L'Algérie enregistre annuellement une moyenne de 4 000 décès et une cinquantaine de milliers de blessés sur les routes. Les dispositifs mis en place par le gouvernement pour diminuer de l'hécatombe routière restent sans résultats. Salima Akkouche - Alger (Le Soir) - Encore un été meurtrier sur nos routes. Les services de la Gendarmerie nationale ont enregistré 15 accidents de la circulation dont trois mortels et douze corporels dans la journée de lundi. Les unités de la Protection civile, elles, ont enregistré 14 décès pour la même journée. Dans leur dernier communiqué, les services de la Protection civile ont relevé que du 7 au 13 août en cours, 2 952 interventions ont été effectuées suite à 1 586 accidents de la circulation ayant causé le décès de 43 personnes et 1 930 autres blessées, traitées et évacuées vers les structures hospitalières. Le bilan le plus lourd a été enregistré au niveau de la wilaya de Béjaïa avec 7 personnes décédées et 66 autres blessées prises en charge. En moyenne 4 000 personnes décèdent annuellement et une cinquantaine de milliers sont blessées suite à près de 67 accidents de la circulation par jour. Une agence d'assurances nous assure avoir traité 25 dossiers d'assurances liés aux accidents de la route depuis le début de ce mois d'août. La saison estivale, nous indique-t-on, enregistre un plus grand nombre d'accidents. L'insouciance des conducteurs, notamment les jeunes, est pour beaucoup dans cette macabre situation. Le site «info trafic Algérie» créé sur le réseau social Facebook pour informer sur l'état du trafic routier est devenu, avec le temps, submergé par des posts sur des accidents. L'état de nos routes, notamment l'autoroute Est-Ouest, serait, selon beaucoup d'internautes, à l'origine de nombreux accidents. L'excès de vitesse, les dépassements dangereux, les manœuvres risquées, ou encore le non-respect de la priorité et de la vitesse limitée dans les agglomérations en sont les principales causes. Des plans du gouvernement «anti-terrorisme routier» ne manquent pas pourtant. Des éléments de la gendarmerie et de la Sûreté nationale sont déployés sur les routes pour sévir contre l'insécurité routière. Radars, voitures banalisées, barrages et durcissement des peines n'arrivent, cependant, pas à venir à bout des comportements dangereux. Le gouvernement mise, cependant, sur de nouvelles mesures notamment les mouchards et le permis à points. Mohamed Lazouni, président de l'association nationale de prévention routière, estime qu'il existe une défaillance énorme dans la formation au niveau des autoécoles où l'on se contente de dispenser un apprentissage sur la manipulation et où l'on n'enseigne même pas la position ergonomique de la conduite. Il rappelle que la loi 87/09 a introduit dans son article 21 l'éducation à la sécurité routière dans les établissements scolaires. Celle-ci, dit-il, n'a jamais vu de textes d'application. «Si nous avions commencé à l'époque l'enseignement de l'éducation de la sécurité routière, nous aurions eu aujourd'hui une génération éduquée à la sécurité routière et au respect du code de la route», estime cet expert. De son côté, Atika Maameri, présidente de la fédération des associations des handicapés moteurs, joint sa parole à celle de Lazouni et appelle à l'introduction de l'éducation routière dans les programmes scolaires. «Avoir une formation de base dès le jeune âge est élémentaire», estime-t-elle. La Gendarmerie nationale et le ministère de l'Education nationale ont signé une convention cette année pour former les jeunes écoliers à la prévention routière. Ces services devraient dispenser des cours dans les établissements scolaires lors des heures creuses pour former les petits au respect du code de la route. Le projet devrait s'élargir aux autres wilayas du pays.