Des hommes armés ont assassiné hier cinq personnes dans une installation gazière et un champ pétrolier, dans la province de Kirkouk, des attaques rares dans des régions sous contrôle des Kurdes en Irak, selon des responsables. Ces attaques ont été menées à l'ouest de Kirkouk, chef-lieu de la province dans le nord du pays, où certaines régions sont aux mains des peshmergas relevant de la région autonome du Kurdistan, plus au nord. Des assaillants à bord de motos ont ouvert le feu sur les gardes du site gazier, en tuant quatre, avant d'y placer plusieurs bombes et de fuir, ont indiqué des responsables de la Compagnie pétrolière du Nord (NOC) et des forces kurdes. D'autres hommes armés ont attaqué le champ pétrolier voisin de Bai Hassan, l'un des plus importants de la province pétrolière de Kirkouk, tuant un ingénieur et blessant sept personnes. Cette attaque a été menée par deux kamikazes qui ont été tués alors qu'un troisième a réussi à détoner sa ceinture explosive, provoquant un énorme incendie dans plusieurs réservoirs, a précisé un colonel des forces kurdes. Un quatrième assaillant a pu fuir. Les forces du Kurdistan irakien contrôlent une partie de la province de Kirkouk, où est également présent Daesh qui s'est emparé en 2014, de larges pans du territoire irakien au nord et à l'ouest de Baghdad. Devant la débandade des forces irakiennes aux premiers mois de l'offensive de l'organisation terroriste Daech, les troupes kurdes ont étendu leur contrôle sur des territoires du nord du pays, notamment dans la province de Kirkouk, revendiqués tant par le Kurdistan que par le pouvoir central à Baghdad. Les forces irakiennes et les forces kurdes combattent séparément Daesh, qui a perdu du terrain depuis 2014. Mais cela pourrait changer en vue de la bataille pour la reprise de Mossoul, la grande ville du nord située à l'ouest de Kirkouk et devenue la capitale de facto de Daesh en Irak. A ce propos, les autorités irakiennes ont affirmé que des responsables de Daesh et leurs familles avaient vendu leurs biens et fui Mossoul, la deuxième ville d'Irak que l'armée cherche à reprendre. Parallèlement, le Premier ministre Haider al-Abadi a reçu dimanche à Bagdad le chef d'état-major inter-armées américain Joseph Dunford, avec qui il a discuté des plans pour la reprise de Mossoul. Les forces armées mènent depuis des mois des opérations pour se rapprocher de la cité conquise par Daesh en juin 20014 et préparer le terrain à une offensive pour sa reprise. Mais selon des sources militaires, l'assaut ne devrait pas être donné de sitôt. «Un certain nombre de leaders de Daesh et leurs familles à Mossoul ont vendu leurs biens et se sont repliés vers la Syrie» dont la frontière est distante d'une centaine de km, a déclaré le ministre irakien de la Défense Khaled al-Obeidi, dans une interview à la télévision publique Iraqiya diffusée samedi soir. Une partie d'entre eux ont également tenté de s'infiltrer dans la région autonome du Kurdistan irakien, située au nord de Mossoul, a-t-il précisé. Daesh occupe de vastes régions dans le nord de la Syrie voisine, profitant de la guerre pour s'y implanter. La reconquête de Mossoul, la dernière grande ville aux mains de Daesh en Irak, s'annonce comme une opération complexe qui pourrait notamment déclencher une crise humanitaire en raison du nombre important d'habitants qui y sont bloqués. Dimanche, M. Abadi et le général Dunford ont parlé de la coopération bilatérale militaire et «des plans pour libérer Mossoul», selon un communiqué officiel irakien. Selon la Croix-Rouge internationale, près d'un million d'Irakiens supplémentaires risquent de fuir leur foyer dans le cadre de la guerre anti-Daesh en Irak, notamment à Mossoul.