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LA BATAILLE DE CONSTANTINE 1836-1837 DE ABDELKRIM BADJADJA
Le récit historique d'un combat en deux épisodes
Publié dans Le Soir d'Algérie le 29 - 08 - 2016

«Il y a trop de lectures sur l'Emir Abdelkader, et peu ou pas sur Hadj Ahmed Bey», assène Abdelkrim Badjadja dans son livre. La sentence figure dans les textes en annexe.
Le chercheur y rappelle notamment la conception qu'il a de l'écriture de l'histoire. Dans le contre-discours qu'il développe, il souligne que le bey de Constantine est victime d'un traitement discriminatoire. Pire, il est frappé d'ostracisme ! «Je suis à la fois indigné et fatigué de lire toutes les louanges sur l'Emir Abdelkader, pendant que Hadj Ahmed Bey est placardisé consciemment dans les débarras de l'histoire comme si l'on était embarrassé de l'en sortir au risque d'amoindrir l'envergure historique de l'Emir ! En fait, beaucoup de nos compatriotes, y compris parmi les chercheurs et les intellectuels, n'appréhendent l'histoire de l'Algérie qu'à travers les lunettes (aveuglantes) françaises», écrit Abdelkrim Badjadja. «C'est vraiment là que se situe le cœur du débat : Doit-on appréhender Abdelkader comme «prophète sacré, intouchable», ou comme homme tout simplement, chef et héros de la résistance algérienne aux forces d'invasion coloniale, inscrivant à son actif de nombreuses réalisations dont des victoires éclatantes sur l'ennemi, mais ayant aussi commis des erreurs d'appréciation, ainsi que Hadj Ahmed Bey, ce qui a valu à l'Algérie de perdre son indépendance, et à Constantine des pertes humaines par milliers : en 1836, Constantine comptait 30 000 habitants, et en 1843 seulement 18 000 habitants», est-il en droit de s'interroger.
Abdelkader Badjadja développe une pensée critique par laquelle il se place en porte-à-faux de la doxa, du discours populiste, du consensus et des formes d'héroïsation généralement admises. Pour lui, l'écriture de l'histoire livre des leçons et des enseignements à la seule condition d'être considérée comme une discipline scientifique basée avant tout sur les archives. Bien entendu, le lecteur a toute latitude de partager ou non les opinions de l'auteur, d'apprécier ou de rejeter sa manière de voir et son penchant pour la polémique. Il peut légitimement se demander pourquoi l'auteur a-t-il consacré tout un chapitre (le cinquième) à la vive controverse provoquée par son «coup de gueule» sur l'Emir Abdelkader. A-t-il des comptes à régler ? Non, se défend Abdelkrim Badjadja, évidemment conscient de la position inconfortable du chercheur dans cet exercice périlleux. «Les faits historiques relèvent de l'Histoire et non des spéculations personnelles (...). Par contre mon opinion relève d'une prise de position personnelle à partir de faits historiques irréfutables», répond-il à ses détracteurs. Quoi qu'il en soit, les convictions de l'auteur, les débats et les polémiques suscités (surtout sur internet), ainsi que beaucoup d'informations sur son parcours, ses mésaventures, sa carrière d'archiviste et ses fonctions actuelles (il est consultant en archivistique à Abu Dhabi depuis 2002) sont, d'une certaine façon, un plus pour le lecteur. Le cinquième chapitre ne vient pas comme un cheveu sur la soupe, il contribue plutôt à éclairer la démarche de l'auteur et à harmoniser l'ensemble.
Retour, à présent, à l'essentiel : Hadj Ahmed Bey et la Bataille de Constantine. Dans une correspondance avec le professeur André Nouschi (toujours en annexe), Abdelkrim Badjadja apporte les précisions suivantes : «Mon travail sur La bataille de Constantine 1836-1837 se limitait à l'aspect militaire, le déroulement des combats sur le terrain. J'avais eu accès à Vincennes à des ‘'Archives arabes'' non classées et non encore ouvertes à la communication en 1983. De même j'avais recueilli des souvenirs de cette bataille auprès de mon père, né en 1901, et de ma grand-mère maternelle (...), tous deux nés à Constantine. J'avais inséré dans mon livre ces souvenirs comme témoignages au 3e degré.» Certes, la plus grande partie de l'ouvrage traite d'histoire militaire, d'une bataille entre deux armées, mais cela n'empêche pas l'auteur de peindre, en toile de fond, le tableau d'ensemble d'une époque, d'une société. La fresque se présente aux yeux du lecteur dès l'introduction : «Le Beylik de Constantine était la région la plus vaste, la plus peuplée, et surtout la plus riche de l'Algérie. Pour le gouvernement français, il était impossible d'étendre et de développer la colonisation en Algérie sans le Constantinois, et pour ce faire la prise de Constantine devenait une nécessité. Dès 1827 Constantine occupait une place particulière dans le projet d'invasion coloniale.» Dans ce condensé (introduction) du livre, l'auteur esquisse les grandes lignes de sa démonstration : le refus de Hadj Ahmed Bey de se soumettre, la prise de Bône par les Français, la première et la deuxième période de la bataille, les principaux protagonistes et (surtout) les personnages moins connus qu'il va sortir de l'ombre. Tout cela est enrichi et mis en perspective par deux autres volets : «Constantine à l'époque de Hadj Ahmed Bey» (chapitre I) et «Historique de Constantine depuis l'Antiquité» (sixième et dernier chapitre). 
À partir d'une telle configuration, le chercheur démonte, pièce par pièce, l'échafaudage de l'historiographie coloniale pour lui substituer les vrais faits historiques, irréfutables, notamment pour ce qui concerne la stratégie militaire et le déroulement des combats. Sous ce nouvel éclairage, il plante d'abord le décor, le cadre où va se dérouler l'histoire. Dans le premier chapitre, il fait revivre le Constantine de l'époque : cartographie de la ville, scènes de la vie quotidienne, éléments d'onomastique (dont des noms de lieux, des noms de famille et des prénoms féminins en usage). Ce panorama urbain, sociologique et ethnographique est complété par une biographie de Hadj Ahmed Bey et son portrait physique, et par un organigramme de l'administration du Beylik. «La première conspiration contre Hadj Ahmed Bey», tramée par les janissaires, est également évoquée.
Ils voulaient liquider ce «Kouloughli» (métis de mère algérienne et de père turc) et prendre le pouvoir. Mais «fort du soutien des notables et des habitants de Constantine, Hadj Ahmed Bey fit une entrée triomphale» dans la ville. Cette vue d'ensemble s'achève par «la bataille de Annaba 1830-1832», comme prélude au deuxième chapitre. L'auteur décrit cet épisode, expliquant que la bataille de 1836 «avait commencé à Bône» en réalité. Nous sommes maintenant dans le cœur du sujet : «1836, la défaite de l'armée française». L'auteur décrit par le menu une bataille qui «a opposé d'abord deux armées, chacune avec ses effectifs de cavaliers et de fantassins, son réseau d'agents de renseignements, sa stratégie et ses tactiques». Dans le chapitre suivant, il relate, toujours dans le détail, le prolongement de la bataille et la participation de la population. La deuxième période est justement intitulée «Octobre 1837, bataille de rues à Constantine». Résumé du chapitre II : «L'armée française, composée de 8 800 hommes, commandée par le maréchal Clauzel en personne, gouverneur général de l'Algérie, secondé par l'un des fils du roi de France, le duc de Nemours, quitta Bône le 8 novembre 1836, pour se présenter devant Constantine le 21 dans l'après-midi. Elle espérait que la population se rendrait sans aucune résistance. L'armée constantinoise, composée de deux corps distincts, l'un assurant la défense en ville (2 400 hommes dirigés par Ali Benaïssa et Mohamed Belebdjaoui), l'autre battant la campagne sous la bannière de Hadj Ahmed Bey (5 000 cavaliers et 1 500 fantassins), laissa venir à elle l'ennemi, pour l'enfermer entre l'attaque et la défense. La stratégie constantinoise s'avéra payante, et l'armée française, contrairement à ses espérances, dut livrer bataille et essuyer une lourde défaite.» En conséquence, «changeant de stratégie et de politique, le gouvernement français, ne pouvant combattre à la fois l'Emir Abdelkader à l'Ouest et Ahmed Bey à l'Est, signa avec le premier le traité de la Tafna (30 mai 1837)», rappelle l'auteur à l'entame du chapitre III où il décrit, là encore, les événements dans leur déroulement chronologique (histoire militaire). Condensé du récit : «Fort de son succès, Hadj Ahmed Bey adopta la même stratégie pour affronter l'ennemi dans sa nouvelle tentative. Par contre, le général Damrémont, nouveau gouverneur général de l'Algérie, tirant les leçons de la précédente bataille, mit au point un nouveau plan pour assiéger Constantine. Cette nouvelle stratégie et les erreurs et contradictions du commandement constantinois permirent aux troupes françaises d'entrer en ville le 13 octobre 1837. La bataille classique qui avait opposé jusque-là deux armées prit fin, et une nouvelle page de l'histoire de l'Algérie s'ouvrait avec la résistance populaire : hommes, femmes et enfants prirent le relais pour défendre leur indépendance, combattant à mains nues, et choisissant de mourir dans les précipices plutôt que de se rendre.» Parmi les erreurs du commandement constantinois, le refus de Benaïssa d'armer la population («Ce fait, d'une importance capitale, n'a été mentionné dans aucun écrit. Il a été légué à la tradition orale (témoignages au 3e degré) par des survivants de la bataille de Constantine», précise l'auteur). Après la prise de Constantine, Ahmed Bey prend la route du Sud : «Il ne désespère pas de reconquérir Constantine, et il continuera le combat jusqu'en 1848 (...). Ahmed Bey mourut en captivité à Alger le 30 août 1850. Il fut enterré à la zaouia Sidi Abderrahmane à Alger.».
Dans le chapitre suivant, l'auteur donne beaucoup d'informations sur les principaux protagonistes de la bataille, à travers des notices biographiques. Il lève le voile sur des personnages restés dans l'ombre, tels Ali Benaïssa, Cheikh Lefgoun, Ben Zekri, Youssouf, Paolo di Palma, Raimbert...
Hocine Tamou
Abdelkrim Badjadja, La bataille de Constantine 1836-1837, éditions Chihab, Alger 2016, -174 pages, 850 DA.


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