Plus du tiers des agressions sont commises par les voisins et les connaissances. Près de 55% des femmes sont violentées au sein de la famille, 5% le sont par leurs propres enfants. Au total, 9033 femmes victimes de violence ont été recensées. Les structures qui ont reçu le plus grand nombre de victimes sont par ordre décroissant les structures de santé, les commissariats, les tribunaux et les centres d'écoute. Globalement, le maximum de victimes a été enregistré dans les grandes villes: la capitale avec 10,4%, puis Constantine avec 5,0% et Oran avec 4,0% et de nombreuses villes des Hauts Plateaux. Ce sont là les chiffres de l'enquête réalisée par l'Institut national de santé publique (Insp) sur la violence à l'encontre des femmes, publiée en 2005. Elle a concerné toutes les wilayas du pays. Selon l'enquête, une prédominance des femmes âgées entre 15-24 ans avec 28,11% est enregistrée, les 25-34 ans (26,65%) et les 35-44 ans (20,58%). Près de 10% des victimes ont 55 ans et plus et un peu moins de 5% n'ont pas plus de 14%. Selon les chiffres de l'Insp, plus du tiers des femmes agressées sont célibataires soit un taux de 36,2% dont 1,6% de mères célibataires. Les femmes mariées représentent environ la moitié des victimes et les veuves ou divorcées près de 15%. Contrairement aux idées admises, les victimes sont globalement instruites, et ce sont elles qui, parce qu'elles ont une certaine indépendance financière, osent porter plainte pour les agressions subies. Malheureusement, le niveau d'instruction ne semble pas un frein à la violence. Les femmes ayant eu recours aux structures de santé sont relativement jeunes puisque les deux tiers ont moins de 35 ans au moment des faits, note l'étude. La majorité d'entre elles sont mariées. Le quart des victimes ont fait des études secondaires et/ou supérieures et plus du tiers est sans profession. Globalement, l'enquête révèle que le lieu principal de l'agression est le domicile: environ les deux tiers des violences y sont commises, soit un taux de plus de 50%, dans ce qui est censé être un lieu de sécurité. Sur les lieux de travail, les principales violences retrouvées sont de nature sexuelle ou psychologique. Ces dernières prédominent et représentent plus du tiers des violences signalées. Cette étude précise que la violence conjugale est omniprésente. La moitié des violences déclarées par les femmes mariées ont été commises par le mari. Autre fait saillant : les voisins et connaissances tiennent une place non négligeable dans les violences subies par les femmes: plus du tiers des agressions (31,1%). Plus d´un tiers de femmes déclarent être victimes de plus d´une agression. En ce qui concerne la nature des violences, celles-ci sont majoritairement physiques et représentent 77,2%. Elles se manifestent essentiellement sous forme de coups et blessures volontaires. En matière de prises en charge, 60% des femmes battues en ont bénéficié. Ces chiffres qui sont en perpétuelle augmentation n'ont pas laissé les pouvoirs publics sans réaction. Pour débattre de la gravité de ce phénomène, une rencontre a été initiée, hier, par le ministère de l'Emploi et de la Solidarité nationale, en présence du premier responsable du secteur, le Dr Djamel Ould Abbès et de la ministre déléguée chargée de la Famille et de la Condition féminine, Mme Nouara Djaâfar. L'objectif est d´élaborer une stratégie nationale de lutte et de renforcer les mesures juridiques et institutionnelles dans ce domaine, mettre en place des structures d'accueil, d'écoute, d'orientation et d'accompagnement des femmes en détresse. Dans ce cadre, Mme Nouara Djaâfar a annoncé la création prochainement, d'une cellule d'écoute dotée d'un numéro vert.