entrouverte et le regard figé sur les photographes et leur salve de flashs. La photo en question étant en réalité prise pendant la séance photos précédant l'audience et non pas durant celle-ci. N'empêche, sa publication par Manuel Valls déclenchera un déluge de réactions, en Algérie et en France, sur l'état de santé de Bouteflika. Ce que l'UGTA et le FCE, qualifient, dans leur communiqué «de campagne qui atteint son paroxysme avec des manipulations diffamatoires dirigées contre l'institution présidentielle au lendemain de la fin de la visite». Ce qui est par contre surprenant, dans cette seconde phase de ce qui convient d'appeler «l'affaire Valls», c'est l'absence de réaction officielle, sous aucune forme, de la part des responsables algériens ! Pourtant, une semaine auparavant, un simple article de presse, illustré par une photo de Bouteflika, avait déclenché une réaction intempestive et au plus haut niveau de l'Etat ! Pour beaucoup moins que cela, c'est-à-dire des spéculations autour de son état de santé sur la base d'une «photo», Bouteflika en personne avait toujours réagi à sa façon pour démentir la rumeur, souvent en «improvisant» une audience de dernière minute ou une réunion «restreinte», rien que pour reparaître à travers le journal télévisé de l'ENTV. Or, depuis dimanche dernier et la fin de la visite de Valls et la publication de «sa photo», pas aucune autre image de Bouteflika ! Jeudi dernier, l'envoyé spécial du président de la Guinée-Equatoriale, auprès de Bouteflika, c'était Abdelmalek Sellal qui le recevait à sa place. Ce qui relance légitimement les spéculations sur l'état de santé de Bouteflika durant cette semaine. Et c'est certainement ce qui explique le plus la sortie conjointe de Abdelmadjid Sidi Saïd et de Ali Haddad, un vendredi ! Ces deux hommes, très proches du cercle présidentiel ne se seraient jamais risqués à une telle prise de décision, un jour de repos en plus, sans en avoir été autorisés. A l'évidence, le pouvoir voulait briser ce silence pesant avant les sorties des «officiels» , dès aujourd'hui samedi comme Abdelmalek Sellal à partir de Constantine ou de Ahmed Ouyahia à travers une activité de son parti, le RND. Ceci, en attendant le retour sur scène, prévu cette semaine, de l'autre porte-parole officieux du cercle, Ammar Saâdani !