Une vie culturelle � Mila, cela n'existe pas et c'est carr�ment utopique d'en parler ou m�me de l'imaginer. Pas la moindre forme d'expression artistique ou culturelle, encore moins une quelconque production ou activit� intellectuelle � proposer, ne serait-ce qu'occasionnellement, � une population livr�e � une inculture g�n�ralis�e et � une oisivet� morale et intellectuelle sans pr�c�dent donc, forc�ment, � un vide d�bilisant dont l'impact se fait sentir. Et se trouve qu'il est largement r�percut� par le comportement et les r�flexes fortement condamnables de la plupart de nos concitoyens. Notre "cr�me intellectuelle" se contente, de nos jours, et ce, dans le meilleur des cas, de se donner la peine de feuilleter les pages d'un quotidien national, et encore ! Les seuls �v�nements "importants" capables de drainer encore les foules sont incontestablement le stade et le march� hebdomadaire (trabendo). Aussi on peut ais�ment imaginer l'ambiance qui y r�gne. Et pourtant ! cit� mill�naire et prestigieuse, Mila �tait un haut lieu d'histoire et de civilisations plurielles. Elle fut dans l'antiquit� l'un des berceaux de la pens�e augustinienne et au Moyen-Age, un p�le culturel et intellectuel important. De ces lointaines �poques florissantes au ph�nom�ne de l'exode rural massif qu'elle a connu tout au long de ces derni�res d�cennies, provenant particuli�rement des montagnes avoisinantes des r�gions d'El-Milia et de Ferdjioua, Mila n'a h�rit�, au fait, que de quelques vestiges sauv�s in-extremis par quelques nostalgiques de ces �res r�volues � jamais, mais point de civilisation ni de culture. Parmi ces nostalgiques, on y trouve fort heureusement des ma�tres et beaucoup d'amoureux de la musique andalouse (malouf), qui continuent � lutter contre vents et marais, pour transmettre et p�renniser leur art et leur savoir-faire. Mila, pour ceux qui ne le savent pas, est un terroir et un fief de la musique malouf, tout comme Constantine ou Annaba. Elle a eu ses ma�tres de la troupe Ferkat El-Ikhouane du medh (durant les ann�es 1920), on y trouve, entre autres, El-Hadj El-Bachir Bentiar, cheikh Lakhdar Bendahmane, Cherif et Abderrahmane Boussouf, cheikh Si Cherif Benouri. Plus r�cemment, il y a eu le regrett� Tawfik Dridi, Mounir et Taoufik Bentiar, Abdelhamid Ladra� et la nouvelle vague compos�e de grands talents � l'image de Yahia Dridi (Sma�ne), Fawzi Rahmouni, Adnane Idri, Yacine Chaouche, Mustapha Boubekri ou Noureddine Benfetima. Conscients de la lourde responsabilit� qui leur incombe dans ce domaine, ces artistes ont pris la sage et vitale d�cision de ne plus attendre personne pour relancer leurs activit�s artistiques et musicales, en cr�ant une association d�nomm�e Noor. Pour une prise en charge efficiente et efficace de la musique malouf � Mila, l'objectif, selon le promoteur de cette louable initiative, en l'occurrence Mounir Bentiar, est d'arriver � cr�er une �cole � Mila. Condition sine qua non pour assurer une transmission, selon les r�gles requises, de ce flambeau. La culture est-elle en passe d'�tre ressuscit�e � Mila ? C'est tout le mal qu'on peut lui souhaiter !