C'est une véritable malédiction qui semble s'emparer du siège de la wilaya de Béjaïa, depuis quelque temps. L'annonce du décès de Djamel Tedjiza, cadre du cabinet du wali, survenu dans la matinée d'hier à l'hôpital Khellil-Amrane, a mis tout le personnel de la wilaya et des administrations en émoi et dans un climat de stupeur jamais égalé. Les cœurs n'y sont plus pour le travail. «Impossible d'imaginer un seul instant la mort de Djamel, il était l'ombre de tout le personnel du cabinet, il jouissait d'une très bonne réputation, que Dieu ait son âme. Nous sommes abasourdis par cette triste nouvelle», nous a déclaré un de ses collègues en sanglots. Djamel Tedjiza, que nous avons rencontré quelques jours avant sa mort, affichait une mine quelque peu fragile par rapport à son impressionnante énergie d'antan. «Je suis très fatigué, je n'en peux plus, il ne me reste que quelques mois pour la retraite que j'attends avec impatience afin de m'occuper de ma famille. Je n'ai plus l'âge de l'homme à tout faire», nous dira le défunt dans le couloir du cabinet. Il faut souligner que ces derniers jours, les tristes nouvelles faisant état de la mort subite de cadres dans l'administration locale, hante tous les esprits et chacun y va de ses commentaires. Feu Djamel Tidjiza, père d'une unique fille, faisait partie du protocole des walis de Béjaïa depuis une trentaine d'années. Pour rappel, le 26 juillet dernier, la mort a emporté le chef de daïra de cette ville, Hocine Atallah. Bien avant ces deux cadres, le cœur de Mouloud Aït Larbi, agent d'administration et ex-secrétaire des cinq derniers walis de Béjaïa, a lâché au début du mois de juillet. Il n'avait que 50 ans, laissant derrière lui une veuve et deux enfants en bas âge. Mouloud Aït Larbi a confié à ses proches qu'il faisait face à «d'insoutenables pressions» de sa hiérarchie, avant de sombrer dans une infernale dépression, pour ensuite rendre l'âme en plein sommeil, le jour même de l'Aïd El Fitr. Bon nombre de cadres de la wilaya de Béjaïa que nous avons abordés, avancent qu'ils n'arrivent plus à résister à la charge de travail qui leur est confiée et certaines tâches dépassent, de loin, leurs capacités physiques. Pas moins de onze responsables ont carrément préféré fuir le stress des administrations locales, demandant à être mutés ou placés en congé de longue maladie.