L'avenir politique de Michel Platini est entre les mains du Tribunal arbitral du sport (TAS), qui doit rendre ce matin (10h à Alger) une décision sur sa suspension de six ans infligée par la Fifa, le Français espérant retrouver son costume de président de l'UEFA à un mois de l'Euro-2016. La fin du feuilleton approche pour l'ancien n°10 et capitaine des Bleus. Premier cas de figure, la plus haute juridiction sportive, annule sa sanction et il pourra donner le coup d'envoi du Championnat d'Europe, qui débute le 10 juin en France. Dans le cas contraire, «l'histoire est finie», comme il l'a lui-même lâché le 29 avril après son audition de huit heures par le trio d'arbitres chargé de trancher son cas. Platini aurait alors tout perdu, lui qui a déjà dû renoncer à la présidence de la Fifa, laissant la voie libre à son n°2 Gianni Infantino, devenu le nouveau patron de la Fédération internationale. Au cœur de la procédure : un paiement de 1,8 million d'euros reçus en 2011 de la Fifa pour rémunérer un travail de conseiller de Joseph Blatter, alors président, achevé en 2002 sans contrat écrit. Une affaire révélée en septembre dernier sur la lancée du vaste scandale de corruption qui ébranle l'instance mondiale et a précipité la chute des deux hommes les plus puissants de la planète football. Platini «encore plus optimiste» Platini et Blatter ont toujours affirmé qu'il s'agissait d'un solde de tout compte sur la base d'un contrat oral, engagement reconnu en Suisse. Un argument qui n'avait pas convaincu la justice interne de la Fifa qui a suspendu le 21 décembre les deux hommes de toute activité liée au football durant 8 ans, les jugeant coupables «d'abus de position», de «conflit d'intérêts» et de «gestion déloyale». Une punition ramenée à six ans en appel. Outre la justice sportive, Blatter est mis en examen en Suisse pour ce paiement (et pour un contrat de droits TV présumé très en-dessous des prix du marché au détriment de la Fifa). Platini, lui, a été entendu comme témoin assisté. «J'ai dit que comme devant le but, j'essaie d'être précis, net et concis. Donc j'ai travaillé, j'ai fait une facture, j'ai suivi les directives de la Fifa, j'ai reçu l'argent et j'ai payé mes impôts», avait expliqué Platini après son passage devant le TAS, se disant «encore plus optimiste». Blatter, cité comme témoin par la Fédération internationale, a «exactement confirmé» cela, avait assuré le Français. Enjeu capital pour l'UEFA Au-delà du cas personnel de Platini, l'enjeu est aussi capital pour l'UEFA qui peut difficilement débuter l'Euro, sa compétition-reine, sans chef à son bord. Confrontée à une terrible vacance du pouvoir, l'institution européenne attend donc avec impatience de connaître le sort qui sera réservé à son président suspendu avant de prendre une décision définitive le 18 mai, comme l'a décidé son Comité exécutif, le 3 mai à Budapest. «Soit nous acterons le retour de Michel Platini, soit nous aurons une discussion sur la situation à la présidence et nous discuterons de l'étape suivante», a exposé Theodore Theodoridis, secrétaire général par intérim de l'UEFA depuis l'élection de Gianni Infantino à la tête de la Fifa. Dans l'attente du verdict du TAS, la Confédération européenne n'a pas nommé formellement de président par intérim. L'Espagnol Angel Maria Villar, en tant que vice-président senior, prend la parole dans les grandes occasions, comme à Budapest, assisté par Theodore Theodoridis. Si Platini échouait devant le TAS, l'élection d'un nouveau président pourrait en théorie être organisée en urgence, sans le délai de trois mois de campagne électorale prévu par les statuts. «Nous pouvons réduire ce délai à deux voire à un mois mais cela ne veut pas dire que nous le ferons, attendons le verdict du TAS», a précisé Alasdair Bell, directeur juridique de l'UEFA.