La journée parlementaire destinée à débattre du rôle et de la place de l'institution législative dans la Constitution de 2016, tenue hier à l'APN, s'est muée en un plaidoyer des représentants du peuple pour leurs étroits intérêts personnels. Rym Nasri - Alger (Le Soir) - Les élus de l'APN n'ont pas hésité à détourner les débats de la journée parlementaire organisée hier, sur le rôle et la place de l'institution législative dans la Constitution de 2016. Ils ont préféré à ce thème une discussion ouverte de leurs préoccupations d'ordre social. Voilà tout leur problème. Présidant la rencontre, Ben Rabah Zebar, vice-président de l'APN chargé de la législation, n'a pas dérogé à la règle. Il a évoqué une «problématique» qu'il a qualifiée d'«injustice» envers les parlementaires. «Il y a confusion : nous ne demandons, ni augmentation des primes, ni augmentation des salaires. Nous demandons la comptabilisation des années de travail des députés, au sein des entreprises économiques publiques et privées, et des activités commerciales ou libérales ayant précédé le mandat parlementaire de tous ceux qui se sont acquittés de leurs cotisations», explique-t-il. Une revendication soutenue par la députée FLN, Saïda Bouneb, qui a insisté sur la comptabilisation des années d'activités précédant le mandat parlementaire des députés. D'ailleurs, précise-t-elle, deux cents députés sont concernés par le départ à la retraite. «Certes, nous défendons les droits du peuple, mais il faut aussi que nous défendons nos propres droits», se justifie-t-elle. S'agissant des députés en fin de mandat parlementaire, elle réclame une réintégration dans le poste occupé précédemment avec promotion ou départ à la retraite s'il satisfait aux conditions y référentes. L'ex-maire de Kouba a relevé d'autre part, les difficultés rencontrées par les députés dans leurs missions à l'étranger, d'où son plaidoyer indirect pour le bénéfice de passeport diplomatique. Elle a également plaidé pour la couverture sociale des représentants de la communauté algérienne à l'étranger car explique-t-elle «ils ne bénéficient pas de sécurité sociale dans le pays d'accueil». De son côté, Mohamed Belattar, membre de la Commission des finances de l'APN, a préféré établir une comparaison entre l'assemblée algérienne et celles du Maroc, de la France et de l'Allemagne. Il estime que les députés algériens sont à peine à la «moitié» des salaires de leurs collègues des trois pays. Soulignant la flagrante différence entre le salaire des parlementaires et le SNMG (Salaire national minimum garanti), il assure que l'écart est dû à la faiblesse du SNMG. «Ce n'est pas le salaire des députés qui est très élevé, mais c'est plutôt le SNMG qui est très faible et ne reflète pas le pouvoir d'achat des Algériens», dit-il. Dans le but de redonner la «vraie» place au député, le représentant du FLN estime que le parlementaire doit être accompagné dans sa mission de légifération par des assistants. Il exige ainsi de prévoir une prime pour assurer les salaires de ses assistants. Qualifiant la prime de la permanence fixée actuellement à 20 000 dinars, de «dérisoire», il propose également de la porter à 120 000 dinars.