Rien ne va plus entre le chef du Parquet du tribunal de la ville de Boumerdès et les avocats inscrits au Barreau de la wilaya de Boumerdès qui portent de graves accusations contre le magistrat cité plus haut. Jeudi, ils étaient une cinquantaine, le bâtonnier Ahmed Benantar en tête, à se présenter devant la présidente du tribunal correctionnel de la ville du chef-lieu de wilaya pour plaider la cause de leur confrère Ali Naïmi, accusé, en décembre 2015, par le procureur décrié d'outrage à corps constitué. Motif de cette accusation, l'avocat Naïmi aurait observé un arrêt à bord de son véhicule, le long de la rue qui longe le tribunal pour faire descendre son épouse qui est avocate. S'en suivra une altercation avec les policiers en faction dans ce tribunal. Le procès est reporté au 22 septembre prochain avec la présence de la partie civile, c'est-à-dire les policiers. A l'issue de l'audience, le bâtonnier Benantar, entouré de l'avocat accusé et d'une vingtaine de ses confrères nous ont relaté les faits qui ont abouti à cette situation préjudiciable pour la justice. L'avocat bâtonnier fustige et le comportement et certaines décisions prises par le procureur du tribunal de Boumerdès. «L'affaire de Naïmi n'est que la goutte qui a fait déborder le vase. Le problème est entre toute la corporation des avocats et le parquet du tribunal de Boumerdès. Au niveau de ce tribunal, il y a des dispositions particulières. Il est par exemple interdit à un avocat de se constituer dans des affaires civiles. Le procureur charge les policiers de réprimer des avocats. Il entrave leur travail. Le procureur refuse de délivrer les décisions de classement aux avocats. Il exige la présence du concerné en personne. Ces documents sont, je vous le rappelle, essentiels pour engager des actions en civil. Par ailleurs, c'est le seul tribunal en Algérie où le service de l'état civil a été supprimé par ce magistrat», dira maître Benantar qui réitèrera, avec l'approbation de ses confrères, l'exigence de la corporation quant à «l'éloignement de ce procureur de la wilaya de Boumerdès car il ne peut pas travailler avec les avocats.» Il y a lieu de rappeler que les défenseurs de la wilaya de Boumerdès ont déjà organisé une journée de protestation avec boycott des audiences pour dénoncer ces mauvaises relations avec le parquet. Ils ont, en outre, prévu une assemblée générale extraordinaire juste après l'Aïd El-Fitr, laissant planer la menace de recours à des actions avec la participation au niveau national dans le cas où leurs revendications ne sont pas prises en charge. Juste à la fin de l'entretien avec le bâtonnier Benantar, qui s'est déroulé dans une salle réservée aux défenseurs, nous nous sommes présentés, en exhibant notre carte professionnelle, au niveau des services du procureur du tribunal de Boumerdès précisant l'objet de notre demande d'interview à savoir tous les griefs énumérés par les avocats, ce magistrat nous a fait dire, par le biais d'un agent du guichet, qu'il a plusieurs réunions et qu'il ne pourrait pas nous recevoir durant toute la journée.