De notre bureau de Bruxelles, Aziouz Mokhtari Très remontés contre lui, les Belges ne souhaitent qu'une chose, Marc Wilmots embarque de Paris, et non de Bruxelles, vers Alger. Marc Wilmots annoncé, régulièrement, en Algérie par la presse de son pays, n'est vraiment pas — plus — bien vu au royaume de Belgique. Le fédéral, tête dure, ne renonce jamais à ses certitudes. Lorsque «ça gagne», ce caractère brumeux passe et devient même une qualité. Mais lorsque ça coince, la tête du sélectionneur est mise à prix. Entre Wilmots et les médias du royaume, le courant ne passe plus depuis longtemps, déjà. Les chroniqueurs du plat-pays ne lui pardonnent pas ses prudences, selon eux, excessives, tactiques. Lors du Mondial au Brésil, tout le monde était convaincu, ici, que la Belgique pouvait aller, au moins, jusqu'aux demi-finales, n'était-ce le verrou imposé par Wilmots contre l'Argentine en quarts. La peur au ventre, le sélectionneur fédéral ne voulait pas jouer l'offensive contre les Messi et consorts alors que, précisément, il eût fallu, ce jour-là, plus qu'un autre, oser. Les supporters et le peuple belge sont sur la même longueur d'onde que les médias. Ils reprochent à l'entraîneur des Diables rouges son manque d'audace, sa couardise tactique et son jeu statique, sans âme, peu spectaculaire. Alors même que les Belges excellent dans les clubs européens les plus prestigieux (Manchester United et City, Chelsea, Liverpool, Bayern de Munich, Atlético de Madrid...) et sont très bien cotés sur le marché boursier du football. Wilmots se défend, c'est le cas de l'écrire, en arguant que «construire une équipe prend du temps», qu'«une constellation d'étoiles n'est pas, nécessairement, une garantie de succès» et que, en définitive, l'histoire du football belge s'inscrit plutôt dans la lignée des nations formant un bloc compact que celles pratiquant un jeu danubien, spectaculaire. Pour le coach du royaume, les matchs officiels sont faits pour être gagnés et non pas pour être joués. Le plaisir selon Wilmots est la «victoire» et non pas des tirs sur la transversale, des dirbbles réussis ou des passes lumineuses. Le débat ne sera jamais fermé, à ce niveau. La défaite contre l'Italie peut sonner le glas pour Wilmots, pourtant. Lors du match inaugural contre la Squadra Azzura à Lyon pour l'Euro 2016, les Diables rouges ont été «minables», selon certains titres francophones, «ridicules» pour De Morgeen (néerlandophone). Stéphane Pauwels, éditorialiste vedette qui eu à officier en Algérie du temps de Georges Leekens, traite les Belges qui ont joué l'Italie de «jeannettes». Le mot flamand est dur. Injurieux. Il signifie «tapettes». La déculottée belge contre l'Italie ne passe pas inaperçue. Les dégâts sont immenses et Wilmots ne s'en sortira pas «vivant». Il lui reste deux matchs contre l'Irlande et la Suède à gagner et puis la «fédération verra». La haine anti-Wilmots est tellement forte que l'un des journalistes sportifs les plus en vue, ici, écrit : «Le mieux qui puisse arriver aux Diables rouges c'est qu'ils rentrent le plus tôt possible à la maison et que Marc Wilmots prenne le vol sur Alger à partir de Paris.» La colère suintant son article, il ajoute : «Les Algériens, qui possèdent une très belle équipe avec Mahrez, Brahimi, Feghouli, Slimani et autres, ne tarderont pas à regretter leur choix d'avoir opté pour Wilmots.» Ambiance !