La facture d'importation des produits pharmaceutiques a augmenté de plus de 34% au premier semestre de l'année 2016, par rapport à la même période de l'année 2015, selon les chiffres du centre des statistiques des Douanes nationales. Quelles sont les raisons de cette hausse ? Salima Akkouche – Alger- (Le Soir) - La valeur des importations des produits de soin s‘est élevée à 1,136 milliard de dollars sur la même période, contre 846,6 millions de dollars à celle de 2015, soit une hausse de 34,26%, selon les Douanes algériennes. Pourtant, dans le but de rationaliser l'importation et l'usage des médicaments, un arrêté ministériel, publié en décembre 2015, a fixé la liste des produits pharmaceutiques à usage humain et celle des matériels médicaux fabriqués en Algérie et ne pouvant faire l'objet d'importation. Dans la dernière liste de 2015, la liste de produits interdits à l'importation est de 351 produits. La nomenclature du médicament enregistré au niveau du ministère de la Santé compte 1075 DCI dont 75% sont des génériques. En 2015, les importations de produits pharmaceutiques avaient atteint 1,96 milliard de dollars. Soit une baisse de 22% par rapport à 2014 pour un volume global de près de 27 000 tonnes (-15,32%). Le ministre de la Santé parle toujours de l'objectif de faire baisser la facture d'importation des médicaments. C'est pourquoi, il a engagé en 2015 des négociations avec les opérateurs pour faire baisser les prix des médicaments. Les opérateurs ont fini par céder et, effectivement, la facture d'importation a baissé durant le premier semestre de 2015. Cependant, la facture d'importation a baissé en l'absence d'importations durant cette période. En engageant des discussions avec les opérateurs en novembre 2014, les programmes d'importations n'ont été signés qu'en mars, voire avril 2015. D'ailleurs, toute une polémique a été soulevée par rapport à ce retard qui a engendré une pénurie de plusieurs produits. Les raisons de la hausse de la facture d'importation Slim Belkessam, conseiller et directeur de la communication au ministère de la Santé a expliqué que les producteurs, en prévision de la saison estivale, ont importé 70% de leur programme durant le premier semestre de 2016. Entretemps, la production locale a augmenté en valeur de 100%. Abdelaouhed Kerrar, président de L'Unop (Union nationale des opérateurs en pharmacie), a expliqué les raisons de la hausse de la facture d'importation des médicaments durant ce premier semestre par rapport à la même période de 2015, en raison de la signature des programmes d'importations qui ont été signés tardivement l'année dernière. Ce qui explique, selon lui, la baisse de la facture d'importation durant le premier semestre de 2015. Il ne s'agit donc pas, dit-il, d'une hausse de la facture, mais c'est tout à fait normal que la facture d'importation soit importante. Les raisons ? Avec un million de naissance, par an, dit-il, l'Algérie ne peut que consommer beaucoup plus. La transition épidémiologique et l'espérance de vie des Algériens qui augmente sont autant de paramètres qui font que la consommation augmente. D'ailleurs, l'Algérie dépense 100 dollars par habitant et par an dans le médicament contre 220 dollars au Liban, 44 dollars au Maroc et 70 dollars en Tunisie. La moyenne mondiale de consommation de médicament est de 125 dollars par habitant et par an. Selon les statistiques de l'IMS (intercontinental médical service), la croissance de consommation en médicament entre 2015 et 2016 est de 1,8%. Selon un autre expert, cette facture ne reflète que la réalité, étant donné que les programmes d'importations pour cette année ont été signés à temps. La hausse de la facture s'explique, selon lui, non pas par une production locale faible, mais par l'importation de produits innovants en biotechnologie qui coûtent cher. La solution, préconise-t-il : soit le ministère décide d'élargir les enregistrements au profit des produits bio-similaires, soit il doit exiger des opérateurs d'ouvrir des unités de production en produits biotechnologiques en Algérie comme ce fut le cas pour les produits de chimiothérapie. Une production qui permettrait, dit-il, de baisser la facture d'importation de 30 à 35%. Le ministre, dit-il, ne doit d'ailleurs pas parler de la baisse de la facture d'importation mais plutôt de la rationalisation. Il est impossible de baisser la facture car, poursuit-il, en plus de la croissance démographique, des maladies chroniques sont de plus en plus diagnostiquées. Ainsi, selon lui, le diabète qui auparavant touchait des personnes âgées de plus de 50 ans, aujourd'hui la moyenne d'âge est de 40 ans. Idem pour le cancer. «Auparavant, on diagnostiquait à un stade métastasé et où on ne peut rien faire pour le patient, mais aujourd'hui, on diagnostique précocement, le patient est pris en charge et tout ça a un coût». Pour rappel, La production locale qui était de 8% en 2003 a atteint 45% en 2016. Selon M. Kerrar, si ce n'était pas la production locale, l'Algérie dépenserait une enveloppe de 5 milliards de dollars dans la consommation du médicament, au lieu des 3 milliards de dollars actuels.