De notre envoyé spécial à Bruxelles, Aziouz Mokhtari Mines sombres à la sortie du Stade Roi Baudouin, quelques instants, auparavant, plein à craquer. Les Ivoiriens ont porté un sérieux coup au moral des troupes diables rouges. Stress maximum. Si le Mondial avait débuté cette semaine, nous aurions eu la Belgique bon dernier devancée par les Russes, les Coréens et les Algériens. Défaits dans leur stade, oui, les Diables rouges n'ont pas fait un match nul contre les Ivoiriens mais ont subi bel et bien une sacrée raclée. Marc Wilmots a bien tenté à l'issue de la rencontre de colmater les brèches, de faire dire au match autre chose que les résultats et la manière dont il s'est déroulé, mais cela ne trompe pas grand monde. Les médias et le peuple diable rouge n'ont pas aimé la prestation. Ils ont peur que les Diables rouges ne soient atteints de la maladie hollandaise. D'un mot, qu'ils aient, déjà, succombé à l'esprit de suffisance et le mépris des adversaires qui a tant nui aux, pourtant, galactiques Pays-Bas des années 80 et même à la génération 2000 (finalistes de la dernière Coupe du monde). Les Belges relèvent, non sans raison) que Cruyft et consors ont perdu deux finales mondiales (contre l'Allemagne et l'Argentine), parce qu'ils se sont mis dans la peau du vainqueur avant même de livrer combat. Lors du dernier round du Mondial sud-africain, les médias, d'ici, sont convaincus que les Pays-Bas auraient pu — dû — remporter le trophée, n'était-ce leur suffisance et la mentalité de la «gagne» qu'ils ont laissée aux vestiaires. Contre la Côte-d'Ivoire, les Diables rouges mènent, d'abord, par deux buts d'écart contre une équipe ivoirienne expérimentale à souhait. Sabri Lamouchi, le coach, a, lors de cette joute, privilégié des choix osés, de jeunesse, d'inexpérience parce qu'il savait, en tête, que le pari, le seul pari Drogba-Yaya Touré pouvait être incertain. Il a laissé sur le banc «Didier» pendant une bonne partie du match et a demandé à «Yaya» d'orienter le jeu sans trop forcer avant de le faire sortir. Les Ivoiriens contrôlent, néanmoins, le jeu pendant toute la seconde mi-temps. Ils ratent de scorer sur des occasions faciles et remontent leur handicap en jouant à l'aise, sans trop stresser. Le manager ivoirien savait, selon les médias du Royaume, y faire et ce n'était pas le cas de Marc Wilmots. C'est, déjà, après la qualification pour la Coupe du monde, la troisième contre-performance. Défaites contre le Japon et la Colombie et nul sans fastes, avant-hier. Le sélectionneur fédéral a beau répéter qu'il ne s'agit là que de confrontations d'essai, de rodage, le peuple diable rouge, habitué depuis deux ans à la victoire, rien qu'à la victoire, n'entend pas, ne peut pas entendre ce refrain. Tout ça plonge la Belgique dans un malaise palpable, des inquiétudes réelles pas du tout feintes. Avant la rencontre contre la Côte-d'Ivoire, François de Keersmaecker, président de l'Union belge de football, avait souhaité que les Diables rouges «montrent leur meilleur visage». C'est raté. Au sortir du stade Roi Baudouin après le coup de sifflet final de l'arbitre, les supporters et supportrices avaient des mines sombres, pas celles des grands jours heureux. Ils continuent de croire aux chances de leurs Diables mais sont perturbés. Quelques instants après, ils sont allés regarder dans les bars, cafés et autres établissements de nuit ou, pour certains, chez eux, de larges extraits des performances des Russes contre les Arméniens, des Coréens contre les Grecs et des Algériens contre les Slovènes. Le doute s'installe en pays diable rouge...