C'est la seconde fois dans les annales de l'histoire de la r�gion qu'un tel �v�nement se f�te dans la liesse g�n�rale, et ce, comme il se doit. Le m�rite revient � un cercle d'amis de Djelfa qui prend progressivement de la taille, dont le leitmotiv est d'instaurer une tradition pour que cesse la tendance � l'oubli des valeurs ancestrales. Cette �dition a vu l'implication du secteur de la culture par un cachet local particuli�rement riche en activit�s r�cr�atives. C'est dire la port�e que l'on entend attribuer � cet anniversaire, celui de toute une r�gion o� pas moins de 28 tribus se c�toient depuis la nuit des temps. C'est donc le 20 f�vrier 1861 que fut cr�� par d�cret napol�onien un centre de population civile constitu� de 55 feux au lieu baptis� Djelfa. Pour appuyer leur faire-valoir dans le but de d�crocher cet acte imp�rial, les militaires d�j� en place avaient argu� de l'importance d'un march� prosp�re et l'excellente qualit� des terres agricoles r�cup�r�es sur les mar�cages. Ce qui, en th�orie, laissait pr�voir la ru�e vers la fortune de concessionnaire. L'occupant tenait aussi et plus m�me � officialiser la pr�sence d'un groupe social y vivant d�j� depuis 1854. Une quarantaine d'habitations pour 144 �mes, pour mieux le contr�ler ! Il y eut effectivement plusieurs demandes � la concession agricole, pour la plupart des Europ�ens, quelques autochtones issus du ca�da et enfin la corporation ibadite. Il fut ensuite d�cid� la construction d'une �glise, d'un presbyt�re, d'une �cole et d'un barrage sur l'oued Mekhelkhel, suivis de la pose d'une conduite d'eau pour l'alimentation des foyers et l'irrigation des jardins. L'effort colonial de peuplement de cette zone par la distribution de lots � b�tir � titre gracieux a entra�n� l'augmentation exponentielle de la population civile europ�enne que ni l'ins�curit� — attaques de plusieurs colonnes militaires et assassinat du mar�chal des logis Boisguilbert — ni la rigueur du climat n'avaient d�courag�s ! La pierre inaugurant Djelfa en tant que lieudit fut pos�e en 1852 pour l'�dification d'une fortification faisant office �galement de caravans�rail pour les campagnes militaires qui devaient avoir lieu plus tard vers le sud. Le 19 avril 1861, soit deux mois, jour pour jour, apr�s la naissance administrative de Djelfa, on ex�cuta le premier chahid de la contr�e : Bouchendouga ainsi que ses compatriotes "coupables" d'avoir perp�tr� une attaque sanglante contre justement les militaires fran�ais occupant cette fortification. Parall�lement � l'�dification coloniale, le calife des Ouled Na�l, Si Cherif Benlahrech, entreprit � son tour la construction de sa zaou�a dont les travaux ont dur� deux ans. Ce n'est qu'en 1868 qu'on �rigea un ouvroir destin� � l'apprentissage des m�tiers � tisser qui accueilla les filles musulmanes. L'�cole franco-indig�ne institu�e en 1860 prenait en charge 40 �l�ves � qui l'on dispensait d�j� les notions d'agriculture en sus du programme classique. Deux ann�es plus tard, le 26 octobre 1862, les premiers t�l�types partirent vers la m�tropole sous forme d'ondes. Le bureau arabe pouvait ainsi �tre constitu� pour administrer 22 tribus r�parties non sans desseins strat�giquement militaires. 25 463 habitants furent r�partis sur pr�s de 900.000 ha. L'occupant pouvait, de ce fait, entamer l'examen des affaires criminelles ou litigieuses, surveiller les r�les d'imp�t et consolider les statistiques humaines et mat�rielles. On fit venir un m�decin au demeurant fort d�vou� � la population indig�ne lors des �pid�mies typiques et chol�riques. Sur le plan des �changes commerciaux avec le nord de l'Alg�rie, Djelfa �tait desservie par diligence et chariot en voyageurs et marchandises. Cinquante ans apr�s, le premier train entra en gare reliant Djelfa � Blida. C'�tait le 1er avril 1921 et il ne s'agissait nullement d'un poisson d'avril ! Les travaux pour la r�alisation du rail ont dur� le temps que dure � ce jour l'absence de liaison par train, soit 30 ans ! L'�lectricit� fit son apparition en 1931 gr�ce � la construction d'une miniusine �lectrique qui avait remplac� la m�che du fameux quinquet dans les m�nages et l'�clairage public fourni par l'acetyl�ne. Presque tous les autochtones travaillaient � l'arrachage de l'alfa, la mise en bottes et le chargement dans les wagons en partance vers Blida. Plus r�cent de nous, il devait certainement faire bon y vivre sur les courts de tennis, se pr�lasser au soleil d'�t� aux bord de la piscine, d�gager de l'adr�lanine sur les gradins de l'hypodrome et, enfin, fr�quenter l'a�roclub ou faire du carting dans cette ville que Dermengaem appelait d�j� le cœur de l'Alg�rie ! Abdelkader Zighem (*) Appellation consacr�e par Dermengaem � la ville de Djelfa dans son livre qui porte le m�me titre.