Comment réduire la facture d'importation des médicaments ? La réponse est toute simple selon l'Unop (Union nationale des opérateurs de la pharmacie) : «Produire plus pour importer mieux». Mais cela ne peut se faire, avertit l'Unop, sans la levée des différents obstacles notamment administratifs qui freinent les producteurs. Salima Akkouche - Alger (Le Soir) Abdelouahed Kerrar, président de l'Union nationale des opérateurs en pharmacie (Unop) ne comprend pas les grandes inquiétudes émises au sujet de la facture d'importation des médicaments. Certes importante, reconnaît cet opérateur, mais la facture du médicament avec 2,6 milliards de dollars en 2014 «est moins importante par rapport à d'autres factures d'importations comme celle des véhicules qui a atteint 7,7 milliards de dollars en 2014». D'autant que, dit-il, le marché du médicament est différent des autres marchés du fait qu'il obéit à une prescription. La consommation des médicaments des Algériens en 2013 a été de 74 dollars par habitant et par an. En 2014, l'Algérie a dépensé 100 dollars par habitant contre une norme mondiale de 127 dollars par an par habitant. L'Algérien ne consomme pas plus que la norme, selon M. Kerrar qui donne à titre d'exemple la consommation du Libanais qui est de 220 dollars par an et de 400 euros par an pour le Français. Selon l'Unop et d'après les prévisions de l'IMS (International Medical Studies), les besoins de l'Algérie en 2018 en produits pharmaceutiques seront de 5,7 milliards de dollars. Cependant, s'inquiète l'Unop, «si l'Algérie possède aujourd'hui les moyens financiers pour acheter les produits pharmaceutiques, ça ne sera pas le cas demain avec la chute des prix du pétrole. La situation est inquiétante car d'une part, on voit la crise se profiler et d'autre part, on s'inquiète pour l'accès du futur patient aux soins et aux produits pharmaceutiques». Selon les données du Cnis (Centre national de l'informatique et des statistiques), la facture de l'importation des médicaments a connu une hausse de 11% entre 2013 et 2014 avec respectivement 2,3 milliards de dollars et 2,6 milliards de dollars. La PCH (Pharmacie centrale des hôpitaux), pour sa part, a importé l'équivalent de 400 millions de dollars en 2013 et 752 millions de dollars en 2014 soit une augmentation de 87%. La production pharmaceutique nationale connaît une croissance annuelle de 17%, selon l'Unop. Satisfaisant ? «Oui» mais pas suffisant selon cette association. Les opérateurs algériens se disent disponibles à renforcer le taux de production mais pas dans les conditions actuelles. «Nous ne demandons pas des moyens budgétivores pour développer cette industrie mais juste de bonnes conditions» affirment-ils. «Pourquoi le ministère de la Santé limite le dépôt des dossiers d'enregistrement à 2 par semaine ? Pourquoi mettre en place un comité des prix lorsqu'on a un tarif de référence ? Pourquoi centraliser le paiement des droits d'enregistrement ? Pourquoi l'Agence nationale du médicament n'a toujours pas vu le jour ? Absence du foncier industriel». Autant de griefs soulevés par les opérateurs et qui freinent leurs investissements. Des obstacles contre lesquels ils ont déjà proposé des solutions depuis plusieurs années et face auxquelles le ministère de la Santé semble faire la sourde oreille.