Personne ici n'en doute : le pr�sident Bush n'aime pas les Arabes; pire: il les "calcule" pas comme dirait notre regrett� ami Ameyar. Les seuls qui croient encore � l'amiti� des Am�ricains, ce sont les fans de westerns et de Marlboro. Ils sont malheureusement les plus nombreux. Et si notre grand ami Bush (DLP) s'est mis en t�te de changer les Arabes, c'est qu'il d�sesp�rait de les voir agir par euxm�mes. Il est arriv� aussi � la conclusion que les Arabes pouvaient constituer un danger pour les autres. Apr�s s'�tre acharn�s � se purifier par �limination du meilleur d'eux-m�mes, les Arabes pouvaient songer � exporter leurs pulsions irr�sistibles, s'est-il dit. Avec la coop�ration r�solue de Saddam et de Ben Laden, la bonne volont� du clan "Assad", il a enfin pu d�voiler son grand projet : r�former les Arabess. Reste � savoir comment r�former et donc agir quand on est embourb� dans le mar�cage irakien. Et, surtout, comment mener � bien son projet quand les futurs r�form�s ont d�j� trouv� la parade? La menace du changement a paradoxalement refait l'unit� du monde arabes autour d'un seul mot : "islah". Pour ceux qui l'ignoreraient encore, "islah" est l'arme fatale contre la r�forme am�ricaine. Islah peut dire aussi bien r�former les soci�t�s que r�parer les torts ou les atteintes physiques. Ainsi, on peut parler sans fausse pudeur de "islah" lorsque l'on pose un caut�re sur une jambe de bois. C'est pour �a que la r�forme peut prendre les directions les plus inattendues. Nous avons eu en Alg�rie la p�riode des r�formateurs, une mode �ph�m�re qui eut ses "gentils" et ses "incroyables", un nuage d'�t� pour reprendre l'expression de Sa�d Sadi. Avant eux, les "Ul�ma" ont appuy� � fond sur la p�dale de l'islah tricolore avant de prendre le train de la r�volution en marche. Des partis ont brandi le "kamis" de l'"islah" pour corriger les travers de la soci�t� d�cadente et lui faire revivre l'�ge d'or des �tripages � l'ombre des minarets. Quand un opposant saoudien brandit le mot "islah" � partir de Londres, ce n'est pas pour d�mocratiser le royaume et le moderniser mais pour y instaurer un r�gime th�ocratique plus dur que l'actuel. Ce qui veut tout dire. Il y a aussi ceux qui prennent les devants et font des r�formettes pour �viter les r�formes. On retrouve dans cet �talage les initiatives les plus inattendues. Ainsi la Ligue arabes fait de la r�forme de pointe. D�j� menac�e d'asphyxie financi�re, l'institution qui ne sert � rien veut encore se rendre encore plus inutile. Elle propose de mettre sur pied un parlement arabes. Vu le r�le et le pouvoir des Parlements nationaux actuels, ce serait une exp�rience int�ressante quoique ruineuse. A la Ligue arabes, on est en quelque sorte r�formateurs "additionnalistes". On se propose d'ajouter un surcro�t de charge � un corps d�j� lourdement lest�. Ce faisant, on a de meilleures chances de toucher le fond. Des "additionnalistes", on peut en trouver encore derri�re les "am�nagements" pr�vus au code de la famille. Pour paralyser l'activisme f�ministe, il suffit d'ajouter un boulet ou deux au code. Dans ce cas d'esp�ce, on d�passe la r�forme pour se lancer dans le reformatage. "Les menottes les serrent trop aux poignets et entravent leur libert�, eh bien, qu'on leur ajoute des fers aux pieds!". Et tant pis pour les m�contents qui n'auront pas appr�ci� cette cinglante rebuffade d'un responsable islamiste : "C'est le code de la famille, ce n'est pas le code de la femme." Tout est dit. Personne n'ignore qu'en Alg�rie, la famille c'est l'homme, sauf inclusion d'�l�ments additionnels du genre reproducteur. On peut ergoter � l'envi sur les non r�formes qui se trament en Egypte ou en Libye (avec la naissance d'un h�ritier m�le, la Tunisie devrait pouvoir suivre) et m�me en Syrie. On parle aussi au royaume alaouite du Machrek de la r�forme. L�, elle est de type "soustractif". Lorsque Bachar Al-Assad dialogue avec deux opposants, il en met dix en prison. R��dit�e autant de fois qu'il le faut, cette action de d�mocratisation finira par souder tout le peuple encore libre autour de la personne du "Ra�s". La r�forme dite soustractive n'a pas les moyens d'entretenir une arm�e de ge�liers au Liban, elle proc�de par �limination. Un �t� de un �gale z�ro. C'est par cette simple op�ration arithm�tique qu'a �t� r�solu le probl�me Hariri. Mais l� o� la nation arabes devrait suffoquer d'indignation, c'est lorsque l'Etat libanais d�pose une plainte contre X pour l'assassinat du dirigeant politique libanais. Apr�s la d�testable plaisanterie du bobard australien, la justice de Beyrouth lance des poursuites contre inconnu(e)s. C'est une mani�re de perp�tuer l'insoluble �quation libanaise. Le chef de la s�ret� locale, le g�n�ral Djamil Al-Sayed, a de son c�t� choisi d'ester en justice le quotidien kowe�tien Al-Siassa et devant les tribunaux du Kowe�t o� il s'est rendu � cet effet jeudi dernier. Al-Siassa avait nomm�ment accus� Al-Sayed d'�tre l'un des trois instigateurs de l'attentat contre Hariri (Kiosque arabes du 21 02 05). Le r�dacteur en chef du journal, Ahmed Al-Djarallah, s'est dit satisfait que le responsable libanais se soit adress� aux tribunaux mais il ne retire rien de ce que son journal a �crit. Tout en affirmant vouloir prot�ger ses sources, il a affirm� qu'il apporterait des �l�ments probants devant le tribunal lors du proc�s. Al-Djarallah a fait remarquer qu'aucune des personnes incrimin�es par le journal n'avait apport� de d�menti aux faits. En d�pit de tout, les lecteurs du quotidien londonien Al-Quds, proche des th�ses islamistes, continuent eux aussi de privil�gier la piste isra�lienne dans l'attentat de Beyrouth. Selon les r�sultats du sondage publi� samedi 26 f�vrier par le journal, 62% accusent l'Etat h�breu. La Syrie ne recueille que 24,2% de voix la d�clarant coupable. 10,9% des lecteurs d�signent des "adversaires locaux" de Hariri et, enfin, 2,9% y voient la main des islamistes. Par contre, l'ultime sondage du quotidien Al-Arabia que nous avions �voqu� la semaine derni�re est moins affirmatif. Isra�l et la Syrie sont pratiquement au coude-�-coude. Et pourquoi pas un complot bilat�ral des deux protagonistes? Miracle du r�formisme ambiant : une jeune Saoudienne, Marwa Al-Aifa 25 ans, a remport� la victoire dans un rallye de voitures � Duba�, nous apprend le magazine Elaph. Elle a battu la favorite, championne d'Afrique du Sud, Lara Babler. Se laisser doubler par une concurrente d'un pays o� les femmes n'ont pas le droit de conduire une automobile, ce n'est pas commun. Pr�cision utile : Marwa et ses parents ne vivent pas en Arabie saoudite mais dans les Emirats. On ne se souvient pas de la chanteuse Oum Kalsoum conduisant un v�hicule mais on retiendra de la diva �gyptienne qu'elle menait ses hommes � la baguette. Un livre publi� par l'historienne de la musique �gyptienne, Ratiba Alhafni, jette un �clairage in�dit sur la vie priv�e de la cantatrice. Ainsi, affirme-t-elle, l'idole des foules arabess a �t� mari�e secr�tement durant onze ans avec Mustapha Amine, le fondateur du journal Akhbar-Al-youm. Et c'est le pr�sident Nasser qui a conserv� le contrat de mariage. Mustapha Amine avait �t� un proche du leader �gyptien avant d'�tre arr�t� sous l'accusation d'espionnage au profit de la CIA. Ce qu'il a toujours d�menti jusqu'� sa mort. Oum Kalsoum �tait �galement impitoyable avec son entourage qu'elle traitait tr�s durement. Ratiba Alhafni rapporte ainsi qu'elle avait retir� la direction de son orchestre au musicien Mohamed Al Kasbadji, r�duit � jouer du luth derri�re la diva. Cruelle revanche sur le sort fait aux personnes du sexe faible.