De notre bureau de Bruxelles, Aziouz Mokhtari Fabio Capello semble avoir beaucoup appris de Poutine en techniques de renseignement. Ce qui ne fait nullement l'affaire des Belges. Les Diables rouges ne lâchent, pourtant, rien et ont l'œil sur tout ce qui a trait au groupe H. Le 17 à Belo Horizonte pointe et les angoisses montent. Les Diables rouges ne cessent de le répéter, ils écraseront l'Algérie, s'il fallait l'écraser. Physiquement, les Belges seront-ils au top au Brésil ? Le staff diable rouge ne semble pas en être si certain. Marc Wilmots, d'habitude bavard, ne communique plus sur cette question. Ses adjoints, nombreux et spécialisés, multiplient les avertissements quant à une éventuelle baisse de régime de cadres de l'équipe. La presse spécialisée du royaume va même jusqu'à prétendre que le sélectionneur fédéral s'est mis en tête de se passer de plusieurs étoiles pour le voyage au pays de Pelé. Sans doute, y a-t-il de la manœuvre, de la ruse et des pièges tendus aux adversaires en cette occurrence. Pourtant, des voix pleines de sagesse et de pondération indiquent qu'il y a du vrai, beaucoup de vrai dans les angoisses des managers belges. Les Diables rouges font face à deux types de situation difficiles à gérer. Mis à part les gardiens de but (Courtois et Mignolet de l'Atletico de Madrid et de Liverpool), Eden Hazard, Vincent Kompany (axial) et des «brillants» attaquants sur qui Wilmots peut, à tout moment, compter comme, non pas titulaires mais jokers de dernier quart d'heure, il n'y a pas de grandes certitudes. On est loin, très loin, des poules éliminatoires des groupes qui ont vu le dream team diable rouge balayer tout sur son passage. A tel point que des formations au palmarès plus prestigieux que celui des Belges comme l'Allemagne, l'Italie et la France avaient refusé des propositions de joutes amicales contre les équipiers de Felaïni. Elles ont estimé à ce moment que rencontrer les Diables rouges en furie pouvait porter un coup au moral des troupes. Le management de haut niveau, c'est aussi cela. Vahid Halilhodzic avait donc bien raison de refuser le Portugal au lieu de la modeste Slovénie. Les vedettes du royaume ont toutes été surutilisées dans leurs clubs, tous au firmament du football européen. Ils ont pour noms, Chelsea, Liverpool, Borussia Dortmund, Bayern de Munich, Atletico de Madrid, Manchester (City et United), Tottenham, Everton... En cette fin de saison, plusieurs joueurs ont visité les infirmeries, les hôpitaux et les centres de rééducation pour cause de blessures et lorsqu'ils sont revenus dans le jeu, le niveau a profondément baissé. Ce qui a obligé leurs entraîneurs respectifs à les mettre encore au repos, ce qui déplaît à Marc Wilmots. Ce dernier craint donc réellement qu'au Brésil, il aura à gérer une armée «d'invalides», certes talentueux, mais inopérationnels. La dernière «révélation» de l'un de ses adjoints, il y a une semaine dans laquelle il évoquait la «possibilité» de faire appel à des joueurs «moyens» mais «frais» et «aptes» au combat prend donc toute sa signification. Wilmots lui-même n'avait pas contredit et avait même ajouté qu'une «équipe n'avait pas besoin d'aligner une constellation d'étoiles pour gagner un match». Ce qui avait stressé le peuple diable rouge qui tient à ses «héros», fussent-ils en méforme. De la lointaine Russie, Fabbio Capello mis au parfum des doutes belges, n'a pas pris trop au sérieux les inquiétudes du Plat-Pays qui n'est pas le sien mais celui de Jacques Brel. Le sélectionneur russe, Italien de son état mais payé généreusement par Vladimir Poutine, a eu cette réplique savoureuse «si vous voulez, je peux vous donner la liste de 20 joueurs belges déjà sélectionnés.» Et d'ajouter, perfide, «Wilmots a en tête les 23 mais ne veut rien dire pour laisser tout le monde cravacher dur». Capello sait de quoi il parle. Lui-même ne passe pas pour être un idiot en matière de communication. Les médias belges ne sont pas, néanmoins, tout à fait rassurés. D'autres signaux leur parviennent des différents terrains de football d'Europe qui leur font croire que Wilmots et ses adjoints ont de réelles appréhensions. Même si, évidemment, ils en rajoutent pour tromper l'ennemi. Ce que Capello a encore dévoilé aux correspondants belges à Moscou est davantage pris en considération, ici. «Vous passez votre temps à espionner la Russie, alors que le groupe H est équilibré. Il n'y a pas que vous et nous (Belges et Russes, ndlr), vous oubliez la Corée, vous oubliez l'Algérie, vous croyez qu'ils seront au Brésil pour uniquement assister au match Belgique-Russie ?» Poutine, c'est évident, n'interfère pas dans le domaine tactique concernant la sélection de football de Russie, mais il est clair qu'il a enseigné à Fabio Capello les techniques du renseignement...