Après l'Europe du foot, l'Islande va-t-elle surprendre le monde ? Aucun pays de moins d'un million d'habitants ne s'est jamais qualifié pour un Mondial mais l'île nordique en rêve avant d'entamer aujourd'hui ses qualifications pour 2018, sur la lancée de son fantastique Euro. «Je m'autorise à être raisonnablement optimiste. Nous aurons la même équipe, plus ou moins, donc il y a toutes les raisons de croire qu'on peut faire quelque chose de vraiment bien». Les mots sont d'un expert, le président de la République Gudni Johannesson, qui avait étonné cet été à l'Euro en France en allant se mélanger en tribune avec les Vikings qui s'exclamaient «Huh!» Pour lui comme pour tous les Islandais, impérissable est le souvenir du nul contre le Portugal (1-1), l'équipe qui allait remporter le tournoi, et des victoires contre l'Autriche puis, surtout, l'Angleterre en 8e (2-1). Ces exploits ont hissé en quart de finale une toute petite nation du foot européen, finalement éliminée par la France (5-2), et donné un coup de projecteur sur ses joueurs-clés, Aron Gunnarsson, Kolbeinn Sigthorsson ou Ragnar Sigurdsson C'est maintenant un mélange d'ambition et de responsabilité qui prévaut : finie l'époque où on n'attendait d'eux pas grand-chose et où les défaites paraissaient normales. Et sur la route de la Coupe du monde 2018, le tirage n'a pas été clément. «Seule une équipe va directement en Russie dans chaque groupe. Dans le nôtre il y a quatre équipes qui étaient qualifiées pour l'Euro. Aucun autre n'en compte autant. Toutes se considèrent assez bonnes pour gagner le groupe», remarque le sélectionneur Heimir Hallgrimsson. Il parle de l'Ukraine, premier adversaire à Kiev, de la Turquie et de la Croatie. Dans ce groupe I, a priori très ouvert, sont également présents la Finlande et le Kosovo. «Par petites touches» Il y a une revanche à prendre contre la Croatie, l'équipe qui avait éliminé l'Islande en barrages du Mondial-2014. À l'époque, l'aller à Reykjavik s'était conclu sur un 0-0 frustrant, sous les yeux de M. Johannesson, alors citoyen ordinaire qui avait eu assez de chance pour arracher l'un des billets vendus en trois heures, en pleine nuit. «Un de mes enfants s'était réveillé au milieu de la nuit et ne voulait pas se rendormir. Et j'ai remarqué que la vente des billets avait ouvert plus tôt que les gens n'avaient prévu. En tant que président, je suis en meilleure position pour obtenir des tickets», plaisante-t-il aujourd'hui. Les joueurs aussi ont pris du galon, 23e équipe mondiale selon le classement Fifa. «L'été dernier nous a donné tellement de plaisir que tout le monde veut revivre ça. Les joueurs également sont très exigeants envers eux-mêmes», souligne le sélectionneur. Seul changement, et de taille : son ancien compère, Lars Lagerbäck, est retourné dans son pays, la Suède, dont il conseille maintenant l'équipe nationale. D'après Hallgrimsson, ses cinq ans de travail acharné pour bâtir ce groupe ont laissé des fondations solides. Son équipe va évoluer, au gré de la forme des uns et des autres, et parce que son 4-4-2 et son style direct sont à présent très bien connus des adversaires. Mais «même s'il peut y avoir quelques changements dans la façon dont nous jouons et travaillons ensemble, mieux vaut les faire par petites touches».