L'annonce du décès de Mouloud Aït Larbi, agent d'administration et ex-secrétaire des cinq derniers walis de Béjaïa, à l'âge de 50 ans, le matin même du premier jour de l'Aïd, a bouleversé toute la région de Kabylie et du monde administratif. Ses inconsolables collègues du siège de la Wilaya se souviennent de l'homme «discret et réservé». Ses dernières confidences à ses plus proches amis, suite aux «insoutenables pressions», dont il a été victime depuis quelques mois, donnent la chair de poule. L'enfant de Toudja est mort dans son sommeil mercredi dernier à l'aube du premier jour de l'Aïd, chez lui et auprès de sa femme et de ses deux enfants, Manel 14 ans et Abdeslam 4 ans, emportant avec lui le mystère de ses douloureux souvenirs de ces six derniers mois. Une tragédie, malheureusement écrite d'avance, selon ses proches et fidèles, qui bouleverse la wilaya de Béjaïa, mais aussi tout le monde de l'administration. L'ex-agent d'administration, très connu et aimé du public, cumule 28 ans de service, dont vingt-cinq au profit des cinq derniers walis de Béjaïa à savoir, feu Bachir Rahou, Djillali Araar, Rachid Fatmi, Ali Bedrici et Hamou Ahmed Touhami. Mouloud Aït Larbi n'a jamais bénéficié de congé depuis 22 ans, nous confie-t-on, auprès du siège de la Wilaya, comme à l'instar de ses collègues de travail, le défunt a subitement chaviré dans la tristesse et le désarroi après avoir subi une montagne de pressions, avant de sombrer dans une phase psychologiquement «irréversible». Le traitement prescrit par les médecins l'avait contraint, bien malgré lui, à prendre ses distances avec l'administration en question. «Mouloud avait vécu une jeunesse bouleversante et triste du coté famille, sa sagesse et son savoir-faire, malgré tout, ont forgé en lui une personnalité distinguée et respectée, notamment avec son poste-clé au profit des ex-premiers responsables de la wilaya. Vous n'imaginerez pas, un seul instant, que ce dernier n'a jamais bénéficié de congé depuis 22 ans, ses enfants et sa femme n'ont jamais connu de vacances comme toutes les autres familles. Mouloud travaillait jusqu'à 22h, il avait tout le temps servi les walis au point d'oublier sa propre personne. Croyez-moi il a passé ses derniers jours dans son bureau de peur de rater le coup de fil du nouveau pensionnaire de la wilaya», nous dira un de ses proches amis. Son enterrement a eu lieu jeudi dernier, et a drainé une immense foule venue des quatre coins du pays dans son village natal de Toudja. Mouloud, repose en paix, sache que tout Béjaïa t'a pleuré et prie Dieu le Tout-Puissant de t'accueillir en son Vaste Paradis.