Pour rappel, les membres de l'Organe national de prévention et de lutte contre la corruption avaient prêté serment le 5 janvier 2011 au siège de la Cour d'Alger. Les conditions du déroulement de la prestation de serment des 7 membres permanents n'ont pas été à la hauteur de l'importance de l'ONPLC. Le ministre de la Justice a brillé par son absence, et d'autres ministres, notamment de souveraineté, auraient dû être présents. Est-ce que l'ONPLC, qui s'est fait trop longtemps désiré, est déjà un colis encombrant ? Il aurait mérité une installation officielle en bonne et due forme. Que dire alors de la prestation de serment des 7 membres ? N'aurait-on pas au moins mis la forme et mieux la préparer ? A titre d'exemple, la photo officielle (presse gouvernementale) des «assermentés» — alignés l'un à côté de l'autre face aux juges de la Cour —, largement diffusée dans la presse, est désastreuse, du genre «Accusés, levez-vous» (!), l'un des «assermentés» ne s'étant même pas donné la peine d'enlever son imperméable ! Des propos qui prêtèrent à équivoque Même chose pour les premières déclarations à la presse du président de l'ONPLC, à l'issue de la prestation de serment : propos surprenants. Il a notamment affirmé que «la lutte contre la corruption n'a pas attendu l'installation de cet organe» : pourquoi l'ONPLC alors ? Et d'ajouter que «les missions dévolues à l'organe de prévention et de lutte contre la corruption seront menées avec sérénité, sans laxisme ni alarmisme». Et de préciser que cette installation de l'organe ne devrait pas créer «une forme de paralysie du pays» ! Il a fait part d'autres missions pour l'ONPLC bien étranges : «Il faut également protéger tous les agents de l'Etat, de toute forme de délation.» Il a aussi souligné que «la lutte sera toujours menée avec la collaboration de toutes les institutions de l'Etat», omettant au passage d'évoquer l'implication de la société civile, implication pourtant inscrite dans les missions de l'ONPLC et la loi du 20 février 2006. Et de conclure ses propos par une vision plutôt pessimiste : «Notre objectif est de diminuer ce phénomène de la corruption» ! Au vu de tout ça, faut-il déjà désespérer de l'ONPLC ? Visiblement, du côté du pouvoir, il est trop tard pour bien faire. 2011, c'est l'année où débutèrent plusieurs enquêtes judiciaires sur de grandes affaires de corruption dont certaines «traversèrent» les frontières.