Tout est bien qui finit bien. Après 36 heures de sa disparition, Athmane Arar de Taghzout, l'enfant qui a défrayé la chronique locale pendant près de deux jours, a été retrouvé sain et sauf jeudi dernier vers 18 heures. Une folie d'enfance qui l'a poussé à se lancer sans aviser personne dans une aventure, somme toute très dangereuse, qui l'a mené depuis Taghzout, cette commune située à 10 kilomètres au nord-est de Bouira, jusqu'à... Oran, où le petit enfant a voulu voir un cousin. Yazid Yahiaoui Bouira - (Le Soir) - Hier vendredi, devant le domicile paternel, alors que le père et le petit Athmane se trouvaient au niveau de la brigade de la gendarmerie de Haizer pour faire les dépositions nécessaires en pareilles circonstances, les citoyens des quatre coins de la commune et même de la wilaya affluaient pour féliciter les membres de la famille, en particulier les frères de Athmane, de cette fin heureuse. Comment en serait-il autrement quand on sait que mercredi dernier et dès que l'information faisant état de la disparition du petit Athmane de la famille Arar, se fut propagée dans la ville et à travers la toile, tout le monde s'est spontanément mobilisé et s'est mis à la recherche en exploitant les moindres indices concernant le petit Athmane. Du côté de la Gendarmerie nationale et de la DGSN, dans l'après-midi de mercredi, la famille a été priée, comme d'usage, de patienter encore 24 heures avant de lancer officiellement le billet de recherche. Une patience qui n'en finissait pas tant chaque seconde qui passait était un tourment pour la famille. D'autant que la disparition de Badreddine de Aïn Bessem, qui a le même âge que Athmane et qui sont tous deux collégiens, est toujours vivace dans les mémoires puisque Badreddine n'a toujours pas été retrouvé et ce, depuis le 30 avril dernier. Aussi, lorsque le jeudi soir, aux environs de 19 heures, la famille avait appris la nouvelle de la réapparition du petit Athmane, ce fut vraiment la fête. Et comme au chef-lieu, il y avait déjà un gala, ce fut un moment de joie et de liesse populaire auxquelles a participé même le petit Athmane après son arrivée aux environs de 20 heures. «Le petit Athmane a dansé comme un fou durant la majeure partie de la soirée», nous confiera son frère cadet, Slimane. Cela étant, pour revenir à la genèse de cette disparition, laissons le jeune Hocine, un parent de la famille, celui-là même qui a retrouvé le petit Athmane au niveau de la gare d'Alger, ce jeudi, aux environs de 18 heures, la raconter. «Il était environ 18 heures et je venais de réserver une place dans le dernier bus qui rentrait à Bouira au niveau de la gare routière d'Alger. Soudain, j'aperçus le petit Athmane, billet à la main qui venait me saluer. Il était très pâle et la fatigue était très visible sur son visage. En quelques phrases, le petit, qui ne savait pas que sa disparition a fait le tour du monde à travers la toile et a mobilisé des milliers de personnes qui étaient à sa recherche, me raconta son histoire». «Hier, au petit matin, lui dira le petit Athmane, comme c'est la fête de l'Aïd, je décidai comme je l'avais déjà programmé dans ma tête depuis longtemps, de rendre visite à mon cousin qui habite Oran. J'avais dans ma poche 1200 dinars et j'ai décidé de griller les cours et d'aller à Oran. J'ai pris le bus de Bouira vers Alger, puis une fois à Alger, j'ai pris le bus d'Oran. Je suis arrivé à Oran à la tombée de la nuit. Là, j'ai pris le bus vers Gdyel où habite mon cousin, mais je ne connaissais pas l'adresse exacte. Une fois à la gare de Gdyel, je me suis perdu. Là, j'ai dû, alors que mon argent était déjà épuisé, passer la nuit au niveau de la gare. Pendant toute la nuit, j'étais là debout en essayant de paraître le plus normal possible, en répondant de temps à autre aux enfants et même aux adultes, par des ouah, selon un langage de la région. J'ai réussi à passer inaperçu parmi eux. Au petit matin de jeudi, n'ayant plus d'argent, j'ai tenté ma chance auprès d'un vieux à qui j'ai parlé sincèrement, en lui racontant mon histoire et en lui disant que n'ayant pas trouvé mon cousin, je voulais rentrer chez moi à Bouira, mais que je n'avais plus d'argent. Le vieux, tout en s'assurant que je lui disais la vérité et en me faisant jurer que je devais réellement rentrer chez moi, me tendit un billet de 1000 dinars... Et c'est ainsi que je pris le billet de retour vers Alger et de là, un autre billet pour Bouira.» Le petit Athmane se fit accompagner depuis Alger par son parent Hocine qui a immédiatement appelé les parents à Taghzout les informant de la bonne nouvelle. A Bouira, Hocine prit un taxi clandestin au niveau de la gare routière pour rentrer à Haizer où il habite et d'où les parents récupérèrent «leur enfant qui avait dans ses poches exactement 90 dinars» nous disais hier son frère Slimane dont la famille tient à remercier tous ceux qui se sont mobilisés pour retrouver le petit Athmane. En somme, une disparition qui a bien fini mais qui interpelle les parents sur les folies des enfants et la nécessité de les surveiller de près, mais également corriger les failles ; comme ces histoires d'absences des enfants dans les écoles et dont on ne se rend compte qu'après plusieurs heures voire jusqu'à la fin de la journée. Ou encore le lancement de l'avis de recherche pour lequel les services de sécurité exigent au moins 24 heures alors que pour le cas d'Athmane, si le billet de recherche était lancé avant, les patrouilles de police de Gdyel auraient largement été attirées par le signalement de l'enfant de 13 ans pendant la nuit de mercredi à jeudi au niveau de la gare routière. Enfin, il y a lieu de rappeler encore une fois, la disparition du petit Badreddine de Aïn Bessem qui n'a toujours pas été retrouvé et cela, depuis le 30 avril dernier. Espérons que cette disparition connaîtra une fin identique à celle de Athmane et que les parents retrouveront leur fils sain et sauf.