Si proches et pourtant si loin : les deux géants du nord-ouest Liverpool et Manchester United s'affrontent ce soir dans un match qui promet d'être bouillant malgré le calme prôné par deux entraîneurs vedettes aux conceptions tactiques presque opposées, Jürgen Klopp et Jose Mourinho. Outre la rivalité historique entre les deux clubs distants de 50 kilomètres, qui fait de ce match un grand rendez-vous de la saison, il s'agit pour Liverpool d'affirmer ses ambitions de titre, et pour ManU de confirmer son retour en forme après un sombre mois de septembre. Au classement, les «Reds» de Klopp doivent l'emporter pour rester à hauteur des deux leaders, Manchester City et Arsenal, qui les précèdent de trois points. Dès jeudi, Liverpool et Manchester United ont demandé à leurs supporters, dans un communiqué commun, de se montrer «respectueux» les uns envers les autres. Depuis les années 1970, les rencontres entre «Reds» et «Red Devils» ont régulièrement été marquées par les violences entre supporters. La saison passée, les deux clubs ont reçu des amendes de l'UEFA pour des débordements lors de leur huitième de finale d'Europa League à Old Trafford. Une animosité bien alimentée il y a quelques années par la quasi-haine que se vouaient Rafael Benitez et Sir Alex Ferguson, alors entraîneurs de Liverpool et ManU. Aujourd'hui, Klopp et Mourinho, malgré leur caractère enflammé, jouent l'apaisement après un été pourtant croustillant. Dès le début de saison, ils s'étaient lancé des piques sur le transfert record de Paul Pogba par ManU (105 M EUR). «Certains clubs peuvent dépenser plus et attirer les meilleurs joueurs (...) Je ferais différemment même si je pouvais dépenser autant», avait lancé l'Allemand. «Quand j'entends certains managers critiquer, je me dis qu'ils n'ont jamais connu ce problème. Pour l'avoir, il faut être dans l'un des plus grands clubs du monde», avait rétorqué le Portugais. Le cas Rooney Malgré tout, les deux hommes, opposés dans leur vision du football, ont toujours fait part de leur respect l'un envers l'autre. «Je pense que c'est un bon type, si vous n'êtes pas un journaliste ou un arbitre. Je ne suis ni l'un ni l'autre, donc nous pouvons parler», a expliqué Klopp, très porté vers la possession et l'attaque. «Nous ne sommes pas des amis (...) mais c'est un mec que j'apprécie», a salué Mourinho, plus rigide et axé sur la défense. Plutôt que les polémiques, les deux hommes ont bien d'autres chats footballistiques à fouetter. Surtout Mourinho, qui doit répondre à une grande question : que faire de Rooney ? Le Portugais a relégué son capitaine sur le banc lors des trois dernières sorties. Mais en le laissant à nouveau de côté dans un match au sommet, «Mou» pourrait couper les pattes du leader de son vestiaire, déjà remplaçant avec l'Angleterre contre la Slovénie mardi (0-0). Du strict point de vue de la performance, la réponse semble évidente. Avec le pressing énergique imposé par les «Reds», la vitesse supersonique de Martial et Rashford pourrait s'avérer plus utile en contre-attaque qu'un lent Rooney. Pour marquer, ManU tentera probablement d'exploiter la fébrilité de Liverpool sur coups de pied arrêtés. Les gabarits des Ibrahimovic, Fellaini, Pogba ou Bailly serviront, pas le 1,78 m de Rooney. Reste la grande interrogation. Les «Reds» viennent d'enchaîner une quatrième victoire de suite, ont parcouru un total de 818 km depuis le début de la saison, passé 4 220 fois le ballon et tiré 135 fois au but. Ils sont leaders de Premier League dans ces trois catégories statistiques. Les «Red Devils» pourront-ils suivre le rythme ?