La pénurie du lait en sachet ressurgit dans la capitale. Depuis une dizaine de jours, les Algérois peinent à trouver ce produit. Au moment où les distributeurs pointent du doigt les unités de production, l'ONIL s'en lave les mains et assure que celles-ci bénéficient régulièrement de leur quota de poudre de lait. Rym Nasri - Alger (Le Soir) - Trouver le lait en sachet ces derniers jours relève de l'exploit. Les Algérois galèrent à la recherche de ce produit subventionné par l'Etat. Une pénurie qui n'a pratiquement épargné aucun quartier de la capitale, au grand dam des consommateurs du lait notamment les enfants. Le lait en brique dont le prix ne descend pas à moins de 80 dinars demeure inaccessible pour nombre d'entre eux surtout pour les familles nombreuses. «Nous n'avons pas eu de lait en sachet à la maison depuis dix jours», affirme Redouane, un jeune père de famille résidant à Sebala. Obligé de sortir très tôt le matin pour rejoindre son travail, il confie la mission d'acheter le lait à son épouse. Seulement poursuit-il, «ma femme qui accompagne les enfants à l'école, trouve toujours les bacs vides». Face à cette situation qui perdure depuis une dizaine de jours, Redouane a également mobilisé ses parents qui habitent à Bab-El-Oued, pour la même mission, celle de dénicher le précieux aliment. Ici encore, la même rareté sévit, fait-il constater. A Béni-Messous, la trace du lait en sachet se fait rare. «Les épiciers se font livrer à l'aube, il faut donc se lever très tôt pour trouver le lait. D'ailleurs, les gens qui rentrent de la prière de l'aube achètent tout», dira Malek. Une situation qui a laissé libre champ à la spéculation et à d'autres manœuvres commerciales telle que la vente concomitante. «Pour pallier cette pénurie, un épicier du quartier a choisi de s'approvisionner en lait en sachet d'une laiterie privée qu'il vend à 50 dinars le sachet, arguant qu'il s'agit de lait de vache. Mais dès qu'il reçoit son quota de lait conventionné, il impose aux clients contre tout achat de quatre sachets de lait, un sachet de lait de 50 dinars», témoigne encore Malek. De leur côté, les épiciers affirment que leur quota a été largement réduit. «Mon quota a été réduit de plus de la moitié. Avant, on me livrait 400 caisses de dix sachets de lait mais depuis une semaine, je ne reçois que 160 caisses», dira le gérant d'une épicerie au quartier dit les groupes à Sidi M'hamed. «Selon les distributeurs, cette diminution provient de l'usine. Ils disent qu'on leur a réduit le quota de la poudre de lait», explique-t-il. Des accusations que l'Office national interprofessionnel du lait (Onil) réfute catégoriquement. Selon son directeur général, Fethi Messar, les laiteries publiques et privées bénéficient régulièrement de leurs quotas de poudre du lait. D'ailleurs, souligne-t-il, «nous avons des réserves de poudre de lait jusqu'à juin 2017». Pour le DG de l'Onil, cette perturbation ne peut être que le résultat d'une mauvaise distribution du lait en sachet. Toutefois, il n'a pas hésité à pointer du doigt «certaines laiteries privées» qui, selon lui, provoquent une pénurie pour «faire pression afin d'augmenter le quota de la poudre de lait d'autant que cette celle-ci est souvent détournée pour la fabrication d'autres produits».