Les espoirs des pays producteurs de pétrole quant à enrayer la chute des cours du pétrole reposent sur les Russes. «La Russie est la clé» de la crise pétrolière actuelle, a affirmé, hier, le ministre algérien de l'Energie, Salah Khebri, sur les ondes de la radio nationale. D'autant que, a-t-il souligné, les Saoudiens sont disposés à réduire leur production à condition que les Russes y consentent en premier. Younès Djama - Alger (Le Soir) - Le ministre de l'Energie, Salah Khebri, compte mettre à profit la visite, depuis hier, en Algérie, du chef de la diplomatie russe, Sergueï Lavrov, pour tenter de convaincre la partie russe de baisser sa production, dans l'espoir d'entraîner dans son sillage l'autre gros producteur de pétrole, l'Arabie Saoudite, qui s'est montrée disponible à en faire de même, et enrayer ainsi la chute brutale des cours du pétrole qui met à mal leurs économies. «La solution est entre les mains des Russes. L'Arabie Saoudite est prête à réduire (sa production), si la Russie réduit la sienne», a déclaré Salah Khebri, qui a qualifié de «positive» la décision des Russes de geler la production aux niveaux de janvier, dans le sillage de la rencontre de Doha à l'initiative du Venezuela et à laquelle ont pris part Russes, Qataris, Saoudiens et Vénézuéliens. Selon Khebri «négocier avec la Russie est très important», ajoutant que les Russes connaissent les mêmes difficultés que les autres pays pétroliers et qu'il était aussi dans leur intérêt «qu'ils s'inscrivent dans la démarche des pays Opep afin de participer au rééquilibrage du marché pétrolier». «Nous tenterons, lors de la visite de M. Lavrov (en Algérie), de travailler ensemble dans le sens d'une meilleure convergence des points de vue dans l'intérêt de l'ensemble des pays producteurs de pétrole», a souligné Salah Khebri. D'après lui, la situation actuelle n'est pas dans l'intérêt des pays producteurs, et que si elle persistait elle conduirait inéluctablement à une réduction de l'offre, et donc vers une remontée des prix «à moyen et long terme». «Nous voulons d'un prix qui puisse satisfaire le consommateur et qui puisse encourager les investissements», a indiqué Khebri. Il a déploré que les autres gros producteurs aient ignoré les alertes de l'Algérie, depuis août 2015, quant aux conséquences de la surabondance de l'offre sur les prix qui se situaient, alors, au-dessus des 60 dollars. «A ce moment-là personne ne croyait que les prix allaient arriver au niveau d'aujourd'hui», a signalé le ministre algérien qui souligne la disponibilité de l'Algérie à encourager toute démarche allant dans le sens d'un rééquilibrage du marché pétrolier. «Nous allons participer, a déclaré Khebri, à toutes les réunions qui ont pour ordre du jour cet objectif», notamment la prochaine réunion des pays producteurs de pétrole (Opep) prévue en mars prochain. A ce propos, il dira que l'ordre du jour de cette réunion consistera à entériner la décision de gel de la production aux niveaux de janvier, comme une première étape. Cependant, affirme Khebri, dans l'éventualité où les prix ne remontent pas dans les 4 à 5 prochains mois, les pays producteurs seront dans l'obligation de passer à la deuxième phase qui consiste en la réduction de la production. Cela, même si cette option requiert l'adhésion de tous les pays producteurs, ce qui n'est pas encore acquis. Par ailleurs, Khebri a estimé qu'il est de l'intérêt de toutes les parties de coordonner entre elles pour tenter de rééquilibrer le marché du gaz qui connaît, lui aussi, les mêmes contraintes que le marché pétrolier. Un marché gazier caractérisé par une chute des prix en raison de la conjonction de deux facteurs, d'une part une surabondance de l'offre, mais aussi une demande européenne en gaz qui diminue de plus sur fond de crise. Une situation qui incite l'Algérie à redoubler ses efforts pour défendre ses parts de marchés sur le Vieux Continent surtout que la baisse de la demande en gaz affecte davantage ses clients.