En marge du 15e Forum international de l'énergie qui se tiendra en Algérie du 26 au 28 septembre, les pays membres de l'Opep tiendront une réunion informelle. Bien qu'informelle, c'est cette réunion qui retient l'attention et mobilise pour sa préparation. L'activité intense déployée par le ministre algérien de l'Energie se veut assurer la «réussite de cette rencontre». L'objectif affiché aujourd'hui n'est plus à la révision des prix, ni au gel et encore moins à la réduction de la production du brut mais plus modestement à la «stabilité du marché pétrolier». Le réalisme a pris le pas sur les velléités d'imprimer un nouveau souffle à une organisation — l'OPEP — qui n'a plus la force d'antan et que les relations Opep-producteurs non-Opep subissent les aléas d'une conjoncture internationale très perturbée. Le ministre algérien de l'Energie s'est déployé partout, rencontrant responsables de pays producteurs comme ceux des pays producteurs non-Opep. Nourredine Bouterfa explique cette intense activité : «Nous sommes en relation avec les membres, le secrétaire général de l'Opep et cela fait partie de ce travail de mise en marche d'un consensus et je suis optimiste.» Et pour argumenter cet optimisme, il étaye par le soutien qu'il aurait eu de «l'Arabie Saoudite, le Qatar, l'Iran, le Venezuela, le Koweït et les pays non-Opep tels que la Russie». Quant à la nature du consensus recherché, il est évoqué par le secrétaire général de l'Opep, Mohamed Barkindo, qui, à l'issue de sa rencontre avec le ministre algérien de l'Energie déclarait la semaine dernière : «Les pays membres de l'Opep doivent agir pour la stabilité du marché du pétrole qui a connu une chute vertigineuse depuis 2014. Le marché du pétrole, a poursuivi le SG de l'Opep, doit se stabiliser avec des prix moins volatils. C'est ce que nous essayons de faire à travers nos consultations pour que les pays membres agissent dans une seule direction : rétablir la stabilité durable du marché». Toutefois, les déclarations d'intention ne suffisent pas et mieux encore, certains accords conclus sont remis en cause. Il en a été ainsi, par exemple, début septembre dernier, au sommet du G20 d'un accord entre l'Arabie Saoudite et la Russie pour soutenir le prix du brut. Très vite, Khaled Al Falah, le ministre saoudien de l'Energie, déclarait sur une chaîne TV : «Il n'est pas nécessaire actuellement de geler la production. Nos avons encore le temps pour une telle mesure.» Dans ce contexte, l'Algérie aura-t-elle été entendue lorsque son ministre de l'Energie déclarait qu'«un prix du baril inférieur à 50 dollars n'est pas acceptable et n'est favorable ni aux pays producteurs, ni à l'économie mondiale dans son ensemble, et nous allons tout simplement réfléchir à une solution avec les pays producteurs membres de l'Opep». Cette solution figure, selon le ministre, dans une proposition que l'Algérie fera à la réunion Opep informelle de fin septembre. Il faut souligner que la consommation mondiale de pétrole donnée comme devant augmenter en ces deux derniers trimestres ne le sera pas. Le dernier rapport de l'Agence internationale de l'énergie (août 2016) évoque plutôt un ralenti de la consommation face à une offre très importante. Les productions hors Opep, Etats-Unis, Russie, Mexique... évoluent. L'Opep, avec 40% de part de marché (contre 55% en 1973) garde toutefois une part conséquente. Elle ne le sera effectivement que si l'Arabie Saoudite, premier exportateur mondial avec 10 millions de barils/jour, décide d'une réduction de sa production pour parvenir à un prix important. Le fera-t-elle aujourd'hui qu'elle se trouve en butte à des difficultés économiques internes ? Rien n'est moins sûr, tant que les Etats-Unis dirigent encore la royauté et tant que le rôle que lui assume l'US à l'échelle mondiale de régulateur du marché n'a pas encore disparu. Un contexte compliqué et avec lequel les membres de l'Opep et notamment l'Algérie qui accueille les joutes informelles seront obligés de prendre en compte. L'Algérie, peut-être plus que le reste. Nos recettes pétrolières ayant fondu comme neige au soleil et notre développement étant malheureusement encore tributaire de cette ressource.