Elle n'était pas partie très loin ni très longtemps : ce soir (19h45), la Ligue des champions retrouvera Madrid à l'issue de la finale à Milan entre le Real de Cristiano Ronaldo et l'Atletico façonné par Diego Simeone, remake de celle de 2014. Sacré en 2008 avec Manchester United et il y a deux ans à Lisbonne, dans son pays, déjà avec le Real, Ronaldo est à 31 ans en quête d'une troisième Ligue des champions, qui serait la onzième du club espagnol. Meilleur buteur de l'épreuve cette saison (16 buts) mais aussi meilleur marqueur de l'histoire de la compétition (94 buts), le Portugais se sent à nouveau au mieux à Madrid depuis l'arrivée de Zinédine Zidane au poste d'entraîneur. Il sera comme toujours l'atout n°1 du Real Madrid. Son état physique exact est toutefois l'une des interrogations d'avant-match. Après un souci aux ischio-jambiers qui lui avait fait manquer la demi-finale aller face à Manchester City, Ronaldo a connu une petite alerte à la cuisse gauche cette semaine. Mais rien de grave, a-t-il assuré. Face à lui, Ronaldo va trouver un autre attaquant capable de faire basculer cette finale : le Français Antoine Griezmann. Zidane le «débutant» L'attaquant des Bleus réussit une saison de tout premier plan, et à l'heure de disputer sa première grande finale, il peut regarder Ronaldo dans les yeux : le Portugais a inscrit 51 buts en 47 matches avec le Real Madrid cette saison, Griezmann en est lui à 32 en 53 rencontres. La finale de San Siro sera aussi un duel d'entraîneurs entre l'habitué Diego Simeone et le «débutant» Zidane. Le Français accompagne depuis maintenant presque quinze ans l'histoire européenne du Real Madrid. En 2002 à Glasgow, Roberto Carlos lui adressait l'un des centres les plus horribles de sa carrière et lui en faisait une lumineuse volée du gauche, qui offrait au club sa neuvième C1. La dixième s'est faite attendre. Elle est venue en 2014 à Lisbonne, toujours avec «ZZ», qui apprenait alors son nouveau métier et était l'adjoint du maestro Carlo Ancelotti. En 2016, l'ancien n°10 des Bleus est toujours là, encore plus haut. Le voilà sur le point de décrocher une nouvelle Ligue des champions avec Madrid, même pas cinq mois après ses débuts en tant qu'entraîneur au haut niveau, ce qui est sans doute une forme de record. Si Zidane n'a pas forcément imprimé un style très clair à son équipe, il a su l'amener jusqu'à Milan et redresser la barre en championnat, où le Real Madrid a lutté pour le titre jusqu'à la dernière journée. «L'effort n'est pas négociable» «Il faut féliciter Zidane pour le travail accompli, qui a été fabuleux», a d'ailleurs estimé Simeone. «Il a apporté de l'intensité, de la vitesse en attaque. Son équipe a un style plus complet. Et il a transmis sa tranquillité à l'effectif», a insisté «El Cholo». L'Argentin aussi était déjà là en 2014. Son Atletico, à la recherche d'un premier sacre en C1 après les échecs de 1974 et 2014, a été remanié — Diego Costa, Thibaut Courtois ou David Villa sont partis —mais lui n'a pas bougé. Cheveux gominés, cravate noire et gesticulations de danseur, l'Argentin reste l'âme des «Colchoneros». «L'effort n'est pas négociable» est sa maxime et son bilan force l'admiration. Pour atteindre sa deuxième finale de Ligue des champions en trois ans, «l'autre» club de Madrid a déjà renversé Barcelone et le Bayern Munich. S'il ajoutait le Real Madrid à la liste de ses victimes, l'Atletico réussirait un invraisemblable Grand Chelem, les travaux d'Hercule du football européen. La finale de 2014 a toutefois préparé le Real, et les équipiers de Ronaldo savent à quoi s'attendre. Ils auront le ballon, sans doute, mais ils auront aussi une meute de chiens accrochée à leurs basques et vont prendre des coups. Mais comme l'Atletico n'est pas la caricature d'équipe ultra-défensive qui est parfois dépeinte, les «Merengue» savent aussi qu'ils auront quelques poisons violents à éviter, Griezmann en tête.