V�cue comme une fatalit� par certains et une normalit� par d'autres, la violence � l'encontre des femmes dans notre pays a atteint des proportions inqui�tantes. C'est au sein de l'espace familial cens� �tre un lieu de s�curit�, c'est-�-dire � �l'abri�, que les femmes sont le plus expos�es � diverses formes de violences. Pr�s de 8o% des femmes sont agress�es au domicile. Les victimes sont des femmes relativement jeunes, quatre cinqui�me d'entre elles ont moins de 45 ans. Elles sont instruites, environ 30% ont fait des �tudes secondaires ou sup�rieures mais seule la minorit� travaille � l'ext�rieur. Ilhem Tir Alger- (Le Soir)- Le ph�nom�ne de violence � l'encontre des femmes n'�pargne aucune couche, et ce, quelle que soit la culture ou le niveau socio-�conomique de la victime. La violence est bel et bien tol�r�e et accept�e par notre soci�t�. La premi�re enqu�te nationale publi�e r�cemment par l'Institut national de sant� publique (INSP) ressort le fait qu'un tiers des femmes alg�riennes subissent des s�vices corporels. Les caract�ristiques de l'agresseur appr�hend� par les services de police et de la justice r�v�lent le niveau d'instruction bas de ces agresseurs. Les agressions physiques sont souvent signal�es lorsque l'agresseur est analphab�te. Cependant, le ch�mage constitue un facteur aggravant car la majorit� des agresseurs sont sans emploi. Le domicile reste le lieu privil�gi� � l'agression. Les deux tiers des agresseurs appartiennent au cercle intra-familial. Par ailleurs, durant la d�cennie noire, les femmes avaient pay� un lourd tribu �tant donn� l'explosion de la souffrance dont elles �taient de parfaites cibles. Les familles, se sentant menac�es, ont r�duit davantage le peu de libert� gagn�e par les femmes sous pr�texte de les prot�ger. A cette violence ponctuelle, s'est juxtapos�e une violence quotidienne. Pourtant, la Constitution alg�rienne garantit l'inviolabilit� de toute personne humaine contre toute forme de violence physique ou morale. L'�tude publi�e par l'INSP faite sur un �chantillon de 9 033 victimes est r�v�latrice � plus d'un titre malgr� le fait que les wilayas du Sud ont �t� le moins repr�sent�es � cause des difficult�s d'acc�s des femmes aux diff�rentes structures de police, de justice, de sant� et des centres d'�coute. Sur l'�chantillon mentionn�, 3 746 victimes se sont adress�es aux services de sant�, 2 444 se sont adress�es directement � la police, 2 130 � la justice et seulement 713 des femmes victimes ont �t� orient�es vers les centres d'�coute. La pr�dominance des grandes villes est nettement illustr�e avec 10,4 % des agressions se font � Alger, 5% � Constantine et 4% � Oran. Toutes les villes connaissent ce fl�au avec des taux plus ou moins variants notamment les villes des Hauts-Plateaux et celles de l'Est, en d'autres termes l� o� les conditions de vie sont les plus difficiles. Les plus jeunes sont les plus expos�es Concernant les caract�ristiques sociod�mographiques, le taux le plus �lev� des victimes touche la tranche d'�ge des 15-24 ans avec 28,11% de cas signal�s. Les femmes entre 25-34 ans repr�sentent 26,65 %, celles ayant 35-44 ans repr�sentent 20,58 %. Pr�s de 10% des femmes agress�es ont 55 ans et plus et 5% d'agressions concernent celles de moins de 14 ans. Sur ces victimes recens�es, un tiers repr�sente des femmes c�libataires dont 1,6 % sont des m�res c�libataires. 15% sont des femmes veuves ou divorc�es et le reste des victimes sont mari�es. Le niveau d'instruction est pris en consid�ration puisque le pourcentage varie entre 30,8 % pour les femmes analphab�tes jusqu'� 6,1 % pour celles ayant un niveau universitaire. Ce qui suppose que la majorit� des femmes agress�es n'exercent aucun m�tier. N'emp�che que la femme instruite ayant un statut social bien d�fini et une situation professionnelle stable constitue quand m�me 19,4 % des cas d'agressions. De ce fait, la r�partition par �ge montre que la population �tudi�e est plus jeune que la population en g�n�ral et que la pr�dominance de femmes entre 15 et 44 ans concerne essentiellement des femmes mari�es. Ceci laisse pr�juger que la violence conjugale est pr�pond�rante. Une surrepr�sentation de femmes seules (veuves ou divorc�es) montre aussi la pr�carisation accrue de cette cat�gorie. En finalit�, les femmes ayant un certain niveau intellectuel et une certaine ind�pendance financi�re sont les plus � oser d�clarer leurs agressions. Le mari souvent responsable Le nombre de femmes � s'adresser aux diff�rentes structures de sant� constitue la plus grande partie des agressions d�nombr�es vu le caract�re urgent parfois de la situation. Plus de la moiti� des femmes injuri�es, soit un taux de 51,2%, sont re�ues par les services de la m�decine l�gale et dans une mesure moindre, soit 37,5%, par les services des urgences. Seulement 2,2 % de femmes agress�es sont d�clar�es par les services de gyn�cologie et un peu plus du double par les psychiatries. Il est � noter les difficult�s � signaler les agressions sexuelles. L'identit� de l'agresseur met en avant le mari avec un taux de 40% d'agression, le voisin avec 16,29%, l'inconnu avec 8.6 % et des connaissances avec 7.8%. Les agressions commises sont en majorit� physiques: coups et blessures. 16.9% repr�sentent des agressions psychologiques et 5.4 % des s�vices sexuels. D'autre part, le tiers des femmes s'�tant pr�sent�es dans une structure sanitaire, soit un taux de 32.6%, ont d�clar� plus d'une agression. G�n�ralement, les abordages surviennent � domicile car l'agresseur n'est autre qu'un membre de la famille. Le mari et le fianc� �tant les premiers agresseurs. Ils repr�sentent 43.6% des violences commises. Sur un autre volet, les victimes ayant pr�f�r� s'adresser aux centres d'�coute se caract�risent par leur relative jeunesse. La majorit� c�libataire ayant effectu� des �tudes secondaires ou sup�rieures. Les femmes peuvent s'exprimer sans que leur parole soit contr�l�e. La prise en charge dans ce cas se base essentiellement sur l'apport psychologique. Pour conclure, l'am�lioration des conditions d'accueil des victimes est plus que n�cessaire qui doit s'accompagner par d'autres meures telle que la formation des diff�rents intervenants, la cr�ation d'autres centres d'�coute et d'accueil et le renforcement de l'action du mouvement associatif. N�anmoins, la mesure la plus appropri�e pour combattre ce fl�au reste l'optimisation de la l�gislation.