L'exercice d'évaluation : soit un problème économique, social ou environnemental, préalablement identifié comme étant susceptible d'être pris en charge par une action publique. On peut penser à des questions qui touchent à la santé, à l'éducation, à l'emploi, à la violence sociale, à des mesures fiscales, aux subventions des prix, aux transferts sociaux, à la criminalité, aux accidents de la route, aux déchets ménagers, industriels, etc. La liste est interminable. L'évaluation consiste à passer en revue cette action publique en portant l'attention sur trois points : (i) celui de la concordance entre les objectifs très spécifiques qu'elle vise par référence au problème à résoudre, et donc le contenu et la forme à donner à ladite action publique ; (ii) celui de son processus de mise en œuvre, les méthodes, les acteurs, leurs rôles, les moyens, le timing ; (iii) celui de la mesure des résultats obtenus, de leur durabilité, de leur impact sur le problème à résoudre et autres effets collatéraux qu'ils peuvent éventuellement avoir. Ce type d'analyse est mené (i) avant la prise de décision (évaluation ex ante) pour justifier et éclairer la décision ; (ii) pendant la mise en œuvre (évaluation à mi-parcours) pour éventuellement rectifier le tir ; (iii) après la mise en œuvre, pour apprécier les résultats obtenus (évaluation finale) et leur durabilité (évaluation ex post) sur la base d'indicateurs quantitatifs et qualitatifs préétablis et de sources d'information documentées et fiables. Ses avantages économiques De là, les avantages de l'évaluation sont évidents : (i) elle est un moyen de programmation et d'anticipation qui ne laisse pas de place à l'approximation ; (ii) elle offre la possibilité de surveiller et d'alerter par rapport aux risques et imprévus au moment de la mise en œuvre opérationnelle ; (iii) elle assure transparence et redevabilité vis-à-vis des contribuables et des bailleurs de fonds ; (iv) elle est une source d'enseignement et d'apprentissage irremplaçables, et enfin (v)elle génère par son dispositif instrumental un effet structurant fort sur la qualité de la gouvernance. L'évaluation des résultats d'une action publique, aspect central de l'exercice est abordée selon deux grands critères : l'efficacité et l'efficience. Le premier critère compare les résultats et les objectifs visés par référence au problème à résoudre. Plus les résultats obtenus se rapprocheront des objectifs visés, avec des impacts positifs et durables sur la résolution du problème posé, plus l'action publique sera qualifiée d'efficace. Le second critère confronte les résultats avec les moyens mis en œuvre. Pour un même résultat, plus les moyens seront maîtrisés, voire réduits, plus l'action publique sera réputée efficiente. De là, une action publique peut être très efficace pour avoir donné des résultats très satisfaisants, mais peu efficiente pour avoir accusé des surcoûts et de retards intolérables. L'inverse peut également se produire dans le cas par exemple d'une action publique rapide et peu coûteuse mais qui ne sert pas finalement à grand-chose. Ne remuons pas trop le couteau dans la plaie ! Chez nous, il est désormais impératif et urgent que l'action publique fasse de grands progrès à la fois en termes d'efficacité et en termes d'efficience. C'est un double tour de force qui est à notre portée pour peu que l'évaluation soit érigée en instrument de gouvernance. Alors seulement nous pourrons prétendre pouvoir faire plus et mieux avec moins et commencer à amorcer une sortie de la crise. Ses avantages politiques Les politiques publiques les plus efficaces et les plus efficientes n'ont pas la vertu de produire par elles-mêmes les consensus sociopolitiques solides qui leur permettront d'être acceptées et de réussir. De tels consensus se bâtissent. Là aussi, l'introduction de la pratique de l'évaluation peut y contribuer. Nos concitoyens dont la démographie continue d'augmenter sont en attente de réponses à des besoins nombreux et diverses qui rendent déjà les arbitrages les plus équitables très ardus, et ces arbitrages seront de plus en plus intenables dans le futur. Mais par-dessus tout, ce à quoi l'être humain est le plus sensible, ce n'est pas à l'austérité, mais à la justice et à la considération. Un peuple peut développer des capacités de résilience et s'habituer à tout. La résilience à l'austérité le renforce et l'aguerrit, tandis que la résilience à l'injustice, et au manque de considération, le détruit dans sa dignité et le déshumanise. L'évaluation des politiques publiques permet d'échapper à une austérité aveugle, imposée et humiliante. Elle contribue à apporter des fondements rationnels, de la transparence et donc une certaine légitimité sociale aux politiques publiques. Elle le fait grâce à deux de ses caractéristiques : l'indépendance des évaluateurs vis-à-vis de toute tutelle quelle qu'elle soit et la participation active de toutes les parties prenantes dont les points de vue sont systématiquement sollicités et pris en compte. Ainsi, elle offre sur le plan institutionnel une plateforme objective pour des débats constructifs, des négociations éclairées, des arrangements et accords sociopolitiques fondés, solides et durables. Il y va de la cohésion sociale et de la stabilité politique du pays.